Un Z qui veut dire...
Bonjour à toutes et à tous.
Il y a deux rediffusions de séries télévisées qu'il ne faut pas rater cet été, Columbo sur TF1 chaque après-midi à 14h50, Zorro sur France 3 chaque dimanche soir à 20h20. Je veux vous parler ce matin du justicier masqué, le vrai, celui de mon enfance, pas Alain Delon ridiculement déguisé en Zorro et courant bêtement sur les toits. Le seul, l'authentique, pour l'éternité, c'est Guy Williams, "un bien bel homme" disait ma grand-mère. La série, c'était d'abord le générique, les images, la musique, la chanson, le tout m'impressionnait et me faisait même un peu peur, l'homme en noir, l'orage, les sifflements de son épée, "d'un Z qui veut dire Zorro". Je ne vois que Les Mystères de l'Ouest qui peuvent rivaliser avec la série de Walt Disney dans ma mémoire d'enfant.
Si je vous parle de cela, c'est qu'il y a, comme toujours, un rapport avec la politique. Il serait intéressant d'étudier comment se forme, dans l'esprit d'un individu, ce qu'on appelle "une conscience politique", avec ses repères, ses valeurs... En ce qui me concerne, je suis persuadé, aussi surprenant qu'il puisse paraître, que Zorro a joué un rôle, a été un élément moteur dans la naissance et la constitution de ma conscience politique (disons que c'est la part inconsciente de cette conscience, puisque je n'avais pas l'impression de me préoccuper de politique en regardant les aventures de Zorro!). Je soutiens cette hypothèse parce que la série contient 4 archétypes, 4 figures récurrentes , qui me marquent encore aujourd'hui :
1- Les bons, les justes: Don Diego le fils, alias Zorro, Don Alexandro le père, soucieux de voir les paysans respectés et les relations humaines soustraites aux rapports de forces. Ce ne sont pas des héros prolétariens ou des militants politiques puisqu'ils campent de fiers et traditionnels aristocrates espagnols, mais ils ont le sens de la justice chevillé au corps.
2- Les méchants: le commandant et ses lanciers, figure du militaire autoritaire, brutal, fermé, inculte, exploiteur, à l'opposé de l'image de l'aristocrate raffiné. Ce commandant, c'est celui qu'on ne peut que détester, que rien ne peut sauver, c'est l'anti-Zorro.
3- Les idiots: le sergent Garcia, alcoolique, et son caporal, très bêtes l'un comme l'autre, et d'abord bêtement disciplinés, malins quand même, soumis au commandant mais amis avec Don Diego. Il me faudra bien des années pour comprendre que les idiots en politique sont autant idiots qu'ils jouent aux idiots, bien avec tout le monde pour ne se fâcher avec personne, et obséquieux envers plus puissants qu'eux, et attendant de pouvoir y gagner un petit quelque chose, comme Garcia tout content quand on l'honore ou lui donne une bouteille de vin.
4- les exploités, les innocents, les victimes: les paysans, les péones, ceux qui n'ont pas le pouvoir et dont l'existence dépend de ceux qui ont le pouvoir. Normalement, c'est pour eux qu'on fait de la politique.
Zorro n'est pas une série socialiste, ni de près ni de loin. Il n'empêche que les archétypes qu'elle véhicule ont contribué, involontairement, à mon socialisme: les justes, les méchants, les idiots et les exploités demeurent les personnages emblématiques de ce théâtre d'ombre qu'est la politique. Ces 4 archétypes s'articulent autour de 3 thématiques un peu plus complexes, mais tout autant déterminantes dans la formation de ma conscience politique:
a- La justice: il y a bien des raisons pour faire de la politique, la lutte pour la liberté, l'égalité, la solidarité, la prospérité, la grandeur, la paix, etc. Mais ce que Zorro m'a appris et qui me restera, c'est que le motif le plus élevé, c'est celui-là, la justice. Si aujourd'hui je combats Sarkozy, Bertrand et leur gouvernement, ce n'est pas parce que je ne trouve pas chez ces hommes et dans cette politique des qualités, mais parce qu'il en manque une, essentielle à mes yeux, le sens de la justice.
b- L'ambivalence: le coeur de la série, c'est l'ambiguïté Diego/Zorro, l'oisif poète, beau garçon paresseux et lâche qui fait le désespoir de son père, et Zorro le courageux justicier. Cette thématique, on la retrouve dans d'autres figures semblables, Superman et Batman (celui-ci prenant dans mon coeur, à l'âge adulte, la place de Zorro). Thème fort complexe, qui suppose que la justice ne pourrait jamais vraiment agir à visage découvert. Je vous laisse y réfléchir...
c- La victoire: enfant, ce qui m'impressionnait le plus dans le générique de Zorro, c'était les derniers mots, "vainqueur tu l'es à chaque fois". Cette formule péremptoire était aussi formidable qu'irréelle. C'est là où j'ai appris, bien plus tard, que la politique ne correspondait hélas pas à cette affirmation, et que Zorro était dans ma conscience la part de l'imaginaire.
Nos jeunes enfants, regardent-ils et aiment-ils aujourd'hui Zorro?
Hasta pronto, Senor, Senora.
Il y a deux rediffusions de séries télévisées qu'il ne faut pas rater cet été, Columbo sur TF1 chaque après-midi à 14h50, Zorro sur France 3 chaque dimanche soir à 20h20. Je veux vous parler ce matin du justicier masqué, le vrai, celui de mon enfance, pas Alain Delon ridiculement déguisé en Zorro et courant bêtement sur les toits. Le seul, l'authentique, pour l'éternité, c'est Guy Williams, "un bien bel homme" disait ma grand-mère. La série, c'était d'abord le générique, les images, la musique, la chanson, le tout m'impressionnait et me faisait même un peu peur, l'homme en noir, l'orage, les sifflements de son épée, "d'un Z qui veut dire Zorro". Je ne vois que Les Mystères de l'Ouest qui peuvent rivaliser avec la série de Walt Disney dans ma mémoire d'enfant.
Si je vous parle de cela, c'est qu'il y a, comme toujours, un rapport avec la politique. Il serait intéressant d'étudier comment se forme, dans l'esprit d'un individu, ce qu'on appelle "une conscience politique", avec ses repères, ses valeurs... En ce qui me concerne, je suis persuadé, aussi surprenant qu'il puisse paraître, que Zorro a joué un rôle, a été un élément moteur dans la naissance et la constitution de ma conscience politique (disons que c'est la part inconsciente de cette conscience, puisque je n'avais pas l'impression de me préoccuper de politique en regardant les aventures de Zorro!). Je soutiens cette hypothèse parce que la série contient 4 archétypes, 4 figures récurrentes , qui me marquent encore aujourd'hui :
1- Les bons, les justes: Don Diego le fils, alias Zorro, Don Alexandro le père, soucieux de voir les paysans respectés et les relations humaines soustraites aux rapports de forces. Ce ne sont pas des héros prolétariens ou des militants politiques puisqu'ils campent de fiers et traditionnels aristocrates espagnols, mais ils ont le sens de la justice chevillé au corps.
2- Les méchants: le commandant et ses lanciers, figure du militaire autoritaire, brutal, fermé, inculte, exploiteur, à l'opposé de l'image de l'aristocrate raffiné. Ce commandant, c'est celui qu'on ne peut que détester, que rien ne peut sauver, c'est l'anti-Zorro.
3- Les idiots: le sergent Garcia, alcoolique, et son caporal, très bêtes l'un comme l'autre, et d'abord bêtement disciplinés, malins quand même, soumis au commandant mais amis avec Don Diego. Il me faudra bien des années pour comprendre que les idiots en politique sont autant idiots qu'ils jouent aux idiots, bien avec tout le monde pour ne se fâcher avec personne, et obséquieux envers plus puissants qu'eux, et attendant de pouvoir y gagner un petit quelque chose, comme Garcia tout content quand on l'honore ou lui donne une bouteille de vin.
4- les exploités, les innocents, les victimes: les paysans, les péones, ceux qui n'ont pas le pouvoir et dont l'existence dépend de ceux qui ont le pouvoir. Normalement, c'est pour eux qu'on fait de la politique.
Zorro n'est pas une série socialiste, ni de près ni de loin. Il n'empêche que les archétypes qu'elle véhicule ont contribué, involontairement, à mon socialisme: les justes, les méchants, les idiots et les exploités demeurent les personnages emblématiques de ce théâtre d'ombre qu'est la politique. Ces 4 archétypes s'articulent autour de 3 thématiques un peu plus complexes, mais tout autant déterminantes dans la formation de ma conscience politique:
a- La justice: il y a bien des raisons pour faire de la politique, la lutte pour la liberté, l'égalité, la solidarité, la prospérité, la grandeur, la paix, etc. Mais ce que Zorro m'a appris et qui me restera, c'est que le motif le plus élevé, c'est celui-là, la justice. Si aujourd'hui je combats Sarkozy, Bertrand et leur gouvernement, ce n'est pas parce que je ne trouve pas chez ces hommes et dans cette politique des qualités, mais parce qu'il en manque une, essentielle à mes yeux, le sens de la justice.
b- L'ambivalence: le coeur de la série, c'est l'ambiguïté Diego/Zorro, l'oisif poète, beau garçon paresseux et lâche qui fait le désespoir de son père, et Zorro le courageux justicier. Cette thématique, on la retrouve dans d'autres figures semblables, Superman et Batman (celui-ci prenant dans mon coeur, à l'âge adulte, la place de Zorro). Thème fort complexe, qui suppose que la justice ne pourrait jamais vraiment agir à visage découvert. Je vous laisse y réfléchir...
c- La victoire: enfant, ce qui m'impressionnait le plus dans le générique de Zorro, c'était les derniers mots, "vainqueur tu l'es à chaque fois". Cette formule péremptoire était aussi formidable qu'irréelle. C'est là où j'ai appris, bien plus tard, que la politique ne correspondait hélas pas à cette affirmation, et que Zorro était dans ma conscience la part de l'imaginaire.
Nos jeunes enfants, regardent-ils et aiment-ils aujourd'hui Zorro?
Hasta pronto, Senor, Senora.
2 Comments:
Bien que représentant la "gauche pourrie exaltéee", je ne peux qu'applaudir à ce post.:))
By Unknown, at 6:38 PM
Zorro nous réconcilie, c'est déjà bien...
By Emmanuel Mousset, at 7:29 PM
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