Le chouchou de la presse.

Bonsoir à toutes et à tous.

On ne parle que de lui dans la presse d'aujourd'hui: Xavier Bertrand, bien sûr, depuis sa nomination à la tête de l'UMP. Dans ce genre de situation, on félicite le promu. Mais je n'en ai pas vraiment envie. Ma façon de saluer l'événement sera d'être présent demain midi devant sa permanence, au rassemblement dans le cadre de la journée d'action pour la défense de l'Ecole Publique.

Cette exposition médiatique, qui ne fait que commencer, est un autre aspect de cette mauvaise nouvelle dont je vous parlais hier. Déjà, en tant que ministre, Xavier Bertrand était très présent dans les médias. Il le sera encore plus en tant que patron de l'UMP. Des ministres, il y en a beaucoup. Chef de la droite, après Sarkozy bien sûr, il n'y en a qu'un, lui, Bertrand. Ne comptons pas sur l'usure: ce genre de bête politique est increvable.

Et puis, sur Saint-Quentin, redevenir député lui permettra de retrouver des liens qu'il n'a il est vrai jamais véritablement rompus. Il faudra beaucoup de volonté, d'intelligence et d'unité à la gauche pour faire face à l'animal et un jour le battre. Je reste persuadé, comme je l'avais dit au journaliste du Point venu m'interroger, que Xavier Bertrand ne sera stoppé dans son ascension que par la base. C'est à elle qu'il doit ses victoires, c'est elle qui le fera choir. Au sommet, ce type d'homme ne peut que l'emporter, par la malignité. Sur le terrain, c'est autre chose. On peut embobiner son monde un temps, pas tout le temps. Jusqu'à quand? Ca, c'est une autre histoire...

J'en reviens à la presse de ce matin. Est-elle bonne ou mauvaise pour Bertrand? Ni l'un ni l'autre. Deux mots cernent le bonhomme: ambition et compétence. Après, c'est fini, il n'y a plus rien à voir. Avec ça, on ne va pas journalistiquement très loin. Le personnage n'est pas psychologiquement très riche. Même sa méchanceté est basique. J'ai quand même pêché quelques bons mots à son propos, dans la page spéciale que lui consacre L'Union d'aujourd'hui:

Gilles Grandpierre: "En élève studieux, Bertrand a retenu la leçon, cultivant l'art de la fausse modestie, mélange consommé de bonhomie rondouillarde et d'autorité souriante, la vanne "popu" et le tutoiement facile, une disponibilité militante de tous les instants et une habileté confondante à mordre en donnant l'air de caresser."

C'est bien vu. Etre tutoyé par Bertrand, c'est pire que tout, la quasi preuve que vous êtes passé de son côté, ou du moins qu'il garde l'espoir de vous y entraîner. J'échappe à ça, quel bonheur! Nous ne sommes pas tant, dans la gauche saint-quentinoise. Mais je suis vieux jeu: je vouvoie toujours un adversaire politique (sauf quand c'est un collègue de travail).

Jean-Pierre Balligand, parlant de notre homme: "Une sorte de Rastignac déguisé en Père Goriot." Très joli. Je ne suis pas sûr que l'intéressé lui-même comprenne...

Jean-François Copé, prévenant Sarkozy: "Tu as prévu de filer les clés de l'UMP à Xavier Bertrand. Tu devrais en garder un double." C'est insuffisant: moi, à sa place, je changerai carrément les serrures.

Maintenant, nous connaissons la feuille de route de Bertrand: la préparation des européennes de 2009, des régionales de 2010, des cantonales de 2011 et des présidentielles de 2012. Un scrutin par an, du boulot en perspective! Si la gauche n'adopte pas elle aussi ce calendrier, si elle ne se couche pas tard le soir ou ne se lève pas tôt le matin, elle ne fera pas de vieux os. Sans compter que Bertrand a surligné une dernière date dans son agenda: 2017, mais pour son compte, cette fois. C'est vous dire si la gauche saint-quentinoise a une mission historique: empêcher tout ça.


Bonne soirée.