Spaggiari et Mesrine.
Bonjour à toutes et à tous.
Après Hitler hier, je vais vous parler ce samedi matin de Mesrine et Spaggiari. C'est vrai, mes centres d'intérêts ne sont pas très évangéliques, en cette semaine de Noël. Et alors? J'ai vu les films consacrés aux deux gangsters des années 70. Du bon cinoche, même si ça n'est pas du grand cinéma. En tout cas, voilà deux grandes figures du banditisme contemporain qui méritent quelques réflexions, et d'abord leurs points communs, au nombre de trois:
1- Fantaisistes. Oui, ils le sont tous les deux, chacun à sa façon, fantaisistes. Ce ne sont pas des voyous comme les autres. Spaggiari, qui n'a rien d'un hippy, inscrit cette formule très peace and love sur les murs de la Société Générale qu'il cambriole (en creusant un tunnel par les égouts!): "Ni haine, ni violence et sans armes". Généralement, un voyou de cette envergure est tout le contraire: haineux, violent et bien sûr armé. Mesrine, lui aussi, est un fêlé, prenant d'assaut une prison au Canada, parce qu'il s'en est évadé et qu'il a promis à ses codétenus qu'il viendrait les libérer! Si Spaggiari c'est un peu Arsène Lupin, Mesrine c'est plutôt Rambo.
2- Médiatiques. Un vrai voyou, un gangster de haute volée, c'est quelqu'un d'extrêmement discret, qui sait qu'il peut facilement tomber en se montrant imprudent et trop voyant. Les mafieux, qui forment l'élite du métier, en quelque sorte les agrégés de la grande délinquance, le savent et le répètent, c'est le b-a ba de la profession. Mesrine et Spaggiari, tout à l'inverse, se montrent, s'exhibent, jouent aux vedettes, soignent leur image médiatique. Leur rêve: faire la couverture de Paris-Match! Et ils réussiront à marquer leur époque, à entrer dans une sorte de légende noire: Spaggiari, ce sera "le casse du siècle", Mesrine, "l'ennemi public n°1".
3- Politiques. Le gangstérisme, c'est évidemment le degré zéro de la politique: on sert d'abord ses intérêts personnels, au détriment du bien commun, on est sans foi ni loi. Spaggiari et Mesrine veulent faire mentir ça. Oh très légèrement, mais l'intention est là. Spaggiari est un homme de droite, un ancien d'Indo, un petit photographe qui joue à l'aristo anar et qui n'aime pas trop les gauchistes. Mesrine est un petit bourgeois qui se rebelle contre la société, la prison, la Justice et qui va tenter de prendre des contacts avec l'extrême gauche la plus dure. L'un et l'autre n'ont pas voulu s'enfermer dans l'image du voyou, ils ont essayé d'y mettre autre chose, un peu de convictions (sans que ce soit très convaincant!).
Spaggiari et Mesrine, à travers ces deux films, c'est aussi la nostalgie d'une époque qui s'exprime, les années 70. Ce sont finalement, pour reprendre une thèse qui m'est chère, les derniers héros d'une société sans héros. En un temps où toutes les grandes figures institutionnelles sont décriées (le politique, le syndicaliste, le savant, ... ), il ne reste plus à contempler que des personnages fantaisistes, médiatisés, décalés, Mesrine et Spaggiari, les héros pitoyables d'un monde qui ne croit plus aux héros.
Bonne matinée.
Après Hitler hier, je vais vous parler ce samedi matin de Mesrine et Spaggiari. C'est vrai, mes centres d'intérêts ne sont pas très évangéliques, en cette semaine de Noël. Et alors? J'ai vu les films consacrés aux deux gangsters des années 70. Du bon cinoche, même si ça n'est pas du grand cinéma. En tout cas, voilà deux grandes figures du banditisme contemporain qui méritent quelques réflexions, et d'abord leurs points communs, au nombre de trois:
1- Fantaisistes. Oui, ils le sont tous les deux, chacun à sa façon, fantaisistes. Ce ne sont pas des voyous comme les autres. Spaggiari, qui n'a rien d'un hippy, inscrit cette formule très peace and love sur les murs de la Société Générale qu'il cambriole (en creusant un tunnel par les égouts!): "Ni haine, ni violence et sans armes". Généralement, un voyou de cette envergure est tout le contraire: haineux, violent et bien sûr armé. Mesrine, lui aussi, est un fêlé, prenant d'assaut une prison au Canada, parce qu'il s'en est évadé et qu'il a promis à ses codétenus qu'il viendrait les libérer! Si Spaggiari c'est un peu Arsène Lupin, Mesrine c'est plutôt Rambo.
2- Médiatiques. Un vrai voyou, un gangster de haute volée, c'est quelqu'un d'extrêmement discret, qui sait qu'il peut facilement tomber en se montrant imprudent et trop voyant. Les mafieux, qui forment l'élite du métier, en quelque sorte les agrégés de la grande délinquance, le savent et le répètent, c'est le b-a ba de la profession. Mesrine et Spaggiari, tout à l'inverse, se montrent, s'exhibent, jouent aux vedettes, soignent leur image médiatique. Leur rêve: faire la couverture de Paris-Match! Et ils réussiront à marquer leur époque, à entrer dans une sorte de légende noire: Spaggiari, ce sera "le casse du siècle", Mesrine, "l'ennemi public n°1".
3- Politiques. Le gangstérisme, c'est évidemment le degré zéro de la politique: on sert d'abord ses intérêts personnels, au détriment du bien commun, on est sans foi ni loi. Spaggiari et Mesrine veulent faire mentir ça. Oh très légèrement, mais l'intention est là. Spaggiari est un homme de droite, un ancien d'Indo, un petit photographe qui joue à l'aristo anar et qui n'aime pas trop les gauchistes. Mesrine est un petit bourgeois qui se rebelle contre la société, la prison, la Justice et qui va tenter de prendre des contacts avec l'extrême gauche la plus dure. L'un et l'autre n'ont pas voulu s'enfermer dans l'image du voyou, ils ont essayé d'y mettre autre chose, un peu de convictions (sans que ce soit très convaincant!).
Spaggiari et Mesrine, à travers ces deux films, c'est aussi la nostalgie d'une époque qui s'exprime, les années 70. Ce sont finalement, pour reprendre une thèse qui m'est chère, les derniers héros d'une société sans héros. En un temps où toutes les grandes figures institutionnelles sont décriées (le politique, le syndicaliste, le savant, ... ), il ne reste plus à contempler que des personnages fantaisistes, médiatisés, décalés, Mesrine et Spaggiari, les héros pitoyables d'un monde qui ne croit plus aux héros.
Bonne matinée.
6 Comments:
Et vous ne parlez meme pas de l'aide politique qu'ils ont pu apporter à votre camp.
Dans la victoire de 81, eux aussi ont eu leur part.
By grandourscharmant, at 1:44 PM
Ah bon, Spaggiari et Mesrine étaient les complices de Mitterrand. Vous m'en direz tant...
By Emmanuel Mousset, at 4:53 PM
Il y a aussi, la bande à baader....
A quand un film sur pierre goldman !
Peut etre que les cineastes cherchent à rendre conscient ce qui est devenu inconscient....
sourire!
By Anonyme, at 10:37 PM
Goldman, je ne le mettrai pas dans la même catégorie que Spagiarri, Mesrine et Baader.
By Emmanuel Mousset, at 12:37 AM
Pas dans la même catégorie que baader, et les brigades rouges...
et les années de plomb ?
Dans quel catégorie ?
By Anonyme, at 10:29 AM
Dans la catégorie des militants, des intellectuels d'extrême gauche et des écrivains, ce qui n'a rien à voir avec Mesrine et Spaggiari, et pas vraiment non plus avec le terroriste Baader.
Goldman a braqué des banques mais n'a tué ou kidnappé personne. En revanche, il a été assassiné par un groupe d'extrême droite.
Je ne vous dis pas que Goldman est ma tasse de thé. Je veux simplement respecter la vérité sur le personnage, qui n'était ni un voyou à la Mesrine, ni un terroriste à la Baader.
By Emmanuel Mousset, at 11:43 AM
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