Mots et maux.
Je suis passionné par les mots. C'est normal quand on aime écrire. C'est même obligatoire quand on fait de la politique. Les mots précèdent les actes. Si les uns sont faux, les autres ne seront pas justes. Un mot, entendu aujourd'hui (mais pas complètement nouveau!), a retenu mon attention et suscité ma perplexité. Il me semble l'avoir déjà évoqué, en plus de deux ans d'existence de ce blog. C'est le mot de "maraude". Vous connaissez?
C'est un mot assez joli à prononcer et agréable à entendre (aimer les mots, c'est aussi aimer leur sonorité). C'est un mot désuet, qu'on utilise presque jamais. Sauf en ce moment, quand il fait très froid. Pourquoi? Parce qu'il désigne l'assistance qu'on porte aux SDF quand on les invite à rejoindre un centre d'accueil. Et alors, me direz-vous? Où est l'intérêt? Quel est le problème?
Celui-ci: le mot de maraude a initialement un tout autre sens, totalement différent, sans aucun rapport, puisqu'il signifie un vol, généralement dans un jardin. Un maraudeur est un voleur des champs, un cambrioleur un voleur des villes, si j'ose dire. Ce rapprochement indirect entre le vol et les vagabonds, dans un retournement inattendu de sens, est troublant.
Maraude, qui est un terme ancien, est devenu à l'époque moderne la recherche par un taxi de clients. Là, on comprend un peu mieux. Les véhicules des associations circulent dans les rues pour repérer et offrir leur aide aux nécessiteux. Il n'empêche que l'analogie avec les taxis est singulière, étrange, et si je voulais pinailler, mal adaptée.
Que faut-il conclure de tout ça? Je ne sais pas, je m'interroge. J'ai l'impression que notre société se sert des mots non pour dire des vérités mais pour les atténuer, parfois les masquer. Comme si la réalité faisait peur, que les mots faisaient office de baume. Marauder? Je dirais plutôt: rechercher des SDF afin de les aider. C'est trop long? C'est plus précis, plus vrai.
Mais derrière les mots, quelle est la réalité? 360 SDF décédés cette année, 200 l'an dernier. Avec les chiffres, on ne peut pas jouer, enjoliver. La vérité, c'est que d'un hiver sur l'autre, rien ne change, et notre société n'a que sa bonne ou mauvaise conscience pour répondre au scandale de la grande pauvreté. Les Don Quichotte menacent de revenir avec leurs tentes oranges, comme il y a deux ans. Contre quels moulins à vent? Là aussi, les mots sont révélateurs...
Un dernier mot, cette fois sur le froid. Avez-vous remarqué autour de vous? Beaucoup de gens s'étonnent du grand froid (pas si grand que ça, d'ailleurs). Pourtant, c'est normal, c'est l'hiver, il fait froid. C'est ce que les météorologues appellent "les normales saisonnières". Voilà une expression qui devrait rassurer. A écouter les commentaires, on a l'impression (fausse) que ce froid serait exceptionnel. A la limite, on aurait presque envie de s'en plaindre, de protester. Non au froid! L'hiver serait "exceptionnellement doux" comme on dit parfois, on trouverait ça, pour le coup, normal. Comme si notre société de confort (sauf pour les SDF...) attendait du climat qu'il se conforme, lui aussi, à notre demande de confort.
Bonne fin d'après-midi,
et ne maraudez pas,
il fait trop froid.
C'est un mot assez joli à prononcer et agréable à entendre (aimer les mots, c'est aussi aimer leur sonorité). C'est un mot désuet, qu'on utilise presque jamais. Sauf en ce moment, quand il fait très froid. Pourquoi? Parce qu'il désigne l'assistance qu'on porte aux SDF quand on les invite à rejoindre un centre d'accueil. Et alors, me direz-vous? Où est l'intérêt? Quel est le problème?
Celui-ci: le mot de maraude a initialement un tout autre sens, totalement différent, sans aucun rapport, puisqu'il signifie un vol, généralement dans un jardin. Un maraudeur est un voleur des champs, un cambrioleur un voleur des villes, si j'ose dire. Ce rapprochement indirect entre le vol et les vagabonds, dans un retournement inattendu de sens, est troublant.
Maraude, qui est un terme ancien, est devenu à l'époque moderne la recherche par un taxi de clients. Là, on comprend un peu mieux. Les véhicules des associations circulent dans les rues pour repérer et offrir leur aide aux nécessiteux. Il n'empêche que l'analogie avec les taxis est singulière, étrange, et si je voulais pinailler, mal adaptée.
Que faut-il conclure de tout ça? Je ne sais pas, je m'interroge. J'ai l'impression que notre société se sert des mots non pour dire des vérités mais pour les atténuer, parfois les masquer. Comme si la réalité faisait peur, que les mots faisaient office de baume. Marauder? Je dirais plutôt: rechercher des SDF afin de les aider. C'est trop long? C'est plus précis, plus vrai.
Mais derrière les mots, quelle est la réalité? 360 SDF décédés cette année, 200 l'an dernier. Avec les chiffres, on ne peut pas jouer, enjoliver. La vérité, c'est que d'un hiver sur l'autre, rien ne change, et notre société n'a que sa bonne ou mauvaise conscience pour répondre au scandale de la grande pauvreté. Les Don Quichotte menacent de revenir avec leurs tentes oranges, comme il y a deux ans. Contre quels moulins à vent? Là aussi, les mots sont révélateurs...
Un dernier mot, cette fois sur le froid. Avez-vous remarqué autour de vous? Beaucoup de gens s'étonnent du grand froid (pas si grand que ça, d'ailleurs). Pourtant, c'est normal, c'est l'hiver, il fait froid. C'est ce que les météorologues appellent "les normales saisonnières". Voilà une expression qui devrait rassurer. A écouter les commentaires, on a l'impression (fausse) que ce froid serait exceptionnel. A la limite, on aurait presque envie de s'en plaindre, de protester. Non au froid! L'hiver serait "exceptionnellement doux" comme on dit parfois, on trouverait ça, pour le coup, normal. Comme si notre société de confort (sauf pour les SDF...) attendait du climat qu'il se conforme, lui aussi, à notre demande de confort.
Bonne fin d'après-midi,
et ne maraudez pas,
il fait trop froid.
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