L'Aisne avec DSK

19 août 2008

Le monde et la mort.

Bonsoir à toutes et à tous.

Les tragédies françaises, depuis plusieurs décennies, depuis que nous sommes entrés dans la société moderne de consommation, ne sont plus que personnelles, domestiques ou naturelles. Nous en avons eu quelques exemples cet été: des enfants morts abandonnés dans les véhicules par leurs parents, une tornade qui dévaste une petite ville du Nord. Nous ne vivons plus de tragédies politiques, depuis que la démocratie a pacifié la lutte pour le pouvoir, que l'élection a remplacé la violence et le crime, que la guerre elle-même a été proscrite, sauf en extrême nécessité.

La société contemporaine est en quelque sorte sortie de l'Histoire, où la violence, le crime, la guerre sont la pâture ordinaire. C'est pourquoi, bien souvent, la politique a perdu de son crédit, ne passe guère pour sérieuse, tombe dans le Clochemerle, parce qu'elle n'a plus ce fond tragique sur lequel elle s'activait et qui faisait sa grandeur... et sa cruauté. Tant qu'on n'a pas un fusil pointé sur soi ou un poignard qui rôde, le militantisme est une activité banale, dérisoire, parfois ridicule. On a beau "se la jouer", et j'en sais quelque chose, ça ne change rien fondamentalement.

Mais si nous avons quitté l'Histoire, nous sommes toujours dans le monde, et plus encore à l'âge de la mondialisation, ce monde qui nous fait peur parce qu'il représente tout ce avec quoi nous avons rompu, tout ce que nous voulons oublier: la violence, la terreur, la mort. Cet été, le monde nous a rappelé son existence, et que nous en faisions complètement partie: tout a commencé avec ce satané Tibet, qui vient gâcher nos chers JO, pour nous dire qu'il n'y a pas que le sport dans la vie, quand un peuple, au Tibet, est écrasé et quand un autre, en Chine, est privé de démocratie. Il y a eu ensuite la Géorgie, et la prise de conscience que le monde était un terrain d'affrontement entre des empires dont les petits pays font les frais, sous le regard d'une Europe désespérément impuissante, tout juste un peu influente.

Enfin, aujourd'hui, le plus tragique dans le tragique puisque la France est directement touchée, la mort de 10 de nos soldats, et 21 blessés, en Afghanistan, où 3 000 Français se battent contre les Talibans. Nous sommes un pays en guerre et nous l'avons oublié, parce que la guerre est loin, parce qu'elle se cache derrière cet euphémisme bien dans l'air du temps: une "intervention militaire", pour ne pas prononcer le mot qui fait peur, la guerre. Nicolas Sarkozy a eu raison de se rendre sans attendre sur place. La même journée, dans d'autres points du monde, la terreur a frappé, en Algérie avec 43 morts, au Pakistan avec 13 morts. Dans les trois attentats, une même logique de terreur, l'islamisme, qui a remplacé, comme puissance de subversion, le nationalisme et le communisme. De la révolution au terrorisme, voilà où nous en sommes, voilà où nous a conduit l'Histoire.

C'est bizarre, depuis quelque temps, j'ai du mal à me remettre à la lecture des contributions socialistes, et j'ose à peine reparler de la fréquentation en baisse de la plage de Saint-Quentin. Il le faudra bien pourtant, demain ou les prochains jours. Sans refouler le monde, la terreur, la souffrance et la mort, en les regardant au contraire bien en face, mais sans non plus leur sacrifier la démocratie dans ce qu'elle a de plus commun (le congrès d'un parti) et de plus dérisoire (la plage de Saint-Quentin).


Bonne soirée.

1 Comments:

  • Le terrorisme, l'aveu d'impuissance des menteurs et des affabulateurs.

    By Blogger jpbb, at 10:26 PM  

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