Le candidat de la contradiction.
Bonsoir à toutes et à tous.
Si Nicolas Sarkozy a été élu avec un si bon score l'an dernier, c'est qu'il s'est coulé mieux que personne dans l'air du temps, le mouvement de la société, la nouvelle logique (non aristotélicienne!) de l'opinion publique, que j'essaie de vous décrire depuis ce matin, cette vogue apparemment étrange du pour-contre, cette culture de la contradiction. Le candidat de l'UMP a gagné parce qu'il a représenté, porté au plus haut point 4 contradictions qui ont séduit, convaincu, mobilisé jusqu'à le faire triompher:
1- La contradiction rupture/continuité.
Sarkozy ne cesse de se présenter, durant toute la campagne, comme "l'homme de la rupture", fustigeant "l'immobilisme" de la gauche. Mais en même temps, c'est, de fait, l'homme de la continuité, puisqu'il a fait partie des gouvernements précédents, à des postes ministériels importants (l'Intérieur, l'Economie), et que son équipe de campagne est composée de ministres du gouvernement Villepin, au premier chef Xavier Bertrand, porte-parole du candidat. Sarkozy va donc apparaitre simultanément dans la rupture et dans la continuité, à la fois pour et contre Chirac.
2- La contradiction Droite/Gauche.
A droite, il y a toujours eu, en premier lieu chez de Gaulle, une volonté de se situer au-delà, au dessus des partis, de droite et de gauche, posture d'ailleurs largement artificielle. Sarkozy ne fait pas ça: c'est un homme de droite qui durant sa campagne va se réclamer d'une partie de l'héritage de gauche, en citant Blum, Jaurès, en se prétendant plus progressiste que la gauche ne peut l'être. Jamais de Gaulle n'aurait fait ça. Bref, avec Sarkozy, nous avons à la fois un conservateur et un réformateur (je parle ici bien sûr de son discours; dans les décisions et les actes, c'est un authentique homme de droite; mais la politique, ça commence toujours par des mots).
3- La contradiction riche/pauvre.
Nicolas Sarkozy, à bien des égards, est une caricature de riche, dont les riches eux-mêmes probablement s'amuseraient. Pas la peine d'insister là-dessus, tout le monde connaît. Sa politique fiscale est à l'évidence une politique de classe, supprimant les droits de successions pour les riches héritiers, aidant les patrons à faire travailler les ouvriers et leurs cadres en heures supp, encourageant les propriétaires au détriment des locataires, imposant des devoirs aux chômeurs plutôt que des droits, bref pas besoin d'insister. Il n'empêche que le même homme s'est présenté comme le candidat de "la France qui se lève tôt" et qu'il s'est fait photographier, casque sur la tête, entouré d'ouvriers sur fond d'usine.
4- La contradiction sécurité/insécurité.
Sarkozy, ministre de l'Intérieur, c'est l'homme qui incarne l'aspiration à la sécurité. Il en parle, emploie les mots du peuple, fustige la "racaille", promet de régler la délinquance au "karscher". Sa popularité, elle commence là, il la doit à ça. Sauf que, en 2004, après des propos imprudents tenus par lui, la France se paie trois semaines de graves émeutes. Dans n'importe quelle autre démocratie, le ministre de l'Intérieur, en l'occurrence Nicolas Sarkozy, aurait été discrédité et obligé de démissionner. En France non! Pourquoi? Parce que ce personnage stressant, anxiogène, incapable de rétablir l'ordre dans le pays en 2003, cet homme réalise le prodige de nourrir en même l'insécurité et l'aspiration à la sécurité!
Je viens de vous parler de Sarkozy, pur produit d'une société qui désormais aspire à la contradiction et s'en repaît, mais j'aurais pu aussi vous parler de Ségolène Royal, dont le succès ressort également de cette culture de la contradiction. Car au plus haut de son succès, en 2006, qu'est-ce qui plaît chez Ségolène, qu'est-ce qui la rend populaire? C'est que cette socialiste n'est pas franchement socialiste, c'est qu'elle est au PS tout en se démarquant et en critiquant le PS. A côté, DSK et Fabius sont des personnages sans surprise, banalement cohérents, en accord avec la tradition que chacun incarne, pour l'un la social-démocratie moderne, pour l'autre le socialisme traditionnel. Et quand Ségolène a-t-elle déçu et perdu en popularité? En début 2007, quand elle est rentrée dans le rang, quand elle a fait appel aux "éléphants", quand elle est apparue, sans contradiction aucune, ce qu'elle était, c'est-à-dire une candidate socialiste. Sarkozy, lui, demeurait dans ce que l'opinion attendait et aimait, la contradiction. C'est pourquoi c'est lui et pas elle qui a gagné.
Bonne soirée.
Si Nicolas Sarkozy a été élu avec un si bon score l'an dernier, c'est qu'il s'est coulé mieux que personne dans l'air du temps, le mouvement de la société, la nouvelle logique (non aristotélicienne!) de l'opinion publique, que j'essaie de vous décrire depuis ce matin, cette vogue apparemment étrange du pour-contre, cette culture de la contradiction. Le candidat de l'UMP a gagné parce qu'il a représenté, porté au plus haut point 4 contradictions qui ont séduit, convaincu, mobilisé jusqu'à le faire triompher:
1- La contradiction rupture/continuité.
Sarkozy ne cesse de se présenter, durant toute la campagne, comme "l'homme de la rupture", fustigeant "l'immobilisme" de la gauche. Mais en même temps, c'est, de fait, l'homme de la continuité, puisqu'il a fait partie des gouvernements précédents, à des postes ministériels importants (l'Intérieur, l'Economie), et que son équipe de campagne est composée de ministres du gouvernement Villepin, au premier chef Xavier Bertrand, porte-parole du candidat. Sarkozy va donc apparaitre simultanément dans la rupture et dans la continuité, à la fois pour et contre Chirac.
2- La contradiction Droite/Gauche.
A droite, il y a toujours eu, en premier lieu chez de Gaulle, une volonté de se situer au-delà, au dessus des partis, de droite et de gauche, posture d'ailleurs largement artificielle. Sarkozy ne fait pas ça: c'est un homme de droite qui durant sa campagne va se réclamer d'une partie de l'héritage de gauche, en citant Blum, Jaurès, en se prétendant plus progressiste que la gauche ne peut l'être. Jamais de Gaulle n'aurait fait ça. Bref, avec Sarkozy, nous avons à la fois un conservateur et un réformateur (je parle ici bien sûr de son discours; dans les décisions et les actes, c'est un authentique homme de droite; mais la politique, ça commence toujours par des mots).
3- La contradiction riche/pauvre.
Nicolas Sarkozy, à bien des égards, est une caricature de riche, dont les riches eux-mêmes probablement s'amuseraient. Pas la peine d'insister là-dessus, tout le monde connaît. Sa politique fiscale est à l'évidence une politique de classe, supprimant les droits de successions pour les riches héritiers, aidant les patrons à faire travailler les ouvriers et leurs cadres en heures supp, encourageant les propriétaires au détriment des locataires, imposant des devoirs aux chômeurs plutôt que des droits, bref pas besoin d'insister. Il n'empêche que le même homme s'est présenté comme le candidat de "la France qui se lève tôt" et qu'il s'est fait photographier, casque sur la tête, entouré d'ouvriers sur fond d'usine.
4- La contradiction sécurité/insécurité.
Sarkozy, ministre de l'Intérieur, c'est l'homme qui incarne l'aspiration à la sécurité. Il en parle, emploie les mots du peuple, fustige la "racaille", promet de régler la délinquance au "karscher". Sa popularité, elle commence là, il la doit à ça. Sauf que, en 2004, après des propos imprudents tenus par lui, la France se paie trois semaines de graves émeutes. Dans n'importe quelle autre démocratie, le ministre de l'Intérieur, en l'occurrence Nicolas Sarkozy, aurait été discrédité et obligé de démissionner. En France non! Pourquoi? Parce que ce personnage stressant, anxiogène, incapable de rétablir l'ordre dans le pays en 2003, cet homme réalise le prodige de nourrir en même l'insécurité et l'aspiration à la sécurité!
Je viens de vous parler de Sarkozy, pur produit d'une société qui désormais aspire à la contradiction et s'en repaît, mais j'aurais pu aussi vous parler de Ségolène Royal, dont le succès ressort également de cette culture de la contradiction. Car au plus haut de son succès, en 2006, qu'est-ce qui plaît chez Ségolène, qu'est-ce qui la rend populaire? C'est que cette socialiste n'est pas franchement socialiste, c'est qu'elle est au PS tout en se démarquant et en critiquant le PS. A côté, DSK et Fabius sont des personnages sans surprise, banalement cohérents, en accord avec la tradition que chacun incarne, pour l'un la social-démocratie moderne, pour l'autre le socialisme traditionnel. Et quand Ségolène a-t-elle déçu et perdu en popularité? En début 2007, quand elle est rentrée dans le rang, quand elle a fait appel aux "éléphants", quand elle est apparue, sans contradiction aucune, ce qu'elle était, c'est-à-dire une candidate socialiste. Sarkozy, lui, demeurait dans ce que l'opinion attendait et aimait, la contradiction. C'est pourquoi c'est lui et pas elle qui a gagné.
Bonne soirée.
8 Comments:
Encore Sarkozy,
ce n'est plus de l'amour mais de la rage.
Carla devrait se méfier de vous et de la façon dont vous l'idolatrez
By grandourscharmant, at 9:44 PM
Otez-moi d'un doute: Sarkozy est bien le président de la République? Je crois donc normal de le prendre pour cible quand on n'apppartient pas à son camp. Surtout quand cet homme prétend vouloir tout faire.
By Emmanuel Mousset, at 10:18 PM
dois-je parler la langue des rosbeefs ?
Monsieur Mousset
Encore un billet déplorable et partialSarko a gagné parce que des socialistes sont restés chez eux plutôt que soutenir la gagnante des primaires
DSK est parti en vancances
et vous, avez-vous seulement soulevé un tract de Ségo ?
A St-Quentin, beaucoup disent qu'on ne vous a pas vu du tout !
c'est ça les socialistes donneurs de leçon !
By Anonyme, at 2:18 AM
faut le comprendre aussi,
il a tellement d'amour pour NS et pour XB.
S'il n'était pas si conformiste, il aurait été de droite mais il complexe tellement qu'il est de gauche par dépit.
C'est un des problemes de la gauche mais aussi de la droite,
combien le sont par convictions ?
combien par opportunisme ou conformisme ?
C'est parfois dur quand on a fait un mauvais choix étant jeune, de reconnaitre qu'on s'est trompé.
Ca vous condamne à devoir assumer toute une vie, une erreur de jeunesse.
By grandourscharmant, at 8:23 AM
A François:
DSK a soutenu Ségolène Royal, tout comme moi j'ai milité pour elle. Vos mensonges auront beau être répétés, ils ne deviendront pas pour autant des vérités.
Par ailleurs, ayez le courage d'assumer votre point de vue, ne vous retrancher pas derrière l'avis d'une soi-disant opinion publique ("beaucoup disent que...") dont vous êtes l'inventeur.
Menteur et lâche, ça fait beaucoup pour un seul homme, François...
By Emmanuel Mousset, at 9:18 AM
A GOC:
Ni conformisme, ni opportunisme chez moi. Par inclination familiale, j'aurais pu être communiste. Par opportunisme, j'aurais pu occuper quelques places ces 10 dernières années. Je ne vois que les convictions qui expliquent ce que je suis et fais.
Ai-je raison ou tort dans le choix de mes convictions? C'est un autre problème, mais je crois avoir déjà écrit il y a peu de temps que la vérité était au-dessus des convictions des uns et des autres.
By Emmanuel Mousset, at 9:42 AM
Monsieur Mousset,
Il est trop facile de qualifier de menteur quelqu'un qui dit la vérité qui vous dérange.
vérifiez où était DSK en avril 2007
citez-moi un meeting auquel il a participé
Fabius en a fait lui
Mes amis adhérents m'ont dit que vous n'avez pas fait grand chose ni pour Ségolène, ni pour Odette ( l'intéressée en témoigne )
ne refaites pas l'histoire à votre goût, les témoignages sont là !
By Anonyme, at 7:03 PM
Staline aussi avait ses amis, ses témoins, ses témoignages et ses vérités. Je vous laisse en sa compagnie.
By Emmanuel Mousset, at 8:28 PM
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