L'Aisne avec DSK

20 août 2008

Recentrage à gauche.

Bonjour à toutes et à tous.

Marie-Noëlle Lienemann donne un important entretien à Libération ce matin. Important parce qu'il amorce une évolution de la gauche du PS en vue du congrès de Reims. Jusqu'à maintenant, notre aile gauche était dans l'expectative, observatrice plutôt qu'actrice, seuls Mélenchon et Filoche appelant vainement à l'unité.

Pourquoi? Parce que leur grand homme, leur leader présentable, leur présidentiable potentiel, Laurent Fabius, était dans l'attente, "sage actif", comme il se définissait, ce qui ne porte pas vraiment à l'enthousiasme. Aujourd'hui, les choses sont tranchées: Fabius ne songe plus à représenter l'aile gauche depuis qu'il a compris qu'elle ne serait plus jamais majoritaire et qu'il ne fallait pas rêver aux années 70 quand on approche de 2010.

Du coup, l'aile gauche se recentre à gauche. C'est ce qui transparait dans les propos de Lienemann à Libé, avec trois affirmations-clés:

1- L'actuel recomposition au sein du Parti est jugée "sordide". Le mot est très fort, il évoque le dégoût, et c'est sans doute ainsi que Lienmann perçoit les rapprochements dans lesquels la gauche du PS n'a aucune place: entre Hollande et Royal, entre Moscovici et Aubry, Delanoë et Fabius restant attentifs à ces mouvements, mais jamais ne songeant à se tourner vers leur gauche.

2- Lienemann demande que "la gauche du PS soit l'axe de la future majorité". C'est un voeu pieux, mais l'essentiel est dans ce qu'il signifie politiquement: cette gauche se recentre sur elle même, elle ne cherche pas à être un élément à l'intérieur d'une majorité (à la différence des fabiusiens).

3- Pour couronner le tout, pour confirmer mon analyse sur le recentrage de l'aile gauche, Lienemann avance un nom pour être premier secrétaire national, ce n'est pas Fabius, ce n'est pas non plus Aubry, c'est Benoît Hamon, la figure la plus acceptable, la plus ouverte de l'aile gauche, la plus fédératrice.

Il semble donc, à en croire cet entretien, que Marie-Noëlle Lienemann et les néo-poperénistes ont rompu avec la stratégie des Reconstructeurs, à laquelle ils étaient encore associés en juin. Ce n'est pas pour m'étonner... ni pour me déplaîre, car le pire en politique, c'est l'absence de clarté, c'est l'opportunisme à la petite semaine. Franchement, je ne vois pas ensemble, apposant leur signatures au bas d'un même texte, Lienemann et Moscovici.

Nous allons donc, si les évolutions en cours se poursuivent et se confirment, vers l'agrégation des forces entre trois pôles:
- Un rassemblement de centre gauche autour de Royal-Hollande.
- Un rassemblement social-démocrate autour de Moscovici-Aubry.
- Un rassemblement de la gauche socialiste autour de Hamon-Lienemann.

Dans une telle configuration, il est probable que Delanoë et surtout Fabius se rallieront au pôle social-démocrate, pour éviter la marginalisation. A moins que ce pôle ne parvienne pas à s'imposer, que Delanoë soit le plus fort, alors le ralliement se fera en sens inverse. Au final, nous retrouverons ces trois orientations. Mais tout ceci n'est que pure conjecture, qui supposerait qu'il y ait une logique en politique, ce qui est rien moins que certain. Ou plutôt il y a plusieurs logiques, qui parfois se contrarient, et ne triomphe pas nécessairement celle qu'on voudrait.


Bon après-midi.

4 Comments:

  • Il faut un projet qui parte de nos idéaux de toujours, « Le bien-être partagé et l'augmentation de l'autonomie ", afin de proposer aux Français une voie pour l'amélioration du pouvoir d'achat pour tous, et la possibilité d'utiliser un ascenseur social performant. Il faut prévoir un capitalisme mixte, détenu par le privé et par l'état. Il convient également d'avoir un salaire citoyen pour tous.

    Pour créer une entreprise, du capital est nécessaire. Le capital de base servant à l'amorçage d'une nouvelle entreprise est d'origine familiale. Les personnes naissant dans un milieu social désargenté ne peuvent pas prétendre alors parvenir au même niveau que ceux qui viennent d'un milieu ou d'une famille aisée. Un banquier demande toujours des garanties. On prête plus facilement aux riches, même du capital-risque...

    C'est une injustice fondamentale, alors qu'à compétence égale, un citoyen réussira financièrement et l'autre pas. C'est donc à l'État de disposer d'un fond de capital-risque pour créer de nouvelles entreprises basées sur l'innovation. L'État en devenant actionnaire, peut déléguer une part de ses prérogatives d'actionnaire vers les employés, leur permettant d'avoir une action sur la direction de l'entreprise, et de leur céder gratuitement en fonction des années de présence le capital détenu, afin d'intéresser le travailleur à son entreprise et de lui permettre ainsi d'encaisser en sus de son salaire une part des bénéfices en fonction du travail qu'il aura fourni.

    Dans un premier temps, l'État encaisse comme actionnaire une part des bénéfices en sus des impôts, au fur et à mesure, il donne ses actions aux travailleurs, ce qui permet à l'ensemble de la société française d'évoluer vers un actionnariat stable. Le contrat de cession n'autorisant la vente sur le marché qu'en fin de sortie de l'entreprise. Pour la gauche, c'est proposer une alternative nettement mieux conçue à la « participation » d'essence gaullienne.

    Nous résolvons ainsi simultanément plusieurs problèmes récurrents. D'abord celui fondamental du jeune citoyen qui à force d'étude et de travail ayant définit un projet et un plan d'affaires portant sur un produit innovant, ne trouve pas actuellement à financer son projet. Le rendement négatif du capital-risque fait que seuls ceux disposant de moyens financiers familiaux peuvent tenter l'aventure industrielle et être crédibles auprès d'un banquier.

    La création d'emploi qui en résultera et l'émulation au sein de la population active permettront la création d'emplois supplémentaires de façon importante. Le réservoir de personnes sans grands moyens financier et beaucoup plus gros que celui constitué par ceux qui en disposent. Le potentiel inexploité est énorme, et pour le moment très mal perçu aussi bien à droite qu'à gauche. Pour la droite c'est compréhensible, elle n'a pas à transformer les pauvres en riches, elle se contente de ceux qu'elle a. Pour la gauche, c'est impardonnable, car la finalité de son action est d'éradiquer la misère puis la pauvreté.

    Contrôler l'évolution du capitalisme et en modifier sa finalité, c'est répondre à nos idéaux de toujours, « Le bien-être pour tous et l'augmentation de l'autonomie ». Il est préférable de prendre le contrôle du capitalisme que de se lancer dans sa dénonciation démagogique, avec comme résultat un action stérile et improductive pour les personnes en ayant le plus besoin. Il est souhaitable de lui assigner dans un cadre déterminé un but à remplir, la création de richesse compatible avec le cadre de vie d'une production équilibré basée sur les énergies renouvelables et le respect de la bio-diversité.

    Politiquement, pour l'électorat, cela permet de nous positionner comme ayant un projet réel, social-démocrate réformiste, permettant de conserver les acquis actuels économiques pour en améliorer le fonctionnement et le rendement. C'est associer le peuple à une démarche qualitative socialement juste, permettant de juger les résultats de deux politiques sanctionnées d'une alternance à favoriser selon les résultats obtenus.

    Les deux branches d'un capitalisme renouvelé, étatique et privé, réduit à sa fonction de production, et élagué de sa nature sauvage spéculative nous permettent alors d'accéder au pouvoir, et de redéfinir le contrat social de l'entrepreneur et du travailleur. L'activité économique résultante, nous autorise alors par le biais des bénéfices et des impôts encaissés, de mener un réelle politique sociale de progrès ambitieuse. C'est en étant crédible auprès des Français que nous pouvons l'emporter en 2012.

    Et c'est ensuite que nous pouvons avec nos partenaires européens poursuivre la création européenne sur une base réelle.

    Offrir le capital aux pauvres au lieu d'exciter les pauvres contre le capital signe l'arrêt de mort de la gauche du PS, et je comprends alors parfaitement que ceux qui en feront les frais le trouvent "sordide".

    Nous ne sommes pas à défendre une posture, "l'anticapitalisme", nous défendons nos idéaux de toujours. Dans le virage ainsi pris, il y a ceux qui ont l'esprit suffisamment souple pour s'adapter aux circonstances historiques, tel Fabius, et les esprits bornés, éjectés du train par le virage pris.

    By Blogger jpbb, at 3:23 PM  

  • tu oublies que la contribution de fabius est toujours marquée "à gauche", et que le ralliement à aubry-moscovici sur des bases autres que tactiques sera difficile à expliquer, et à faire passer.
    beaucoup de soutiens de moscovici ne veulent pas entendre parler d'une alliance avec fabius, et inversement.

    par ailleurs, si la logique veut que hollande et royal se retrouvent, à en croire des articles du figaro et du point leurs relations sont toujours très difficiles, donc bon, les motions c'est dans un mois..
    `
    ça risque d'être un peu short. sinon je partage ton analyse.

    sinon, l'information du jour, c'est que la contribution de ségolène royal a passé le cap des 7 000 signatures.

    By Anonymous Anonyme, at 5:47 PM  

  • D'accord pour reconnaître qu'entre Mosco et Fabius, le courant politique ne passe pas très bien.

    D'accord aussi pour dire qu'en un mois la situation peut évoluer.

    Mais les 7000 signatures pour Ségolène, est-ce vraiment "l'information du jour"?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:58 PM  

  • lol, on se comprend... la "brève interne qui n'a aucune importance, mais bon, pour analyser les dynamiques internes ça donne un renseignement", tu préfères? ;)

    By Anonymous Anonyme, at 7:20 PM  

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