L'Aisne avec DSK

04 août 2008

Dutreil s'en va.

Renaud Dutreil a mon âge, je ne suis plus vieux que de quatre jours, il a fait aussi de la philo (lauréat du concours général, le saviez-vous?), il a vécu dans l'Aisne. Mais la ressemblance s'arrête là. Je le croyais économiste techno, je le découvre littéraire, normalien. Je le pensais ultra-libéral, chez Madelin, j'apprends qu'il dirigeait le vieux Parti radical. Mais pourquoi je vous parle de cet homme politique? Parce qu'il vient de quitter aujourd'hui la politique, qu'il s'en explique dans Le Monde et que c'est suffisamment rare pour que nous y réfléchissions.

En politique, on quitte le jeu non pas quand on perd (on le quitterait sans cesse, faire de la politique c'est apprendre à perdre!) mais quand on meurt, biologiquement ça va de soi, politiquement ce n'est pas évident. Citez-moi un homme politique qui aurait disparu de mort politique? Il doit y en avoir, mais je n'en vois pas, spontanément. Ce sont plutôt des démêlés d'ordre privé qui conduisent à partir, quasiment par obligation. En revanche, quitter de son propre chef la vie politique, c'est rarissime. J'ai à l'esprit François Léotard, qui a abandonné en pleine force de l'âge. Mais il y en a très, très peu.

Renaud Dutreil avait échoué à conquérir Reims, mais à son âge, l'avenir était devant lui, d'autant qu'il était député de la Marne, après un beau parcours qui ne demandait qu'à se prolonger: énarque, secrétaire d'Etat, deux fois ministre... Il devient chef d'entreprise, président de la filiale américaine de LVHM, leader mondial du luxe, ce qui n'est pas mal non plus mais n'a plus guère de rapport avec la politique, malgré ses explications dans Le Monde. Bref, je ne sais pas pourquoi Dutreil s'en va. Peu importe d'ailleurs, c'est plutôt son trajet qui m'intéresse:

Dans le sud de l'Aisne, il a voulu faire son trou: conseiller municipal, conseiller général, président d'agglomération, c'est pas mal mais c'est tout, pas maire, pas député. Comme si cet homme s'en sortait mieux au niveau national qu'au niveau local. Intelligent, beau parleur, belle gueule, ça ne suffit pas pour le "terrain", ça peut même se transformer en handicaps. A droite, il aurait pu rivaliser avec Xavier Bertrand, l'homme du sud contre l'homme du nord. Mais Bertrand est homme d'appareil, et pas n'importe lequel, le RPR. Dutreil et son Parti radical, ça ne fait pas le poids.

Ce que je retiens de Renaud Dutreil, ce que m'enseigne son départ, ce qui l'explique, c'est qu'on ne réussit en politique que par en bas, en partant du local, même quand tout vous réussit en haut, dans les ministères. De ce point de vue, Dutreil et Bertrand sont totalement dissemblables. Dutreil a mis fin à sa carrière pas aujourd'hui mais il y a deux ans, quand il a abandonné son canton de Charly-sur-Marne pour courir l'aventure du côté de la grande ville, Reims la prestigieuse, pas très loin certes, mais plus dans l'Aisne. Un canton sociologiquement et historiquement de droite est passé alors à gauche, remporté par Georges Fourré. Les électeurs n'ont pas pardonné à Dutreil cet abandon et l'ont fait payer à son remplaçant. En politique, on ne part pas, on reste, on s'obstine, ça passe ou ça ne passe pas, mais on continue.


Bon après-midi.

12 Comments:

  • Je m'empresse de corriger un lapsus dans mon billet: Dutreil a été député de la 5ème circonscription de l'Aisne de 1994 à 2002. Ce qui ne nuit pas foncièrement à mon raisonnement: il a négligé le local au profit du national, ce qui ne lui a guère porté chance.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 2:14 PM  

  • Faire de la politique, c'est afficher son idéal et tenter d'y faire adhérer autrui. Ensuite, les postes, les distinctions et les honneurs arrivent ou pas. Mais cet aspect mercantile est tout à fait secondaire.

    Par contre, marquer une direction, indiquer une voie, trouver une solution et arriver à convaincre par la force de l'argumentaire, c'est user des mots pour combattre les maux.

    Cela attire évidemment jalousie et envie, l'humanité n'est pas sans défaut, mais ce qui compte dans sa vie, c'est de cheminer, là où doivent nous mener nos pas.

    Qu'importe la longueur, le temps et l'énergie, si l'objectif est juste et profitable à tous, il faut avancer, toujours. ;-)

    By Blogger jpbb, at 2:22 PM  

  • enfin pour ça, il faut déjà avoir fait de la politique.

    Je ne devrais pas vous le dire, mais comme vous n'en tiendrez pas compte, je ne me prive pas.

    Vous etes à la politique, ce que le canada dry est à la biere
    "Ça a la couleur de l'alcool, le goût de l'alcool... mais ce n'est pas de l'alcool."

    Vous, vous avez la couleur de la politque, vous avez le gout de la politique... mais ce n'est pas de la politique.

    By Blogger grandourscharmant, at 4:45 PM  

  • C'est à peu près cela.

    -Comme de plus son nouveau slogan ou du moins celui qu'il reprend à son compte c'est "la gauche pourrie"
    -et que le nouveau mot qu'il a découvert c'est"cliver""cliver""cliver"

    On ne peut pas vraiment lui prédire un grand avenir en politique, du moins à gauche, puisque c'est le camp qu'il dit avoir choisi.

    Je pense que sa réponse va être le ricanement nihiliste.
    Ou le coup du mépris.
    Ou l'insulte.
    Je ne vois pas ce qu'il reste au militant combattant pour faire disparaitre l'autre.

    By Anonymous Anonyme, at 6:17 PM  

  • A GOC et au dernier anonyme;

    Vous êtes formidables! Je rédige un billet sur Renaud Dutreil, et à qui pensez-vous, de qui parlez-vous? D'Emmanuel Mousset! Je vais finir par croire que vous m'aimez, d'un amour renversé puisqu'il s'exprime par la critique permanente, mais d'un amour quand même.

    Parleriez-vous autant de moi, presque quotidiennement, si vous ne m'aimiez pas, rien qu'un peu? Le petit problème pour vous, c'est que cet amour n'est pas réciproque... Ne m'en voulez pas, je ne suis pas sentimental, je ne fais que de la politique...

    Ni ricanement, ni mépris, ni insulte, mais pas d'amour non plus. Tant pis pour vous, il ne vous reste plus qu'à cesser de m'aimer. Peut-être alors, étant moins passionnés, vous parviendrez à mieux me juger. C'est tout le mal que je vous souhaite.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:16 PM  

  • 1)En matière de critique permanente vous ètes indépassable et vous le revendiquez d'ailleurs, vous n'abandonnerez jamais.

    2)Pas de ricanement? pas d'insulte? pas de mépris?mais tout le monde l'a reconnu dans les précédents billets

    Ah c'est vrai vous etes un combattant et donc vous n'etes pas soumis aux règles habituelles de la bienséance.

    By Anonymous Anonyme, at 8:33 PM  

  • Vous mélangez tout, vous ne dites rien de nouveau, et surtout vous ne trouvez rien à redire à mon commentaire précédent. C'est bien, continuez ainsi, comme ces moulins à prière tibétains. Vous n'êtes bon qu'à geindre. Si vous n'aimez pas mes idées, avancez les vôtres. Mais le problème, c'est que vous en êtes incapable.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:00 PM  

  • Et bien si mais le problème c'est que vous ne souhaitez pas répondre, vous l'avez dit vous même. Vous ne vous sentez pas obligé de répondre. Vous etes un combattant, très bien je ne vous le reproche pas, moi.

    By Anonymous Anonyme, at 10:25 PM  

  • Quand allez-vous cesser de faire le perroquet en répétant que je suis un "combattant"? Vous savez combien j'ai horreur de cet oiseau idiot. Je réponds à toute question qu'on me pose, mais une fois seulement, pas deux. Sinon je deviendrais, comme vous, un perroquet. Maintenant, que vous fassiez ça parce que vous ne savez faire rien d'autre, désolé, je n'y suis pour rien.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:05 AM  

  • Dutreil nous quitte... Je pense que le sud de l'Aisne va s'en remettre assez facilement. Surtout la droite locale qu'il a laissé dans un état catastrophique (15% aux dernières municipales à CT, son équipe municipal de Charly qui perd la mairie et bien entendu la perte pour eux du canton de Charly historiquement de droite - seule la députation est restée à droite mais là, les enjeux sont nationaux, c'est l'UMP qui a gagné!)

    Finalement, une seule personne doit éprouver une pointe de nolstalgie avec son départ : Jacques Krabal ! Il lui doit beaucoup.

    Politiquement d'abord, puisque Dutreil a tout fait pour lui donné de l'importance afin de le mettre dans les pates de la gauche locale (tactique classique du "diviser le camp adverse, pour mieux régner").

    Fiancièrement ensuite, puisque Dutreil ministre de la fonction publique avait "donné" l'agrégation d'EPS à Krabal sans quaucun motif objectif ne puisse le justifier comme s'en était inquiété alors le SNES.

    Dutreil s'en va? Comme dirait l'autre : Allez vat!

    By Anonymous Anonyme, at 10:56 AM  

  • Assumer des responsabilités,
    c'est beaucoup de contraintes et un peu de plaisir.

    Il est du devoir de tout militant, de contester les dilettantes qui aspirent aux responsabilités uniquement pour le plaisir.

    Il n'y a ni amour, ni haine dans cette engagement, juste un instinct de conservation.

    Il n'est pas plaisant de vous ramener à la réalité, c'est juste nécessaire.
    Et comme vous ne faites qu'occuper le terrain, il n'est pas incohérent de proposer d'autres alternatives que vous.
    Que chacun puisse se décider en son ame et conscience et en toute connaissance de cause.

    Pour qui n'est pas lecture régulier, vous pourriez paraitre cohérent.
    Pour qui fréquente ce blog régulierement, il sait qu'en fonction des circonstances vous etes capable de dire une chose et son contraire.

    Vous etes trop dans l'affectif et on ne fait pas de bonnes politiques avec de bons sentiments.

    By Blogger grandourscharmant, at 12:03 PM  

  • Mais de qui parlez-vous? Encore de moi ou cette fois de Dutreil? Si c'est de moi, vous allez finir par me lasser de moi-même...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 5:38 PM  

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