Lui et moi.
"Vous n'êtes pas en train d'écrire sur votre blog, vous?!" J'étais devant un stand du téléthon, ce matin, lors de l'inauguration officielle, puisque j'ai participé à la manifestation en animant un café-philo sur le thème de la dignité, jeudi soir, au Foyer de Vie de l'APF, Association des Paralysés de France. Et j'ai entendu cette apostrophe, qui n'était évidemment pas un compliment.
Je suis habitué, depuis environ une année, qu'on me parle de mon blog, spontanément, quand on me rencontre. Ca ne me gêne pas, bien sûr et au contraire, mais je n'aimerais pas non plus qu'on ne retienne que ça de moi, tellement je fais bien d'autres choses. J'ai tranquillement répondu à mon interpellateur de ce matin que je ne passais pas tout mon temps à écrire (cela d'ailleurs n'en serait-il pas moins vrai que je n'aurais pas à m'en excuser, tant c'est une belle et honorable activité que d'écrire).
Mais l'individu en question ne s'est pas attardé à mes côtés, il avait mieux à faire, et j'ai senti dans sa réplique toutes les nuances de l'indifférence, du dédain et du mépris. Il faut dire que c'est un homme d'action et de pouvoir, qui n'a que faire d'un type comme moi qui gratte des pages sur un écran. A ses yeux, l'ordinateur, c'est sûrement pour s'informer et ordonner, pas pour écrire. Cet individu, je n'en n'aurais rien dit, si vous ne le connaissiez pas, aussi bien que moi, et qui n'est pas n'importe qui, un ministre, celui du Travail.
La petite cérémonie avait commencé sans lui, en présence des responsables du téléthon et des élus municipaux, elle allait se terminer sans lui, s'il n'était brusquement arrivé, une caméra au cul et des poignées de main à revendre. Il s'est emparé du micro et nous a infligé son speech. C'est qu'il n'est pas seulement ministre du Travail, mais aussi de la Solidarité. D'habitude, il n'est pas aussi volubile et pressé, car le sénateur-maire, c'est-à-dire son patron, est présent. Au contraire, il surjoue la modestie, le profil bas, l'effacement. Il serait mal venu qu'un chouchou rivalise avec son professeur. Chacun à sa place.
Mais ce matin, en l'absence du calife, l'homme s'est laissé aller à son naturel, devenir à son tour le calife. Il le fait d'ailleurs très bien, sans avoir à se forcer. Depuis des années, à Saint-Quentin, il ronge son frein, n'étant pas le numéro un. Quand il le devient, le temps d'une inauguration, il le fait sentir, il le fait savoir, et ça lui plaît bien. Il lui reste cinq ans à attendre avant de s'asseoir dans le fauteuil de maire, la vraie consécration en politique.
Ministre on l'est par relations, député parce que le contexte national vous porte, et conseiller général dans le canton Saint-Quentin Nord, ça fait 50 ans que n'importe quel homme de droite s'y fait élire, alors... Mais maire, on le doit beaucoup à soi, à sa personnalité, à son travail, surtout quand on se fait réélire, encore plus quand on entame son 3ème mandat. Pierre André est dans cette situation-là, qui explique sa popularité. Xavier Bertrand, lui, attend l'héritage. Pour Saint-Quentin, pour les Saint-Quentinois, pour la gauche, pour vous, pour moi, je souhaite de tout coeur qu'il n'y parvienne pas.
Ce n'est pas, chez moi, un parti pris bébête de socialiste: j'apprécie humainement la plupart des hommes et des femmes de la droite locale, en premier lieu son patron (politiquement, nous sommes adversaires, c'est normal), mais je n'aime pas Xavier Bertrand, pour les raisons que vous savez et que je développe régulièrement. J'ai dit, plus haut, que la gauche a tout à craindre d'une victoire locale de Bertrand (Pierre André, à côté, c'est l'abbé Pierre!). J'ajoute qu'une partie de la droite, elle aussi, a beaucoup à redouter de cet homme, parce que c'est un homme de pur pouvoir, qu'il n'existe, qu'il ne vit que pour ça.
"Vous n'êtes pas en train d'écrire sur votre blog, vous?!" Ce matin non, mais en ce moment si, et pour longtemps encore...
Bonne fin d'après-midi.
Je suis habitué, depuis environ une année, qu'on me parle de mon blog, spontanément, quand on me rencontre. Ca ne me gêne pas, bien sûr et au contraire, mais je n'aimerais pas non plus qu'on ne retienne que ça de moi, tellement je fais bien d'autres choses. J'ai tranquillement répondu à mon interpellateur de ce matin que je ne passais pas tout mon temps à écrire (cela d'ailleurs n'en serait-il pas moins vrai que je n'aurais pas à m'en excuser, tant c'est une belle et honorable activité que d'écrire).
Mais l'individu en question ne s'est pas attardé à mes côtés, il avait mieux à faire, et j'ai senti dans sa réplique toutes les nuances de l'indifférence, du dédain et du mépris. Il faut dire que c'est un homme d'action et de pouvoir, qui n'a que faire d'un type comme moi qui gratte des pages sur un écran. A ses yeux, l'ordinateur, c'est sûrement pour s'informer et ordonner, pas pour écrire. Cet individu, je n'en n'aurais rien dit, si vous ne le connaissiez pas, aussi bien que moi, et qui n'est pas n'importe qui, un ministre, celui du Travail.
La petite cérémonie avait commencé sans lui, en présence des responsables du téléthon et des élus municipaux, elle allait se terminer sans lui, s'il n'était brusquement arrivé, une caméra au cul et des poignées de main à revendre. Il s'est emparé du micro et nous a infligé son speech. C'est qu'il n'est pas seulement ministre du Travail, mais aussi de la Solidarité. D'habitude, il n'est pas aussi volubile et pressé, car le sénateur-maire, c'est-à-dire son patron, est présent. Au contraire, il surjoue la modestie, le profil bas, l'effacement. Il serait mal venu qu'un chouchou rivalise avec son professeur. Chacun à sa place.
Mais ce matin, en l'absence du calife, l'homme s'est laissé aller à son naturel, devenir à son tour le calife. Il le fait d'ailleurs très bien, sans avoir à se forcer. Depuis des années, à Saint-Quentin, il ronge son frein, n'étant pas le numéro un. Quand il le devient, le temps d'une inauguration, il le fait sentir, il le fait savoir, et ça lui plaît bien. Il lui reste cinq ans à attendre avant de s'asseoir dans le fauteuil de maire, la vraie consécration en politique.
Ministre on l'est par relations, député parce que le contexte national vous porte, et conseiller général dans le canton Saint-Quentin Nord, ça fait 50 ans que n'importe quel homme de droite s'y fait élire, alors... Mais maire, on le doit beaucoup à soi, à sa personnalité, à son travail, surtout quand on se fait réélire, encore plus quand on entame son 3ème mandat. Pierre André est dans cette situation-là, qui explique sa popularité. Xavier Bertrand, lui, attend l'héritage. Pour Saint-Quentin, pour les Saint-Quentinois, pour la gauche, pour vous, pour moi, je souhaite de tout coeur qu'il n'y parvienne pas.
Ce n'est pas, chez moi, un parti pris bébête de socialiste: j'apprécie humainement la plupart des hommes et des femmes de la droite locale, en premier lieu son patron (politiquement, nous sommes adversaires, c'est normal), mais je n'aime pas Xavier Bertrand, pour les raisons que vous savez et que je développe régulièrement. J'ai dit, plus haut, que la gauche a tout à craindre d'une victoire locale de Bertrand (Pierre André, à côté, c'est l'abbé Pierre!). J'ajoute qu'une partie de la droite, elle aussi, a beaucoup à redouter de cet homme, parce que c'est un homme de pur pouvoir, qu'il n'existe, qu'il ne vit que pour ça.
"Vous n'êtes pas en train d'écrire sur votre blog, vous?!" Ce matin non, mais en ce moment si, et pour longtemps encore...
Bonne fin d'après-midi.
6 Comments:
Il ne vous serre pas la main, vous pleurnichez
Il vous adresse la parole, vous pleurnichez.
Vous devez vous fournir en gros tellement vous passez de temps à le faire.
Un peu d'humour que diable,
en tout cas,
moi, quand je vous croise,
je ne vous adresse jamais la parole.
By grandourscharmant, at 11:11 PM
Je ne pleurniche jamais, avec ou sans Bertrand. Je n'en tire d'ailleurs aucune fierté. C'est seulement un fait.
Quant à l'humour, parlez-en à votre patron (Bertrand). Il n'a pas l'air du tout d'être un rigolo. Moi, je ne demande qu'à m'amuser. Lui, je ne crois pas.
En ce qui vous concerne, je ne vous parle pas non plus, je n'adresse pas la parole aux animaux.
By Emmanuel Mousset, at 12:15 AM
Ne confondez pas le sérieux et la compétence avec le manque d'amusement.
Et si vous ne demandez qu'à vous amuser,
la vie est bien cruelle avec vous,
car elle ne doit vraiment pas etre drole tous les jours pour vous.
Il suffit de voir les drames que vous faites pour pas grand chose.
By grandourscharmant, at 10:16 AM
Idiot que vous êtes! N'avez-vous pas compris que mes drames sont factices, que je les crée à mesure de mes envies, que la vie est pour moi un vaste champ de curiosité, d'expérience et d'amusement? Vous qui êtes un lecteur assidu et même acharné de ce blog, vous n'avez aucune excuse pour ne pas le comprendre.
Quant à Bertrand, son sérieux et sa compétence, quand allez-vous comprendre que ça ne fait pas une ligne politique? C'est même un signe de faiblesse que de se replier sur des vertus qui vont de soi, dont on n'a pas besoin de se vanter, sauf quand on n'a que ça, et rien d'autres.
Vous aimez de Gaulle, je suppose. Il doit bien rester, chez le militant UMP que vous êtes, une petite part de gaullisme. Eh bien, imaginez un seul instant le grand Charles s'imposer dans la vie politique avec pour seul étendard le sérieux et la compétence. Ce serait ridicule et pitoyable, à l'image du personnage que joue Bertrand.
Si celui-ci aspirait à devenir directeur de cabinet, d'accord. Mais on me dit qu'il est ministre et qu'il aspire à une plus haute destinée. Je le crois un peu court sur pattes pour ça.
By Emmanuel Mousset, at 10:47 AM
Lecteur assidu,
n'exagérons pas,
ce doit etre le moment où je dois vous répondre que je ne passe pas tout mon temps à vous lire (cela d'ailleurs n'en serait-il pas moins vrai que je n'aurais pas à m'en excuser, tant c'est une belle et honorable activité que de lire).
Et je ne sais pas dans quel monde vous vivez pour penser que le sérieux et la compétence font forcément de soi.
Chaque jour qui passe révele les conséquences désastreuses de ce que peut produire le manque de sérieux et l'incompétence.
By grandourscharmant, at 1:26 PM
Le sérieux et la compétence sont des vertus techniques, pas politiques. Un nazi peut être sérieux et compétent, ça ne rend pas meilleure, bien au contraire, sa ligne politique.
Q'un ministre soit sérieux et compétent dans son travail, c'est la moindre des choses qu'on puisse attendre de lui. Mais ce qu'on espère, c'est autre chose, c'est une ligne politique.
Et Bertrand n'en a pas, il zigzague: Seguin, Juppé, Chirac, Villepin, Sarkozy, c'est chez lui une vieille histoire, les fidélités successives, l'absence d'une ligne politique claire et ferme. Mais toujours avec sérieux et compétence...
By Emmanuel Mousset, at 2:03 PM
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