Panem et circenses.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'aime beaucoup la lecture de la presse locale d'été. Pour les journalistes, la période est un vrai défi: que dire quand il n'y a pas grand-chose à dire? L'Aisne Nouvelle a choisi le sensationnel (sa couverture du meurtre de Valentin, les suspects ayant vécu... à 30 km de Saint-Quentin), le Courrier Picard l'original (une étude récente des graffitis sur l'Hôtel-de-Ville et la basilique), L'Union le politique (au sens étymologique, la vie de la cité, pas la politique partisane et électorale). Mais ces perspectives sont certainement interchangeables. Je vais bien sûr, ce soir, m'intéresser au politique, dans deux derniers numéros de L'Union:

Le 2 août, Lucie Lefebvre a enquêté sur la fameuse et célèbre plage de Saint-Quentin, sise place de l'Hôtel-de-Ville, voulue par Xavier Bertrand, son bébé en quelque sorte, et le début pour lui de sa renommée, idée qui a été reprise dans de nombreuses villes, y compris Paris! La plage marche bien, elle fait parler d'elle, de Saint-Quentin, tout va bien. Est-ce certain? L'Union semble penser que non. Pour beaucoup d'usagers, la fréquentation est moins importante cette année. Impression (selon Xavier Bertrand, qui avance des arguments) ou réalité (L'Union produit des témoignages)?

Et si cette tendance se confirme en août (juillet n'a pas toujours été ensoleillé), que faudra-t-il en penser? L'Union envisage une piste: et si le concept, vieux de plus de 10 ans, commençait à s'essouffler? De fait, cette plage n'a pas cessé d'être évolutive, de subir des aménagements, de s'adapter aux goûts du public, Xavier Bertrand sachant fort bien que la clientèle est changeante et exigeante. Mais n'a-t-on pas atteint cette année les limites de l'exercice?

Ce n'est qu'une question, à quoi me fait songer l'article de L'Union, rien de plus. Je n'ai pas d'emblée la réponse. Mais je crois qu'à la rentrée l'opposition municipale devra s'emparer du sujet, en réfléchissant à quelques points: combien coûte exactement la plage? Combien rapporte-t-elle, si l'évaluation est faisable? Quel est le bilan de la fréquentation, cette année et sur plusieurs années? Y a-t-il des statistiques, qui seraient fort utiles, montrant qui fréquente la plage, et pourquoi? Avec l'argent utilisé, pourrait-on faire autre chose en matière de vacances et de loisirs, et quoi?

Incontestablement, le concept est séduisant, mais son succès est-il derrière ou devant nous? Un espace estival et ludique gratuit, en plein coeur d'une ville, l'idée était incontestablement originale. Mais l'est-elle toujours? Car il n'en demeure pas moins que la plage en question n'est pas une vraie plage, que le dépaysement n'est pas total quand on aperçoit et entend le carillon de l'Hôtel-de-Ville. Paris-Plage nous copie et marche bien? Oui, mais le public, de touristes et de bobos, est totalement différent. Il se retrouve sur les bords de Seine avant ou après être allé en vacances. Je ne suis pas certain que la motivation soit identique à Saint-Quentin. Les centaines de kms de bouchons ne doivent pas faire oublier cette statistique: 42% des Français ne partent pas en vacances.

Le 5 août, toujours dans L'Union, Loïc Chaux s'est intéressé à Intervilles, qui avec la plage constituent les deux temps forts, en matière de loisirs estivaux, de la politique municipale. Même question que pour la plage, avec cette fois des réponses: 60000 euros est le coût de notre participation à ce jeu. Pour les Saint-Quentinois qui sont allés soutenir l'équipe, tout a été gratuit. La retombée économique directe est nulle, mais la promotion de la Ville, en matière de communication, est importante, puisque 2,9 millions de télespectateurs ont appris à cette occasion à connaître Saint-Quentin.

Il n'empêche que le journaliste ne semble pas entièrement convaincu: "Voilà donc l'intérêt pour Saint-Quentin de dépenser chaque année des dizaines de milliers d'euros dans un jeu télévisé. Pas vraiment pourvoyeur de touristes, le programme permet au moins de "donner une bonne image" de la Ville." Ce qui semble finalement cher payé pour Loïc Chaux. Et je me pose la question: toutes les villes comparables à Saint-Quentin participent-elles à Intervilles? Et si non, s'en portent-elles moins bien?

Qu'en est-il vraiment? Que faut-il sérieusement en penser? Comme pour la plage, je n'en sais rien, mais trois critères s'imposent d'emblée:
- Qu'en pensent les Saint-Quentinois?
- Quels sont les éléments précis de ces deux dossiers?
- Que proposer d'autres à la place?

Ce que je sais surtout, c'est que l'opposition municipale, si elle a envie de devenir crédible, devra se saisir de ce genre de dossiers, d'abord pour les connaître et les maîtriser, ensuite pour avancer des propositions. Car les réactions improvisées, comme celle qui consiste à reprendre le dossier du mur du stade Paul-Debrésie parce que le maire vous le refile, ne conduisent à rien. Tant que l'opposition restera dans le réactif, tant qu'elle n'adoptera pas une attitude offensive (c'est-à-dire assortie de propositions), elle ne sera pas une opposition, elle demeurera une protestation.


Bonne soirée.