La plage fait des vagues.
Bonjour à toutes et à tous.
A Saint-Quentin, la plage de l'Hôtel de Ville n'en finit pas de faire des vagues, même en l'absence d'océan. Le Courrier Picard a abordé les incivilités sur la plage (voir mon billet "Les palmiers brûlent"), L'Union s'est intéressée à la baisse de fréquentation (voir mon billet "Panem et circenses"), c'est au tour de L'Aisne Nouvelle, parue jeudi, d'évoquer cette fois la rémunération des animateurs, avec ce titre-choc qui barre la une du journal: "Saint-Quentin: les plagistes sont payés une misère". C'est Xavier Bertrand qui va être content! Dans la ville du ministre du Travail, ça la fiche mal... L'Aisne Nouvelle récidive, puisqu'elle avait déjà durement visé le ministre à l'occasion des obsèques du pompier soissonnais, où il était absent (voir mon billet "L'Aisne Nouvelle ou Cruelle?"). Cette nouvelle affaire, soulevée par Aurélien Accart, peut se décomposer en trois temps, trois questions:
1- Les chiffres: vrais ou faux?
Commençons par les faits. La municipalité emploie 45 plagistes l'été, affectés à des tâches d'accueil, de surveillance et d'animation. Ils ont un statut de vacataires, régi par le code de la fonction publique territoriale (et non le code du travail). Leur rémunération s'élève à 4,50 euros de l'heure, en brut, c'est-à-dire 4 euros net. Le Smic horaire brut est à 8,71 euros. Ces vacations ont des horaires variables, avec moins d'heures travaillées le dimanche, rémunéré cependant comme une journée pleine. Voilà les chiffres principaux. Sont-ils vrais, sont-ils faux? A ma connaissance, ces données sont rigoureusement exactes, et personne ne semble les contester.
2- La situation: légale ou illégale?
Là, il y a manifestement des points de vue différents. Pour Antoine Canivez, directeur des Sports, de la jeunesse et de l'animation de la ville de Saint-Quentin, "la vacation est un système légal". Et il précise: "Les animateurs de nos plages sont rémunérés autant que ceux des centres de loisirs."
Mais Philippe Suchodolsky, directeur adjoint du Travail dans l'Aisne, n'est pas sur la même longueur d'onde: "Etre payé moins que le Smic, en principe, ce n'est pas légal (...) et ça me paraît étonnant car généralement, les agents vacataires des municipalités sont rémunérés au Smic."
Troisième point de vue sur la question, celui du Centre de gestion des rémunérations du personnel communal: "Quand nous recrutons des vacataires, c'est pour des emplois bien spécifiques, comme des médecins, car il y a pénurie. Mais quand on fait des contrats pour des besoins saisonniers, les rémunérations sont basées au niveau du Smic."
Que faut-il penser de ces avis divergents? Je ne suis pas un spécialiste du droit du travail ni des règles des collectivités locales, mais je peux réfléchir: La municipalité de Saint-Quentin triche-t-elle? Se place-t-elle dans l'illégalité, le non-droit? Je ne pense pas, je n'ai aucune raison de mettre en doute son honnêteté, je crois en sa prudence et à son intelligence. Sinon, les syndicats auraient depuis longtemps mis leur nez là-dedans, et les prud'hommes auraient été sollicités.
3- Le jugement: bien ou mal?
C'est la dernière et la vraie question qui mérite d'être posée: payer un animateur 4,50 euros l'heure alors que le Smic est à 8, 71 euros, l'information est vraie, le fait est légal, mais le choix est-il cependant juste? La réponse n'est pas simple, car elle relève d'un choix politique (la première question est purement factuelle, la deuxième est juridique, cette troisième est politique). Par conviction, je pense que tout salarié doit au moins être payé sur la base du Smic. Cette notion de minimum, qui n'existe pas dans tous les pays, j'y tiens. Il doit y avoir un plancher à partir duquel n'importe quel travail doit être rémunéré. Ce principe est un grand progrès social, un puissant frein à l'exploitation du travail et des hommes. On n'a pas le droit de payer n'importe comment ses salariés. Il faut cette règle du minimum décent.
Pour autant, je n'accable pas l'équipe municipale, car la question des principes ne vaut rien sans la question des moyens (j'en sais un peu quelque chose de par mes responsabilités associatives). Un travail durable correctement payé, c'est ce qu'il faudrait, c'est ce qui n'est pas toujours possible quand les finances ne le permettent pas, qu'on est parfois obligé de licencier ou de rémunérer son personnel moins haut qu'on ne le souhaiterait. C'est l'éternelle contradiction entre l'idéal et la réalité, à laquelle nous sommes tous confrontés, responsables de droite ou de gauche.
La seule question sérieuse qui vaille, et que j'aimerais poser à l'employeur, Pierre André, c'est la suivante: la municipalité de Saint-Quentin a-t-elle la volonté et les moyens de mieux payer ses animateurs? Je crois fermement que la politique est une question de choix. Les moyens sont là, il faut les affecter dans telle ou telle direction, parce que tout ne peut pas être fait. L'Aisne Nouvelle nous apprend qu'à Tergnier, à la base nautique de la Frette, et à la plage de Monampteuil, les animateurs vacataires sont payés au Smic horaire. Pourquoi pas sur la plage de Saint-Quentin?
Bonne matinée.
A Saint-Quentin, la plage de l'Hôtel de Ville n'en finit pas de faire des vagues, même en l'absence d'océan. Le Courrier Picard a abordé les incivilités sur la plage (voir mon billet "Les palmiers brûlent"), L'Union s'est intéressée à la baisse de fréquentation (voir mon billet "Panem et circenses"), c'est au tour de L'Aisne Nouvelle, parue jeudi, d'évoquer cette fois la rémunération des animateurs, avec ce titre-choc qui barre la une du journal: "Saint-Quentin: les plagistes sont payés une misère". C'est Xavier Bertrand qui va être content! Dans la ville du ministre du Travail, ça la fiche mal... L'Aisne Nouvelle récidive, puisqu'elle avait déjà durement visé le ministre à l'occasion des obsèques du pompier soissonnais, où il était absent (voir mon billet "L'Aisne Nouvelle ou Cruelle?"). Cette nouvelle affaire, soulevée par Aurélien Accart, peut se décomposer en trois temps, trois questions:
1- Les chiffres: vrais ou faux?
Commençons par les faits. La municipalité emploie 45 plagistes l'été, affectés à des tâches d'accueil, de surveillance et d'animation. Ils ont un statut de vacataires, régi par le code de la fonction publique territoriale (et non le code du travail). Leur rémunération s'élève à 4,50 euros de l'heure, en brut, c'est-à-dire 4 euros net. Le Smic horaire brut est à 8,71 euros. Ces vacations ont des horaires variables, avec moins d'heures travaillées le dimanche, rémunéré cependant comme une journée pleine. Voilà les chiffres principaux. Sont-ils vrais, sont-ils faux? A ma connaissance, ces données sont rigoureusement exactes, et personne ne semble les contester.
2- La situation: légale ou illégale?
Là, il y a manifestement des points de vue différents. Pour Antoine Canivez, directeur des Sports, de la jeunesse et de l'animation de la ville de Saint-Quentin, "la vacation est un système légal". Et il précise: "Les animateurs de nos plages sont rémunérés autant que ceux des centres de loisirs."
Mais Philippe Suchodolsky, directeur adjoint du Travail dans l'Aisne, n'est pas sur la même longueur d'onde: "Etre payé moins que le Smic, en principe, ce n'est pas légal (...) et ça me paraît étonnant car généralement, les agents vacataires des municipalités sont rémunérés au Smic."
Troisième point de vue sur la question, celui du Centre de gestion des rémunérations du personnel communal: "Quand nous recrutons des vacataires, c'est pour des emplois bien spécifiques, comme des médecins, car il y a pénurie. Mais quand on fait des contrats pour des besoins saisonniers, les rémunérations sont basées au niveau du Smic."
Que faut-il penser de ces avis divergents? Je ne suis pas un spécialiste du droit du travail ni des règles des collectivités locales, mais je peux réfléchir: La municipalité de Saint-Quentin triche-t-elle? Se place-t-elle dans l'illégalité, le non-droit? Je ne pense pas, je n'ai aucune raison de mettre en doute son honnêteté, je crois en sa prudence et à son intelligence. Sinon, les syndicats auraient depuis longtemps mis leur nez là-dedans, et les prud'hommes auraient été sollicités.
3- Le jugement: bien ou mal?
C'est la dernière et la vraie question qui mérite d'être posée: payer un animateur 4,50 euros l'heure alors que le Smic est à 8, 71 euros, l'information est vraie, le fait est légal, mais le choix est-il cependant juste? La réponse n'est pas simple, car elle relève d'un choix politique (la première question est purement factuelle, la deuxième est juridique, cette troisième est politique). Par conviction, je pense que tout salarié doit au moins être payé sur la base du Smic. Cette notion de minimum, qui n'existe pas dans tous les pays, j'y tiens. Il doit y avoir un plancher à partir duquel n'importe quel travail doit être rémunéré. Ce principe est un grand progrès social, un puissant frein à l'exploitation du travail et des hommes. On n'a pas le droit de payer n'importe comment ses salariés. Il faut cette règle du minimum décent.
Pour autant, je n'accable pas l'équipe municipale, car la question des principes ne vaut rien sans la question des moyens (j'en sais un peu quelque chose de par mes responsabilités associatives). Un travail durable correctement payé, c'est ce qu'il faudrait, c'est ce qui n'est pas toujours possible quand les finances ne le permettent pas, qu'on est parfois obligé de licencier ou de rémunérer son personnel moins haut qu'on ne le souhaiterait. C'est l'éternelle contradiction entre l'idéal et la réalité, à laquelle nous sommes tous confrontés, responsables de droite ou de gauche.
La seule question sérieuse qui vaille, et que j'aimerais poser à l'employeur, Pierre André, c'est la suivante: la municipalité de Saint-Quentin a-t-elle la volonté et les moyens de mieux payer ses animateurs? Je crois fermement que la politique est une question de choix. Les moyens sont là, il faut les affecter dans telle ou telle direction, parce que tout ne peut pas être fait. L'Aisne Nouvelle nous apprend qu'à Tergnier, à la base nautique de la Frette, et à la plage de Monampteuil, les animateurs vacataires sont payés au Smic horaire. Pourquoi pas sur la plage de Saint-Quentin?
Bonne matinée.
12 Comments:
La regle du minimum décent aurait été de savoir précisement quel était le contrat signé et quel était la rémunération.
Obligations imposées par la décence et l'intelligence.
Mais bon quand le chat n'est pas là, les souris dansent
Vous préférez propager des rumeurs basées sur votre ignorance, votre peur et vos fantasmes.
Votre journaliste ou vous meme avez vous pris la peine de contacter le cabinet du maire
bien sur que non
A votre connaissance ces données sont exactes, sachant que vous ne connaissez rien à rien,
c'est dire à quel point elles doivent etre pertinentes.
Plutot que de dénoncer l'inconséquence de la société
une information fausse un jour
un démenti le lendemain
ça fait 2 infos à publier
Vous encouragez cette démarche,
pauvre de vous,
mais quand cesserez vous donc de sombrer.
By grandourscharmant, at 12:41 PM
Pas content, le GOC. Les vagues de la plage ont atteint manifestement ses grosses papattes. Il ne conteste pourtant rien sur le fond de mon billet. Son Xav' est touché, l'ours a mal...
By Emmanuel Mousset, at 1:37 PM
je suis inquiet
vous ne savez pas lire
ou vous ne comprenez pas ?
quel est le fond du papier pour vous ?
que ce soit un papier qui touche le fond sans aucun doute.
La question, c'est le fond de quoi.
On est plus dans l'abyme qu'autre chose.
By grandourscharmant, at 3:40 PM
Si Antoine Canivès s'exprime dans l'article, c'est que le cabinet du maire a forcément été contacté...
By Anonyme, at 3:47 PM
A l'anonyme:
Votre remarque est judicieuse. Aurélien Accart a fait son travail de journaliste, il a en effet contacté le cabinet du maire, et même interrogé Xavier Bertrand (j'en parlerai dans un prochain billet). Toutes mes informations viennent donc de sources officielles.
Je ne me suis pas rabaissé à le signaler à l'ours, que je laisse patauger dans sa fosse. Avez-vous remarqué? Lui qui a la manie des chiffres, le voilà muet sur ce coup-là! Je jubile, lui et les siens sont dans la nasse.
By Emmanuel Mousset, at 5:53 PM
Je vous laisse à votre surprise et à votre déception.
Et oui, je ne sais pas tout.
Ce sont les poissons qu'on attrape avec des nasses, les ours moins.
Mais ça, vous ne pouviez pas le savoir.
Partant du principe que vos informations sont vérifiés, ce dont je n'ai toujours pas à ce jour la preuve.
Est ce une nouveauté ?
Est ce que cela se passe depuis la création de la plage ?
Si tenté que ce soit vrai et ancien, pourquoi cela n'a-t-il pas été dénoncé avant ?
Car ces rémunérations ont forcément été voté par l'assemblée délibérante.
Heureusement qu'il y a la presse pour vous informer de ce qui peut se passer en ville.
Vous pouvez nous l'avouer, le conseil municipal est un endroit agréable où dormir pour que vous découvriez tout cela dans le journal alors que cela a été voté devant vous.
Si tout cela est vrai, ce serait terriblement inquiétant pour la démocratie locale
terrible pour la majorité si tenté qu'elle ne respecte pas la loi
incriminante pour l'opposition passé que vous trouviez si méritante.
Car bien plus qu'à un scoop, tout cela ressemble plutot à de la désinformation et à un manque de rigueur.
J'ose espérer que le conseil régional fera un geste, et renoncera à sa cave à cigares pour aider ces pauvres employés qui seraient sous payés.
By grandourscharmant, at 7:19 PM
Ours ou poissons, peu m'importe, ce qui compte, c'est que vous soyez pris au piège.
L'affaire des rémunérations n'est pas nouvelle. Elle a déjà été abordée. Et rien n'a changé. Il faut donc recommencer.
Tiens, vous reparlez des cigares. Il y avait longtemps...
By Emmanuel Mousset, at 10:53 PM
Je ne suis piégé en rien moi, contrairement à vous, je n'ai pas vos responsabilités associatives.
By grandourscharmant, at 11:25 AM
Non seulement vous n'avez pas de responsabilités associatives, mais vous n'avez aucune responsabilité d'aucune sorte, ce qui vous permet sans risque de dire n'importe quoi.
Vous n'êtes même pas responsable de vous-même puisque vous vous cachez derrière un pseudonyme ridicule, alors que moi au moins je m'affiche sous mon nom, en faisant état de ma sensibilité politique.
By Emmanuel Mousset, at 11:43 AM
Quelle est votre sensibilité politique,
c'est facile de dire je suis si
je suis ça,
maintenant au vu de votre façon de vous comporter est ce que vous l'etes vraiment...
Apres, j'imagine que si vous n'avez pas parlé de votre futur café philo à wassigny, c'est parce que vous connaissez ma modestie.
Vous etes en progres, vous suivez mes conseils, je vous avais bien dit d'aller découvrer la campagne.
Mais vous allez me dire que meme pour cela, je ne suis responsable de rien.
By grandourscharmant, at 1:44 PM
Ce blog est politique, pas associatif. Je n'évoque mes cafés-philo ou autres activités que lorsqu'elles m'inspirent des réflexions politiques.
Quant à la campagne, il y a des années que je m'y rends. Vos conseils n'y sont donc pour rien. Mais vous pouvez continuer à m'en donner, ça ne mange pas de pain, comme on dit. Il faut bien que vous fassiez quelque chose.
By Emmanuel Mousset, at 2:18 PM
Généralement les animateurs sont payés en vacations, mais ne sont pas des vacataires car ils ne correspondent pas à la définition très restrictive du vacataire.
On consultera (Web)avec intéret:
Le site Le la DGRF avec son commentaire très clair sur l'attitude de la FPT.
La réponse du Ministre de la Fonction publique, Réforme de l'Etat et Aménagement du territoire à la Question N°: 26505/12ème législature de Mme Sylvie Andrieux
Quest au JO du 20/10/2003 p7954
Rép au JO le : 23/03/2004 p2323
Ces faux vacataires sont en fait des non titulaires qui doivent bénéficier du "petit" statut prévu pour eux et notamment être payé au SMIC! ... et cotiser pour la retraite...
Le SMIC me semble un minimum pour des proffessionels auquel on demande des "projets pédagogiques ... des coordinations ... des préparations ...souvent non rémunérées!
Je ne serais pas étonné que la Mairie de St Quentin et d'autres payent leurs animateurs encore plus bas (les "lois" sont toujours interprétées dans le sens le plus restrictif)
Les animateurs sont alors assimilés aux "moniteurs de colonies de vavances" dont les rémunérations ont été fixées par un décrêt inique, parru discrètement (dont malheureusement je n'ai pas les références)
Ces rémunérations sousentend que le "mono" est hébergé et nourri sur la "colo"
En fait, le statut de "mono" n'existe pas mais il y a eu des pression pour que soit sortit un barème donnant un aspect légal à une situation grandement illégale.
Tout celà renvoie aussi à la professionalisation des animateurs et la détention des titres et des concours de la FPT.
On ne demande au "mono" que le BAFA et à l'animateur le BPJEPS (par exemple)dans certains cas les "animateurs" n'ont rien!
Quelles responsabilités, quel encadrement?
M.C.
Directeur Territorial en retraite
Père d'un animateur de 21 ans réputé être vacataire.
payé au lance-pierre et sans grand espoir de carrière...
By coquelet, at 12:39 PM
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