Un beau salaud.
Bonjour à toutes et à tous.
J'ai regardé hier soir, sur France 3, à 23h15, un documentaire sur René Bousquet. Fascinant et instructif pour aujourd'hui. Bousquet n'est pas un politique (sa seule candidature à une élection, à la fin des années 50, il se plante), pas un idéologue, pas un intellectuel. C'est un administrateur, un gestionnaire, visage lisse, bien fringué, rassurant, et surtout plein de qualités: compétent, efficace, intelligent. C'est ça, Bousquet, un salaud qui n'a pas la tête, les allures, le langage d'un salaud. Bref, le pire de tous les salauds.
Ses saloperies, tout le monde maintenant les connaît: il a supervisé et organisé la déportation des juifs en France, en mettant un point d'honneur à se passer des Allemands dans cette tâche. Mais ce qui fascine dans le personnage, ce qui m'intéresse dans son histoire, c'est autre chose: comment ce beau salaud a-t-il pu, très vite, se faire oublier, comment a-t-il pu, malgré son passé, réussir dans la société, y compris là où on ne l'attendait pas vraiment, ... à gauche?
Car j'ai deux images, deux photos de Bousquet qui impressionnent, au sens propre du terme: années 40, il rit en compagnie d'officiers allemands, cigarette à la main, manteau avec col en fourrure, une sorte de dandy, un homme affable, élégant, bref le beau salaud dans toute sa splendeur. Et puis, le choc: années 70, Latché, à la table de Mitterrand, Danielle en face, Bousquet est là, l'arrogance et l'élégance en moins, mais discret, toujours affable, on se croirait dans une scène du film de Claude Sautet, sorti à peu près à la même époque, "Vincent, François, Paul... et les autres". Je n'entre pas dans le débat: Mitterrand savait-il ou pas? Il s'est expliqué, chacun jugera. Non, ce qui m'intrigue, c'est comment un salaud peut faire carrière.
Bousquet, sa motivation, son ambition, ce ne sont pas les idées, les convictions: il a navigué entre Vichy et le centre-gauche. Sa passion, c'est le pouvoir, n'importe lequel, n'importe où, pourvu qu'il y ait du pouvoir à prendre, et si possible le plus élevé: préfecture, gouvernement, banque, presse, Bousquet va rôder dans tous ses milieux. Le pouvoir qu'il recherche, c'est le pire des pouvoirs: celui de l'ombre, des coulisses, où personne ne vous contrôle, où vous pouvez tout faire. Le pouvoir politique (le seul où Bousquet ait échoué), c'est le plus noble, le plus sain des pouvoirs: celui que vous obtenez de la population, par l'élection, un pouvoir en pleine lumière.
Bousquet est allé là où il y avait du pouvoir à prendre, guidé par les circonstances (un vrai homme de pouvoir est toujours guidé par les circonstances, jamais par les convictions). Il aurait pu se retrouver parmi les giscardiens, les Républicains indépendants, les Indépendants et Paysans, toute une mouvance qui a recyclé d'anciens collabos. Finalement, le hasard, les amitiés, les services rendus l'ont conduit du côté de la Dépêche du Midi, des radicaux-socialistes et de Mitterrand. L'homme de pouvoir n'a qu'une seule idéologie: l'opportunisme.
Aujourd'hui, Bousquet n'est plus là, le beau salaud a fini de sourire, mais nous devons avoir, quand on fait un peu de politique, ce contre-exemple, cet anti-modèle à l'esprit. A notre niveau, très modestement, dans notre société d'aujourd'hui, méfions-nous de tous ceux qui sourient, qui portent beau, qui sont prêts à rendre service, qui exhibent leurs compétences, qui n'affichent aucune conviction particulière, qui sont sympas avec tout le monde, méfions-nous des travailleurs de l'ombre, des bureaucrates, des apparatchiks, des éminences grises, des serviteurs dévoués, des conseillers occultes, des organisateurs indispensables. Tous très beaux, trop beaux, et qui peuvent un jour ou l'autre, comme René Bousquet, devenir de beaux salauds.
Bonne matinée.
J'ai regardé hier soir, sur France 3, à 23h15, un documentaire sur René Bousquet. Fascinant et instructif pour aujourd'hui. Bousquet n'est pas un politique (sa seule candidature à une élection, à la fin des années 50, il se plante), pas un idéologue, pas un intellectuel. C'est un administrateur, un gestionnaire, visage lisse, bien fringué, rassurant, et surtout plein de qualités: compétent, efficace, intelligent. C'est ça, Bousquet, un salaud qui n'a pas la tête, les allures, le langage d'un salaud. Bref, le pire de tous les salauds.
Ses saloperies, tout le monde maintenant les connaît: il a supervisé et organisé la déportation des juifs en France, en mettant un point d'honneur à se passer des Allemands dans cette tâche. Mais ce qui fascine dans le personnage, ce qui m'intéresse dans son histoire, c'est autre chose: comment ce beau salaud a-t-il pu, très vite, se faire oublier, comment a-t-il pu, malgré son passé, réussir dans la société, y compris là où on ne l'attendait pas vraiment, ... à gauche?
Car j'ai deux images, deux photos de Bousquet qui impressionnent, au sens propre du terme: années 40, il rit en compagnie d'officiers allemands, cigarette à la main, manteau avec col en fourrure, une sorte de dandy, un homme affable, élégant, bref le beau salaud dans toute sa splendeur. Et puis, le choc: années 70, Latché, à la table de Mitterrand, Danielle en face, Bousquet est là, l'arrogance et l'élégance en moins, mais discret, toujours affable, on se croirait dans une scène du film de Claude Sautet, sorti à peu près à la même époque, "Vincent, François, Paul... et les autres". Je n'entre pas dans le débat: Mitterrand savait-il ou pas? Il s'est expliqué, chacun jugera. Non, ce qui m'intrigue, c'est comment un salaud peut faire carrière.
Bousquet, sa motivation, son ambition, ce ne sont pas les idées, les convictions: il a navigué entre Vichy et le centre-gauche. Sa passion, c'est le pouvoir, n'importe lequel, n'importe où, pourvu qu'il y ait du pouvoir à prendre, et si possible le plus élevé: préfecture, gouvernement, banque, presse, Bousquet va rôder dans tous ses milieux. Le pouvoir qu'il recherche, c'est le pire des pouvoirs: celui de l'ombre, des coulisses, où personne ne vous contrôle, où vous pouvez tout faire. Le pouvoir politique (le seul où Bousquet ait échoué), c'est le plus noble, le plus sain des pouvoirs: celui que vous obtenez de la population, par l'élection, un pouvoir en pleine lumière.
Bousquet est allé là où il y avait du pouvoir à prendre, guidé par les circonstances (un vrai homme de pouvoir est toujours guidé par les circonstances, jamais par les convictions). Il aurait pu se retrouver parmi les giscardiens, les Républicains indépendants, les Indépendants et Paysans, toute une mouvance qui a recyclé d'anciens collabos. Finalement, le hasard, les amitiés, les services rendus l'ont conduit du côté de la Dépêche du Midi, des radicaux-socialistes et de Mitterrand. L'homme de pouvoir n'a qu'une seule idéologie: l'opportunisme.
Aujourd'hui, Bousquet n'est plus là, le beau salaud a fini de sourire, mais nous devons avoir, quand on fait un peu de politique, ce contre-exemple, cet anti-modèle à l'esprit. A notre niveau, très modestement, dans notre société d'aujourd'hui, méfions-nous de tous ceux qui sourient, qui portent beau, qui sont prêts à rendre service, qui exhibent leurs compétences, qui n'affichent aucune conviction particulière, qui sont sympas avec tout le monde, méfions-nous des travailleurs de l'ombre, des bureaucrates, des apparatchiks, des éminences grises, des serviteurs dévoués, des conseillers occultes, des organisateurs indispensables. Tous très beaux, trop beaux, et qui peuvent un jour ou l'autre, comme René Bousquet, devenir de beaux salauds.
Bonne matinée.
31 Comments:
D'accord sur votre analyse du personnage Bousquet.C'est évident.
En revanche votre conclusion est d'un pessimisme à mourir!
Elle ne peut être que le résultat de votre maladie actuelle:l'acédie.
C'est un peu votre image à l'envers,en effet s'il fallait se méfier des gens que vous décrivez, ça fait peur:
-vous ne souriez jamais
-c'est vrai on ne peut pas dire que vous portez beau
-vous ne rendez pas service à vos camarades
-vous exhibez vos compétences au dela du raisonnable
-vous avez des convictions contradictoires
-vous êtes un immense imposteur car vous vous présentez comme un philosophe de gauche, alors que vous n'etes ni philosophe ni de gauche
-vous vous croyez indispensable
Et pourtant je ne dis pas de vous que vous etes un beau salaud.
Vous voyez ce n'est pas si simple.
Il y a donc des raisons d'espérer.
By Anonyme, at 2:14 PM
Finalement, j'ai de la chance avec vous: vous ne me comparez pas à René Bousquet! Je l'ai échappé belle. C'est toujours ça de gagné...
By Emmanuel Mousset, at 3:01 PM
Si c'est pour répéter ce que je dis dans ma conclusion, c'est inutile, abstenez vous...et surtout reposez vous.
By Anonyme, at 3:28 PM
Lu dans l'équipe ce matin:
la devise des Shadoks,
en essayant continuellement on finit par réussir.
Donc: PLUS CA RATE, PLUS ON A DES CHANCES QUE CA MARCHE.
By grandourscharmant, at 3:56 PM
A l'anonyme:
Quoi de mal à répéter des vérités? Il n'y a que les mensonges qui sont embêtants.
By Emmanuel Mousset, at 4:05 PM
A l'ours miteux:
L'encyclopédie, L'Equipe, les Shadocks. Paris-Turf et le Journal de Picsou, c'est pour quand?
By Emmanuel Mousset, at 4:07 PM
Emmanuel
Je me marre, je me souviens d'un commentaire ou je vous avais paraprasé, vous m'aviez répondu:"pauvre imbécile, vous n'etes juste bon qu'a reprendre mes propos"etc..
Comme quoi!
By Anonyme, at 4:21 PM
encore une erreur factuelle grave,
le journal de mickey ou picsou magazine
mais pas le journal de picsou ou mickey magazine.
hier on a eu droit au boulgi boulga au lieu du gloubi boulga
un peu de pertinence, plutot que d'étaler votre ignorace.
peut etre que pour vous, que ce soit à peu pres ça est suffisant.
Mais,hélas pour vous, le monde est cruel encore une fois, certains font preuves de plus de rigueur.
Quel drole de monde quand meme que celui là qui refuse de faire de vos limites et de vos incapacités la norme
By grandourscharmant, at 4:35 PM
A l'anonyme paraphraseur:
Quand vous serez capable de paraphraser mes billets, je vous applaudirais. Mais quelques mots ici ou là, oui, c'est imbécile. Mais si ça vous fait plaisir...
By Emmanuel Mousset, at 6:38 PM
A l'ours miteux:
Que vous soyez expert en encyclopédie et en littérature pour enfants, on le sait, inutile d'étaler votre infantilisme.
By Emmanuel Mousset, at 6:40 PM
Décidément ça va pas fort pour vous Emmanuel.
Vous me reprochez ce que vous venez de faire.Quelques mots ici ou là...
En fait vous ne répondez plus à personne.
Est ce que ça peut durer longtemps une maladie comme l'acédie?
By Anonyme, at 6:50 PM
Je ne réponds pas aux idiots. Adressez-vous à quelqu'un d'autre pour votre question idiote.
By Emmanuel Mousset, at 8:50 PM
Par son côté paranoïaque, l'acédiaque est un rebelle contre sa condition et contre un système oppressant et aliénant qu'il ne peut plus supporter. C'est un contestataire en puissance dont l'agressivité est prête à surgir. Il peut, dans ce cas là, sortir de sa torpeur. Alors, le côté paranoïaque de combat se manifeste par la surestimation de soi, l'absence d'autocritique et la fausseté du jugement, la méfiance, la susceptibilité et les difficultés de l'insertion sociale. Nos acédiaques, idéalistes rêveurs, sont aussi paranoïaques de souhait car ils élaborent le monde, y compris celui du travail, selon un "système" théorique pseudo-logique.
L'acédie n'est pas une simple
dépression au sens psychiatrique du terme. C'est une crise existentielle liée à un idéal élevé, à une ambition spirituelle, sociale ou professionnelle, à une norme, à une performance et à une exigence d'efficacité que l'acédiaque miné par son obsession s'impose. L'acédie est intimement liée au désir de réussir, même au cours d'une pratique professionnelle modeste. Mais l'acédiaque souffre de devoir faire effort pour atteindre le dessein qu'il s'est fixé. Il voudrait le réaliser spontanément, sans lutter, sans se forcer.
By grandourscharmant, at 9:27 PM
C'est mon portrait? Vous me gâtez!
By Emmanuel Mousset, at 10:25 PM
En tout cas les explications de GOC sont très intéressantes.
By Anonyme, at 3:01 AM
Il faut dire: très, très, très, très, très intéressantes. Et puis, ne vous rabaissez: vous pourriez faire, vous aussi, aussi bête que lui. Il suffit d'ouvrir une encyclopédie et de la recopier. Vous avez ça chez vous?
By Emmanuel Mousset, at 7:45 AM
N'est ce pas ce que vous faites à longueur de post, recopier ce que vous avez lu dans la presse.
Mais visiblement, cela vous est autorisé à vous
et puis je suis un homme de mon époque, moi, rien ne vaut un copier collé.
Le but étant juste de mettre à disposition de ceux qui voudront bien les lire des informations existantes.
Je ne prétends pas inventer, juste transmettre.
Pensez vous que vos lecteurs ne soient pas capables de se rendre compte de votre obscurantisme ?
Vous critiquez le messager que je suis, car le message vous échappe et que vous n'avez pas de prise sur lui.
Vous etes pédant, c'est bien pour cela que vous ne supportez la connaissance, elle ne fait que montrer vos limites.
Le message idéologique me semble clair pourtant, prenez la peine de vérifier ce qu'on vous dit, il existe des outils pour le faire.
Ne vous laissez pas abuser, la connaissance et le savoir sont à portée de main de celui qui veut bien s'en donner la peine.
Finalement, vous ne faites que justifier et expliquer ma défiance vis à vis des enseignants.
Car plutot que d'encourager ma démarche de partage et de transmission de savoir, vous ne pensez qu'à la réprimer car elle vous dérange.
Vous me reprochez de ne pas etre ignorant et de chercher à m'instruire, car ma connaissance m'émancipe de votre domination.
By grandourscharmant, at 8:34 AM
Si vous confondez le commentaire d'un texte et sa répétition, je ne peux plus rien pour vous... et votre encyclopédie non plus.
By Emmanuel Mousset, at 1:17 PM
A EM
Il y a quand même des moments ou l'on préfère l'original à la copie, même commentée, si tu vois ce que je dire.
By Anonyme, at 2:19 PM
Je vois surtout que vous ne comprenez toujours rien, mais c'est peut-être dans votre nature:
Un texte original ne devient intéressant, pour celui qui le lit, qu'à partir du moment où il en fait un commentaire, c'est-à-dire une réflexion sur ce texte.
De même, sur ce blog, on commente mes billets, on réagit, on les critique, mais on ne les reproduit pas (parfois même on les conteste!).
Je ne veux pas faire mon malin, surtout avec vous, mais l'art d'interpréter les textes s'appelle l'herméneutique. Ceci dit, je ne veux pas non plus compliquer les choses, puisque vous saisissez déjà mal ce qui est très simple à comprendre.
Ne me dites pas que vous n'avez toujours pas compris, je vais retomber dans mon acédie!
By Emmanuel Mousset, at 4:52 PM
Commenter c'est faire des remarques sur un texte.
Réfléchir c'est autre chose si vous permettez!
J'ai peur que vous ne retombiez dans votre acédie!
By Anonyme, at 12:32 AM
Moi j'ai peur que vous retombiez dans votre connerie: qu'est-ce qu'un commentaire de texte, tel qu'on le pratique à l'école, sinon une réflexion sur un texte? Mais peut-être avez-vous quitté l'école depuis longtemps, ou même n'y êtes-vous jamais allé?
By Emmanuel Mousset, at 9:56 AM
Ouvrez juste un dictionnaire!
je ne peux rien pour vous.
By Anonyme, at 12:27 PM
L'ours a son encyclopédie, et vous votre dictionnaire. Eh bin dites donc! C'est vraiment du basique. A quand l'alphabet et la table des opérations? Je sais bien que nous sommes en période de rentrée, mais tout de même...
By Emmanuel Mousset, at 5:01 PM
La table des opérations ça ne vous ferait pas de mal!
By Anonyme, at 8:51 PM
Je la connais par coeur. Je sais par exemple qu'en additionnant les poperénistes et les trotskistes, on divise le PS, on soustrait des voix et on multiplie les possibilités d'échec. Très fort, non?
By Emmanuel Mousset, at 9:27 PM
Très con surtout mais mais je dois avouer que vos commentaires débiles me divertissent.
By Anonyme, at 2:07 PM
J'essaie de faire des commentaires qui soient à votre niveau. La débilité, je crois que ça vous convient très bien. J'en suis heureux pour vous. Si mes commentaires sont néanmoins, par mégarde, un peu trop subtils pour vous, n'hésitez pas à me prévenir, je baisserai encore le niveau. Vous voyez, je pense à vous.
By Emmanuel Mousset, at 8:34 PM
Jusqu'ou pourrez vous aller dans la bétise?
By Anonyme, at 10:02 PM
Aussi bas que vous pouvez vous trouver, c'est-à-dire très profond.
By Emmanuel Mousset, at 11:13 PM
Vous le montrez parfaitement!
By Anonyme, at 11:29 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home