Sarkoléon?

Bonjour à toutes et à tous.

On a souvent comparé Nicolas Sarkozy à Napoléon III, sur un mode ironique et polémique, qui a bien sûr sa place en démocratie (la satire fait partie de la liberté d'expression), mais qui ne constitue pas une analyse politique. Je trouve avec bonheur celle-ci chez l'historien Pierre Milza, spécialiste de l'Empereur, dans Le Monde du 16 novembre, page 15. L'auteur établit finement une dizaine de rapprochements possibles entre les deux personnages, dont j'ai retenu sept:

1- La politique: une manière de gouverner, l'activisme, le contrôle généralisé, la propension à tout faire soi-même se retrouvent chez eux deux.

2- L'économie: ils privilégient l'industrie et se montrent à la fois libéraux et interventionnistes.

3- La finance: l'Empereur et le Président nouent des liens d'amitié dans le monde des affaires et de la banque (jamais un président, sous la Vème République, n'était allé aussi loin que Sarkozy).

4- Le populisme: Sarkozy exalte "la France qui se lève tôt", parle comme monsieur tout le monde, Napoléon III instaure le plébiscite comme appel au peuple.

5- L'électorat: ces deux hommes de droite, d'ordre et de conservatisme social, s'appuient aussi sur les classes populaires, notamment une fraction du milieu ouvrier.

6- L'ouverture: pour brouiller les pistes, ils n'hésitent pas, l'un et l'autre, à puiser dans les idées de l'adversaire. Sarkozy fait le RSA, revenu de solidarité active, Napoléon le Petit accepte le droit de coalition en 1864.

7- Le bling-bling: l'Empereur et l'Impératrice s'étourdissent de fêtes, Nicolas Sarkozy ne rechigne pas à exhiber des signes extérieurs de richesse.

La grande différence entre Napoléon III et Nicolas Sarkozy, c'est que le second attend encore son Victor Hugo!


Bon après-midi.