La tristesse et la honte.

Bonjour à toutes et à tous.

Dans mon billet d'hier, je vous disais combien je souhaitais mais aussi combien je redoutais la rentrée de l'opposition municipale, tellement celle-ci est désordonnée, incohérente, et pour tout dire pas sérieuse. Il y a des jours où l'on aimerait avoir tort au lieu d'avoir honte. Parce que j'ai honte, ce matin, quand je vois l'image que le Parti socialiste à Saint-Quentin donne de lui-même.

En couverture de L'Aisne Nouvelle, j'apprends l'inimaginable (et pourtant Dieu sait si je m'attendais au pire avec cette opposition, mais pas à ça!): un conseiller municipal d'opposition, MRC, Antonio Ribeiro, rejoint Pierre André, six mois à peine après avoir été élu! Du jamais vu: des élus qui démissionnent, oui, certains qui changent de camp en cours de mandat, ça arrive quelquefois, mais là, c'est le pompon.

Pourtant, rien de surprenant, et Bertrand Duchet, dont le jugement est toujours aussi perspicace, l'a bien compris dans sa petite analyse: parlant de la liste PS-extrême gauche, il évoque "une liste bigarrée à souhait, qui regroupe alors sept formations politiques mais qui, au final, n'aura guère séduit les électeurs", une opposition municipale qui "peine à faire entendre sa voix" et un leader discrédité, sans autorité: "cerné par l'extrême gauche, Jean-Pierre Lançon peut difficilement tenir des troupes qui ne sont pas les siennes." Et Duchet aurait pu ajouter: les siennes, elles ne le suivent pas, puisque la majorité des socialistes saint-Quentinois ne voulaient ni de ce candidat, ni de cette alliance, ni de cette liste.

De ce vrai scandale, de cette misérable bouffonnerie, faisons une lecture politique, et pas psychologique: il ne s'agit pas d'un désaccord entre deux hommes, mais des premières conséquences de la désastreuse liste de la "gauche maxi-plurielle", infidèle à la ligne réformiste du PS, méprisant les votes de la section, jouant l'opportunisme et les pratiques d'appareil. Et ce n'est pas fini! Ce départ, qui en annonce peut-être d'autres (il faut désormais s'attendre à tout!), va renforcer le poids de l'extrême gauche au sein de l'opposition municipale, au détriment de la gauche socialiste.

Il faut lire de près l'interview que donne Ribeiro à L'Aisne Nouvelle: c'est édifiant! Extraits:

A propos de l'opposition: "les intérêts de chacun priment désormais sur l'intérêt collectif. C'est du chacun pour soi et tout le monde y va au petit bonheur la chance". De qui se moque-t-il, l'ex "camarade"? Il ne le savait donc pas, au moment d'entrer dans cette liste, qu'elle était un assemblage invraisemblable de poperénistes, lambertistes, gremetziens, prêt à péter au moindre soubressaut?

Et ça: "je constate que l'opposition, loin d'apporter des solutions, se contente d'être dans la critique systématique". Il espérait quoi, le Ribeiro, avec trois élus trotskistes? Que cette opposition radicale allait bien gentiment pratiquer une politique réformiste?

Sur son chef de file: "il semble plus préoccupé par la volonté de reprendre en main la section de Saint-Quentin que par la conduite de l'opposition. A chacun ses priorités. Toutefois, j'ai du mal à voir Jean-Pierre incarner l'avenir de notre ville." Et Ribeiro s'en rend compte maintenant, que les enjeux internes priment tout? Du foutage de gueule, tout ça! A vomir...

Le plus drôle, le plus bouffon, c'est l'aveu de Ribeiro: "je n'ai pas honte de dire qu'avant ces élections, j'avais toujours voté à droite". Non, vous avez bien lu, je n'ai pas fait de fautes de frappe, Antonio Ribeiro est un électeur de droite intégré à une liste où figurent trois formations d'extrême gauche. Ca aussi, c'est du jamais vu. Ribeiro n'a pas honte, mais moi j'ai honte, pour nous tous, pour le PS, pour la gauche, pour l'image dégradée, négative qu'elle offre à l'opinion, dans la deuxième ville de Picardie. Il faudra, dans les prochains jours, les prochaines semaines, que les socialistes se ressaisissent, qu'ils mettent un terme à cette calamiteuse expérience de "gauche maxi-plurielle". Il faut en sortir, il n'y a pas d'autre issue.


Bonne fin de matinée.