La souris qui rugit.
Bonsoir à toutes et à tous.
La crise géorgienne se poursuit et ne s'améliore pas. Le feu s'est arrêté, certes, mais les Russes ne se sont pas retirés, malgré leur promesse à Nicolas Sarkozy, le dindon de la farce. Pire, ils ont, d'après le Pentagone aujourd'hui, installé des missiles en Ossétie, direction Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Quand je faisais ce week-end un rapprochement avec la crise cubaine, je ne croyais pas si bien dire. Nous y sommes, même si le contexte est totalement différent. La logique est identique: les Etats-Unis avancent un pion, la Russie en pousse un autre. Samedi, l'Ukraine rompait l'accord qui la liait aux Russes pour l'usage de ses radars anti-missiles, qu'elle met désormais au service de la Pologne, et implicitement de l'Amérique. Et cela quelques jours après que la Pologne ait rejoint le bouclier anti-missiles américain!
Les événements se précipitent donc et la situation empire. Nicolas Sarkozy a livré ce matin une curieuse tribune libre au Figaro, dans laquelle il manifeste une salutaire mais tardive fermeté, se durcissant probablement parce que la crise se durcit. Ce n'est pas ainsi qu'on conduit une politique étrangère, comme le chien crevé au fil de l'eau. Il faut partir de principes intangibles qui font défaut au chef de l'Etat, il faut élaborer une stratégie et se donner des finalités. Celles de l'Europe sont soit illisibles, soit préoccupantes.
Que dit Sarkozy dans son article? Qu'il n'est pas impossible que nous soyons entrés dans une "nouvelle guerre froide", que le retrait des Russes est non négociable, sans délai, et total, qu'un Conseil européen extraordinaire se tiendra si la Russie n'obtempère pas. J'applaudis, mais j'aurais souhaité pouvoir applaudir il y a une semaine. A ce moment-là, ce sont les Russes qui se réjouissaient, trop heureux de voir l'Europe, par la voix de Nicolas Sarkozy, renvoyer en quelque sorte dos à dos Russie et Géorgie (c'est toujours ce qu'on fait quand on ne veut pas trop se mouiller) et signer un texte qui restait silencieux sur le respect qu'on doit au territoire et à la souveraineté de la Géorgie.
Qui a différé l'entrée de la Géorgie dans l'OTAN? Sarkozy et Merkel. Les Russes en ont à coup sûr profité, dans un jeu du chat et de la souris, pour voir jusqu'où les uns et les autres étaient prêts à aller, comme au bon vieux temps de la guerre froide. Si la Géorgie avait fait aujourd'hui partie de l'Alliance atlantique, jamais la Russie n'aurait osé s'en prendre à elle. La souris Sarkozy a beau rugir dans les pages du Figaro, c'est trop tard.
Le problème de fond que la crise géorgienne a fait ressortir et qui n'est pas simple à solutionner, c'est celui de l'OTAN, de sa transformation, de son devenir. Elle ne peut plus être ce qu'elle a longtemps été, un regroupement politico-militaire de nations autour de la superpuissance américaine afin de se protéger de la superpuissance russe, puisqu'il n'y a plus aujourd'hui de superpuissance russe. A gauche, le débat est difficile: évoquer l'OTAN, chez les esprits simplistes (qui ne sont hélas pas le privilège de la droite), c'est se voir accusé d'atlantisme, de pro-américanisme, quasiment d'impérialisme. Il va bien falloir que le Parti socialiste, parti responsable, parti de gouvernement, se pose sérieusement les questions qui s'imposent à propos de l'OTAN (dont je rappelle que la France est membre, de Gaulle nous ayant seulement fait quitter, en 1966, son commandement militaire).
Dernier élément d'importance dans la réflexion qu'a suscitée la guerre en Géorgie: la Russie n'est pas le pays qu'on croit et qu'il était il y a 10 ans, un régime post-communiste pas sûr de lui, des dirigeants en mal de popularité, une économie délabrée. C'est désormais tout le contraire: certes la Russie n'est plus une superpuissance mais elle a retrouvé son rang de grande puissance, avec une croissance économique de 6 à 9% par an, un capitalisme sans complexe et florissant, une société qui se modernise à grands pas, Poutine extraordinairement aimé par son peuple. Il faut avoir cela à l'esprit dans les événements présents, si l'on veut allier le respect à la fermeté. Et si l'on veut que l'Europe, cette pauvre Europe, enfin existe.
Bonne soirée.
La crise géorgienne se poursuit et ne s'améliore pas. Le feu s'est arrêté, certes, mais les Russes ne se sont pas retirés, malgré leur promesse à Nicolas Sarkozy, le dindon de la farce. Pire, ils ont, d'après le Pentagone aujourd'hui, installé des missiles en Ossétie, direction Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Quand je faisais ce week-end un rapprochement avec la crise cubaine, je ne croyais pas si bien dire. Nous y sommes, même si le contexte est totalement différent. La logique est identique: les Etats-Unis avancent un pion, la Russie en pousse un autre. Samedi, l'Ukraine rompait l'accord qui la liait aux Russes pour l'usage de ses radars anti-missiles, qu'elle met désormais au service de la Pologne, et implicitement de l'Amérique. Et cela quelques jours après que la Pologne ait rejoint le bouclier anti-missiles américain!
Les événements se précipitent donc et la situation empire. Nicolas Sarkozy a livré ce matin une curieuse tribune libre au Figaro, dans laquelle il manifeste une salutaire mais tardive fermeté, se durcissant probablement parce que la crise se durcit. Ce n'est pas ainsi qu'on conduit une politique étrangère, comme le chien crevé au fil de l'eau. Il faut partir de principes intangibles qui font défaut au chef de l'Etat, il faut élaborer une stratégie et se donner des finalités. Celles de l'Europe sont soit illisibles, soit préoccupantes.
Que dit Sarkozy dans son article? Qu'il n'est pas impossible que nous soyons entrés dans une "nouvelle guerre froide", que le retrait des Russes est non négociable, sans délai, et total, qu'un Conseil européen extraordinaire se tiendra si la Russie n'obtempère pas. J'applaudis, mais j'aurais souhaité pouvoir applaudir il y a une semaine. A ce moment-là, ce sont les Russes qui se réjouissaient, trop heureux de voir l'Europe, par la voix de Nicolas Sarkozy, renvoyer en quelque sorte dos à dos Russie et Géorgie (c'est toujours ce qu'on fait quand on ne veut pas trop se mouiller) et signer un texte qui restait silencieux sur le respect qu'on doit au territoire et à la souveraineté de la Géorgie.
Qui a différé l'entrée de la Géorgie dans l'OTAN? Sarkozy et Merkel. Les Russes en ont à coup sûr profité, dans un jeu du chat et de la souris, pour voir jusqu'où les uns et les autres étaient prêts à aller, comme au bon vieux temps de la guerre froide. Si la Géorgie avait fait aujourd'hui partie de l'Alliance atlantique, jamais la Russie n'aurait osé s'en prendre à elle. La souris Sarkozy a beau rugir dans les pages du Figaro, c'est trop tard.
Le problème de fond que la crise géorgienne a fait ressortir et qui n'est pas simple à solutionner, c'est celui de l'OTAN, de sa transformation, de son devenir. Elle ne peut plus être ce qu'elle a longtemps été, un regroupement politico-militaire de nations autour de la superpuissance américaine afin de se protéger de la superpuissance russe, puisqu'il n'y a plus aujourd'hui de superpuissance russe. A gauche, le débat est difficile: évoquer l'OTAN, chez les esprits simplistes (qui ne sont hélas pas le privilège de la droite), c'est se voir accusé d'atlantisme, de pro-américanisme, quasiment d'impérialisme. Il va bien falloir que le Parti socialiste, parti responsable, parti de gouvernement, se pose sérieusement les questions qui s'imposent à propos de l'OTAN (dont je rappelle que la France est membre, de Gaulle nous ayant seulement fait quitter, en 1966, son commandement militaire).
Dernier élément d'importance dans la réflexion qu'a suscitée la guerre en Géorgie: la Russie n'est pas le pays qu'on croit et qu'il était il y a 10 ans, un régime post-communiste pas sûr de lui, des dirigeants en mal de popularité, une économie délabrée. C'est désormais tout le contraire: certes la Russie n'est plus une superpuissance mais elle a retrouvé son rang de grande puissance, avec une croissance économique de 6 à 9% par an, un capitalisme sans complexe et florissant, une société qui se modernise à grands pas, Poutine extraordinairement aimé par son peuple. Il faut avoir cela à l'esprit dans les événements présents, si l'on veut allier le respect à la fermeté. Et si l'on veut que l'Europe, cette pauvre Europe, enfin existe.
Bonne soirée.
2 Comments:
quand est ce que vous rejoignez le bureau de recrutement de l'otan pour partir vous battre sur le front georgien ?
Le bonheur est dans le pré... Cours-y vite...
Le bonheur est dans le pré... Cours-y vite... Il va filer
L'Europe n'existera jamais tant que ce sera Washington qui dictera la politique que doivent adopter les européens.
Et vous, soit disant européiste, vous applaudissez à tout cela.
Les Etats-Unis se servent de nous comme bouclier contre les Russes,
s'il y a des coups à prendre, nous les prendrons et eux en seront préservés.
L'europe est morte, vous n'étiez pas au courant ?
A oui, vous ne pouviez pas vous en rendre compte, vous étiez en train de moquer le président parce qu'il ne réussissait pas l'impossible.
By grandourscharmant, at 10:55 PM
Après la souris qui rugit, l'ours qui miaule... Quelle ménagerie!
By Emmanuel Mousset, at 8:26 AM
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