Il faut soutenir la Géorgie.
Une guerre l'été est toujours dérangeante. On est sur la plage, en montagne ou à la campagne, on regarde les JO à la télé, et des images de soldats, de chars, d'avions viennent perturber la quiétude estivale. Le monde, la violence, la mort se rappellent à nous. Comme l'été 2006, avec l'intervention israélienne au Liban. Ce mois d'août, c'est en Géorgie, que la plupart des Français seraient bien incapables de situer exactement sur une carte, de même que la plupart des Américains sont bien incapables de situer précisément la France sur une carte. C'est loin, la Géorgie, et petit, tellement loin et petit que beaucoup ne se sentent pas concernés. Et puis, c'est compliqué, avec plein de mots qu'on ne comprend pas, dont on a jamais entendu parler: Ossétie du Sud, Abkhazie, Saakachvili,...
Tellement compliqué, tout ça, qu'on ne cherche pas trop à comprendre, qu'on laisse faire, qu'on se dit, en toute bonne conscience et en parfaite lâcheté, qu'il doit y avoir du tort des deux côtés, Russie et Géorgie. Parce que ce qu'on peut tout de même saisir, c'est que le conflit militaire a lieu entre ces deux pays. Que faut-il en penser? D'abord, quand on fait de la politique, il faut en penser quelque chose, c'est-à-dire s'engager. Comment? A partir des convictions qui sont les nôtres. Lesquelles? En ce qui me concerne, j'ai deux principes simples en matière de politique internationale: respect de l'indépendance nationale, défense de la démocratie.
Que s'est-il passé en Géorgie? Ce pays souverain a été attaqué par la Russie, au prétexte que la Géorgie occuperait l'Ossétie du Sud, région qui comme l'Abkhazie auraient des velléités à se séparer de la Géorgie. Peut-être, mais pour le moment, ce sont des régions autonomes de la Géorgie, et nullement des Etats indépendants. Que la Russie veuille récupérer ces territoires, c'est probable. Mais laissons de côté les supputations, restons-en à la réalité: la Russie, pour la première fois depuis l'invasion de l'Afghanistan, s'en prend directement, militairement à un pays souverain.
Mais, me direz-vous, la Géorgie est-elle une démocratie très recommandable? Et la Russie, vous répondrais-je, est-elle une démocratie très recommandable? Ce que je sais, c'est que le président géorgien a été élu avec un score qui n'a rien de stalinien. Et surtout, là n'est pas le problème: le Koweit n'est pas une démocratie (là, pas de doute), pourtant il fallait se battre pour la souveraineté de ce pays, quand elle a été violée par l'Irak de Saddam Hussein.
Mais, me direz-vous encore, qu'est-ce que nous, Français, avons à voir dans cette lointaine affaire? Parce que cette affaire est toute proche! Parce que la Géorgie, c'est l'Extrême Europe (comme on parle d'un Extrême Orient). La Géorgie, en tant qu'européens, c'est notre affaire. Nous devons soutenir la Géorgie, au nom des valeurs européennes que sont l'indépendance des nations et le respect de la démocratie.
Dans la confusion actuelle, deux voix se sont ce matin élevées, dans Libération, pour apporter leur clarté d'intellectuels, André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy, qui considérent fort justement que ce conflit est le "tournant le plus décisif de l'histoire européenne depuis la chute du mur de Berlin". Ils demandent à l'Europe de soutenir la Géorgie, de rompre avec "l'autocratie poutinienne", d'encourager "le rapprochement de la Géorgie et de l'Ukraine avec l'Otan". La détermination des deux philosophes n'en est pas moins modérée par une forme de pessimisme sur lequel se termine leur tribune:
"Le test géorgien vaut preuve d'existence ou de non existence: l'Europe telle qu'elle s'est construite contre le rideau de fer, contre les fascismes d'antan et d'aujourd'hui, contre ses propres guerres coloniales, l'Europe qui a fêté la chute du Mur et salué les révolutions de velours, se retrouve au bord du coma."
Espérons et faisons en sorte que l'Europe ne sombre pas dans ce coma politique et soutienne de toutes ses forces la Géorgie.
Bonne fin d'après-midi.
Tellement compliqué, tout ça, qu'on ne cherche pas trop à comprendre, qu'on laisse faire, qu'on se dit, en toute bonne conscience et en parfaite lâcheté, qu'il doit y avoir du tort des deux côtés, Russie et Géorgie. Parce que ce qu'on peut tout de même saisir, c'est que le conflit militaire a lieu entre ces deux pays. Que faut-il en penser? D'abord, quand on fait de la politique, il faut en penser quelque chose, c'est-à-dire s'engager. Comment? A partir des convictions qui sont les nôtres. Lesquelles? En ce qui me concerne, j'ai deux principes simples en matière de politique internationale: respect de l'indépendance nationale, défense de la démocratie.
Que s'est-il passé en Géorgie? Ce pays souverain a été attaqué par la Russie, au prétexte que la Géorgie occuperait l'Ossétie du Sud, région qui comme l'Abkhazie auraient des velléités à se séparer de la Géorgie. Peut-être, mais pour le moment, ce sont des régions autonomes de la Géorgie, et nullement des Etats indépendants. Que la Russie veuille récupérer ces territoires, c'est probable. Mais laissons de côté les supputations, restons-en à la réalité: la Russie, pour la première fois depuis l'invasion de l'Afghanistan, s'en prend directement, militairement à un pays souverain.
Mais, me direz-vous, la Géorgie est-elle une démocratie très recommandable? Et la Russie, vous répondrais-je, est-elle une démocratie très recommandable? Ce que je sais, c'est que le président géorgien a été élu avec un score qui n'a rien de stalinien. Et surtout, là n'est pas le problème: le Koweit n'est pas une démocratie (là, pas de doute), pourtant il fallait se battre pour la souveraineté de ce pays, quand elle a été violée par l'Irak de Saddam Hussein.
Mais, me direz-vous encore, qu'est-ce que nous, Français, avons à voir dans cette lointaine affaire? Parce que cette affaire est toute proche! Parce que la Géorgie, c'est l'Extrême Europe (comme on parle d'un Extrême Orient). La Géorgie, en tant qu'européens, c'est notre affaire. Nous devons soutenir la Géorgie, au nom des valeurs européennes que sont l'indépendance des nations et le respect de la démocratie.
Dans la confusion actuelle, deux voix se sont ce matin élevées, dans Libération, pour apporter leur clarté d'intellectuels, André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy, qui considérent fort justement que ce conflit est le "tournant le plus décisif de l'histoire européenne depuis la chute du mur de Berlin". Ils demandent à l'Europe de soutenir la Géorgie, de rompre avec "l'autocratie poutinienne", d'encourager "le rapprochement de la Géorgie et de l'Ukraine avec l'Otan". La détermination des deux philosophes n'en est pas moins modérée par une forme de pessimisme sur lequel se termine leur tribune:
"Le test géorgien vaut preuve d'existence ou de non existence: l'Europe telle qu'elle s'est construite contre le rideau de fer, contre les fascismes d'antan et d'aujourd'hui, contre ses propres guerres coloniales, l'Europe qui a fêté la chute du Mur et salué les révolutions de velours, se retrouve au bord du coma."
Espérons et faisons en sorte que l'Europe ne sombre pas dans ce coma politique et soutienne de toutes ses forces la Géorgie.
Bonne fin d'après-midi.
5 Comments:
Donc un état souverain est libre d'envoyer l'armée pour réprimer des volontés indépendantistes.
Si une province se déclare autonome, l'état souverain est autorisé à employer la force.
N'est ce pas ce que les Yougoslaves avaient fait et n'est ce pas pour cette raison que l'Otan leur a fait la guerre.
Et tout cela, n'a t il pas abouti à l'indépendance des républiques de la fédération de yougoslavie mais aussi à l'indépendance de la province serbe du kosovo qui a déclaré son autonomie puis son indépendance ?
Pourquoi 2 poids 2 mesures ?
Parce qu'il vaut mieux etre pro-otan que pro-ours russe
By grandourscharmant, at 8:20 PM
1- Il est évident qu'il vaut mieux être pro-OTAN (organisation dont la France et l'Europe font partie) que pro-russe. 2 poids 2 mesures, bien sûr que oui, parce que les situations ne sont pas comparables.
2- En effet,comparaison n'est pas toujours raison:
- En ex-Yougoslavie, des pratiques génocidaires étaient à l'oeuvre. Pas en Géorgie.
- L'Ossétie du Sud et l'Abkhasie sont de fait autonomes. Ce n'est donc pas de ça dont il est question, ni de leur indépendance, puisqu'au contraire c'est la menace russe qui pèse sur ces régions.
By Emmanuel Mousset, at 8:53 PM
Oui, il faut soutenir le peuple géorgien et lui souhaiter de se délivrer au plus vite de cet aventurier imbécile qu'ils ont élu. Mais bon, même notre "cher et vieux pays" n'est pas touours bien inspiré dans le choix de ses dirigeants...
By Unknown, at 10:58 PM
C'est tout le problème de la démocratie.
By Emmanuel Mousset, at 10:00 AM
A part ça, même les machines propagandistes les mieux huilées (Fox News)ont des ratés :
http://fr.youtube.com/watch?v=nDMVUKPDZw4
Interessant de voir comment cette dame ossète avec beaucoup de dignité accuse Saakashvili et sa clique de conseillers OTANiens, et pas le peuple géorgien, qui n'y est pour rien.
By Unknown, at 1:57 PM
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