L'Aisne avec DSK

30 décembre 2008

Rétro monde.

Bonjour à toutes et à tous.

Quels sont les événements mondiaux qui marqueront 2008? En premier lieu, je mettrai bien sûr la crise financière. Pourtant, ce n'est pas l'événement de l'année, puisqu'elle avait très largement commencé en 2007, sans que la France s'en rende compte. Je me souviens, lors des vacances de Noël d'il y a un an, avoir rédigé un billet sur les subprimes, qui n'intéressaient alors quasiment personne. C'est dire à quel point notre pays vit parfois replié sur lui-même, sourd et aveugle à la "rumeur du monde", pour reprendre le titre de l'émission de France-Culture (très bon, le samedi, 12h45-13h30).

Autant la crise a été invisible chez nous pendant six mois, autant elle a donné lieu ensuite à de folles conjectures, ceci venant probablement compenser et rattraper cela. Toujours est-il que cette crise financière devrait, en toute logique, sonner le glas de la pensée libérale et réactiver l'analyse socialiste. Sera-ce le cas? Je l'espère mais je n'en suis pas complètement sûr.

En deuxième lieu, comment ne pas faire figurer l'élection de Barack Obama à la présidence américaine? Un noir à la tête de la première puissance du monde, dans un pays profondément marqué par l'esclavagisme et le racisme, c'est un renversement. Et pour le monde, c'est l'espoir d'une rupture avec les années Bush, l'enlisement en Irak et, on l'oublie trop souvent, l'incapacité à arrêter Ben Laden. Mais comme pour la crise financière, je reste prudent, j'attends de voir. Que cette élection soit un événement américain, c'est certain. Mais que va-t-elle vraiment changer pour le monde?

J'ai été irrité, vous le savez, par l'obamania, surtout lorsqu'elle venait des franges les plus à gauche de la gauche (alors qu'Obama ne fait pas partie de la gauche du Parti Démocrate). Bref, j'ai senti dans cet engouement quelque chose de factice, de bobo, une sorte de bonne conscience de gauche ne reposant sur pas grand-chose. Et puis, quand je vois le ridicule de nos hommes politiques français qui ne savent plus maintenant terminer un discours sans ânonner "Yes, we can", je me dis que la France manque décidément d'imagination!

Finalement, le troisième événement de portée mondiale en 2008 est certainement, à mes yeux, le plus authentique, le plus grave aussi. Mais à la différence des subprimes et d'Obama, tout le monde l'a probablement oublié. Subprime, Obama, les mots claquent, on les retient, ils sont flashis. Mais si je vous dis Géorgie, vous me répondrez sûrement: hein? Quoi? C'est où ça? Bin oui, la Géorgie, c'était cet été, quand la France était sur ses plages et qu'une guerre se déclenchait là bas, on ne sait où puisqu'on situe parfaitement les Etats-Unis mais très mal la Géorgie.

L'armée russe profite de l'ouverture des Jeux Olympiques chez les ex-camarades chinois et d'une embrouille du président géorgien pour envahir le nord du pays. Une règle élémentaire du droit international, la souveraineté d'une nation, est bafouée. La Russie invoque un argument de triste mémoire: la défense des russophones de Géorgie (c'est avec un tel raisonnement qu'Hitler a mené, pour les germanophones, sa politique d'annexion).

Sarkozy, qui aime pourtant jouer les cow-boys, adopte en la circonstance une prudence de Sioux. L'affaire va se prolonger quelques semaines, puis les Russes vont refluer. Il n'empêche que cette violation des frontières par une grande puissance mondiale que rien ne menaçait est un événement considérable. Car la Russie n'était pas comme aujourd'hui Israël face à la bande de Gaza, repaire de terroristes s'en prenant à l'Etat Hébreu.

La crise financière passera, Obama on verra ce qu'il fera. Mais la Géorgie dont on ne parle plus mérite qu'on ne l'oublie pas.


Bonne matinée.