L'Aisne avec DSK

25 décembre 2008

Les adversaires des Droits.

Je suis allé un peu vite en besogne ce matin en présentant les Droits de l'Homme comme faisant l'objet d'un "consensus". En apparence oui, car on ose rarement contesté de façon directe ce qui est juste et vrai. Mais la contestation de ce principe est au fond toujours présente, même si elle a changé d'orientation. Historiquement, c'est l'extrême droite qui s'en prend à ce concept issu de la Révolution française et du Siècle des Lumières. Aujourd'hui, la critique vient plutôt de l'extrême gauche, sous quatre formes:

1- D'abord le communisme traditionnel, qui depuis le début assimile les Droits de l'Homme au libéralisme politique et à la démocratie bourgeoise. Il n'a d'ailleurs pas tort. Mais il n'en résulte pas que le concept ne soit pas progressiste. Cependant, dans l'approche radicale qui est celle de l'extrême gauche, tout ce qui est compatible avec la droite, même républicaine, est à rejeter. Vu comme ça... A quoi s'ajoute l'idée, dans ce courant communiste, que les Droits de l'Homme seraient purement "formels" et dépourvus de toute dimension sociale, ce qui est faux, comme je l'ai rappelé dans mon précédent billet.

2- Ensuite le tiers-mondisme, qui voit dans les Droits de l'Homme une invention de l'Occident à visée coloniale. Dans cette perspective, les droits des peuples sont considérés comme plus importants que les Droits de l'Homme. L'universalité est discréditée, au profit de la différence culturelle. Je ne nie pas les particularités, mais ce que les hommes partagent en commun me semble supérieur.

3- Et puis le néo-gauchisme (appelons-le ainsi), de loin le plus influent, le plus subtil et le plus récent dans la critique des Droits de l'Homme. Pourquoi subtil (je dirais même pernicieux)? Parce qu'il opère par touches, propose des nuances: parler de "droits humains" plutôt que de "Droits de l'Homme". Ca ne mange pas de pain? Ca ne change pas grand-chose? Oh que si! Quand on prend soin de changer un mot, c'est qu'on a une idée derrière la tête. Laquelle?

C'est assez simple: le néo-gauchisme a en commun avec le communisme traditionnel une analyse dépréciative des Droits de l'Homme. Sauf qu'il est plus moderne et plus malin: il conserve le concept en le modifiant rien qu'un peu. Mais ça change tout. Un droit humain appartient à l'humanité en général. Les majuscules qui solennisent les Droits, le substantif qui élève l'Homme, l'Individu à la valeur supérieure, tout cela disparaît, au profit des simples droits d'une vague humanité dans laquelle la personne humaine n'a plus de reconnaissance spécifique.

Ce qui est paradoxal et amusant, c'est que les néo-gauchistes vont chercher leur inspiration dans le monde anglo-saxon qu'ils détestent tant, en traduisant littéralement l'expression "human rights".

4- Enfin l'écologie radicale, l'influence la plus minoritaire mais non négligeable. Elle privilégie les droits de la nature aux Droits de l'Homme, qu'elle accuse d'anthropocentrisme. L'environnement, les plantes, les animaux auraient au moins autant de droits que les êtres humains, sinon plus puisque les uns sont les victimes des autres. C'est l'égalité poussée à l'extrême, jusqu'à l'absurdité. Les bêtes n'ont pour moi aucuns droits, mais les hommes ont des devoirs à leur égard.

Le combat pour les Droits de l'Homme est donc loin d'être gagné, politiquement c'est une évidence, mais intellectuellement aussi, tant une partie de la gauche n'y adhère pas vraiment. Seul le socialisme démocratique, réformiste, s'y reconnaît vraiment.


Bon après-midi.