Un destin parisien.
Bonsoir à toutes et à tous.
J'ai commencé la lecture du "Chouchou", premier ouvrage sur Xavier Bertrand. Je vous le recommande vivement, c'est passionnant, d'un style agréable, solidement documenté. Je me retiens de tout lire d'une traite. J'en suis à la page 63, je ne résiste pas au plaisir de vous en parler, à travers trois remarques:
1- Je reste persuadé que l'énigme Bertrand trouve sa solution dans ses années d'opposition municipales, quand il était face aux communistes, à Saint-Quentin. Ce que j'ai toujours trouvé un peu étrange, c'est qu'on en parle peu, dans la ville. Comme si l'image qui s'impose d'abord de Bertrand, c'est celle du gagnant, pas de l'opposant. Dans le livre, je suis surpris qu'aucun responsable communiste n'ait la parole pour dire ce qu'il pensait du Bertrand de ce temps-là. Seul Maurice Vatin, à gauche, a été sollicité pour s'exprimer brièvement là-dessus.
2- Page 33, il est question de Xavier Bertrand et de la gestion municipale, avec cette thèse assez intéressante: la plage est un trompe-l'oeil, Bertrand est peu présent dans la gestion municipale. Sur le terrain oui, mais dans les dossiers non. Notre homme, contrairement aux apparences, cultive sa dimension nationale. Saint-Quentin est une base, demain peut-être un repli, mais pas une finalité. La ville, ce n'est pas son affaire, mais la capitale, là où se nouent les grands destins, dont le sien, bien sûr.
C'est du moins ce qu'avance Jean-Pierre Balligand: le ministre "ne s'investit pas beaucoup localement, il fait de la présence mais pas du dossier. S'il faisait du dossier, ça se verrait. A Saint-Quentin, ils ont le taux de chômage le plus mauvais, ou pratiquement, en Picardie au niveau création d'emplois. Xavier, il fait du réseau avec les patrons, ça, il n'y a pas de problème, mais je ne l'ai pas encore vu intervenir sur un dossier de développement. Pierre André, oui. L'autre fait sa carrière parisienne mais il le fait bien". (c'est moi qui souligne)
Maxime Gremetz est sur la même longueur d'onde: "Pierre André n'attend pas du tout après Bertrand pour gérer sa commune. On ne voit pas la main de Bertrand dans la gestion municipale".
Même Pierre André n'est pas loin de partager cet avis: "Aujourd'hui, je n'attends plus après lui pour redynamiser la ville; j'attends après lui pour qu'il m'ouvre des portes et surtout des coffres-forts".
Bertrand le Saint-Quentinois? C'est l'image qu'il se donne. Derrière, il y a le Parisien, l'homme de pouvoir et du Pouvoir.
3- Dans chaque existence politique, il y a un moment où tout bascule, où le destin s'emballe, où l'on passe à la vitesse supérieure. Pour Bertrand, c'est manifestement l'année 2002, où il cesse d'être un élu local pour devenir un élu national, député. Or, ce qui est instructif, c'est qu'il ne l'a pas vraiment voulu, du moins au début (lire pages 43 et 44). Parlementaire, il ne s'y voyait pas.
A l'époque, je m'en souviens, la rumeur courait: Bertrand va laisser la circonscription à Grzegrzulka et se concentrer sur le Conseil général, pour en devenir président. C'est Pierre André qui l'aurait poussé à se présenter, qui aurait donc propulsé sa fabuleuse carrière. Imaginez que Bertrand ait refusé. Que serait-il aujourd'hui? Chef de l'opposition au Conseil général, peut-être déjà maire de Saint-Quentin. Ca n'aurait pas été si mal, ç'aurait été un autre destin.
Je reprends ma lecture et je vous en reparle.
Bonne soirée.
J'ai commencé la lecture du "Chouchou", premier ouvrage sur Xavier Bertrand. Je vous le recommande vivement, c'est passionnant, d'un style agréable, solidement documenté. Je me retiens de tout lire d'une traite. J'en suis à la page 63, je ne résiste pas au plaisir de vous en parler, à travers trois remarques:
1- Je reste persuadé que l'énigme Bertrand trouve sa solution dans ses années d'opposition municipales, quand il était face aux communistes, à Saint-Quentin. Ce que j'ai toujours trouvé un peu étrange, c'est qu'on en parle peu, dans la ville. Comme si l'image qui s'impose d'abord de Bertrand, c'est celle du gagnant, pas de l'opposant. Dans le livre, je suis surpris qu'aucun responsable communiste n'ait la parole pour dire ce qu'il pensait du Bertrand de ce temps-là. Seul Maurice Vatin, à gauche, a été sollicité pour s'exprimer brièvement là-dessus.
2- Page 33, il est question de Xavier Bertrand et de la gestion municipale, avec cette thèse assez intéressante: la plage est un trompe-l'oeil, Bertrand est peu présent dans la gestion municipale. Sur le terrain oui, mais dans les dossiers non. Notre homme, contrairement aux apparences, cultive sa dimension nationale. Saint-Quentin est une base, demain peut-être un repli, mais pas une finalité. La ville, ce n'est pas son affaire, mais la capitale, là où se nouent les grands destins, dont le sien, bien sûr.
C'est du moins ce qu'avance Jean-Pierre Balligand: le ministre "ne s'investit pas beaucoup localement, il fait de la présence mais pas du dossier. S'il faisait du dossier, ça se verrait. A Saint-Quentin, ils ont le taux de chômage le plus mauvais, ou pratiquement, en Picardie au niveau création d'emplois. Xavier, il fait du réseau avec les patrons, ça, il n'y a pas de problème, mais je ne l'ai pas encore vu intervenir sur un dossier de développement. Pierre André, oui. L'autre fait sa carrière parisienne mais il le fait bien". (c'est moi qui souligne)
Maxime Gremetz est sur la même longueur d'onde: "Pierre André n'attend pas du tout après Bertrand pour gérer sa commune. On ne voit pas la main de Bertrand dans la gestion municipale".
Même Pierre André n'est pas loin de partager cet avis: "Aujourd'hui, je n'attends plus après lui pour redynamiser la ville; j'attends après lui pour qu'il m'ouvre des portes et surtout des coffres-forts".
Bertrand le Saint-Quentinois? C'est l'image qu'il se donne. Derrière, il y a le Parisien, l'homme de pouvoir et du Pouvoir.
3- Dans chaque existence politique, il y a un moment où tout bascule, où le destin s'emballe, où l'on passe à la vitesse supérieure. Pour Bertrand, c'est manifestement l'année 2002, où il cesse d'être un élu local pour devenir un élu national, député. Or, ce qui est instructif, c'est qu'il ne l'a pas vraiment voulu, du moins au début (lire pages 43 et 44). Parlementaire, il ne s'y voyait pas.
A l'époque, je m'en souviens, la rumeur courait: Bertrand va laisser la circonscription à Grzegrzulka et se concentrer sur le Conseil général, pour en devenir président. C'est Pierre André qui l'aurait poussé à se présenter, qui aurait donc propulsé sa fabuleuse carrière. Imaginez que Bertrand ait refusé. Que serait-il aujourd'hui? Chef de l'opposition au Conseil général, peut-être déjà maire de Saint-Quentin. Ca n'aurait pas été si mal, ç'aurait été un autre destin.
Je reprends ma lecture et je vous en reparle.
Bonne soirée.
10 Comments:
Si on écoutait les rumeurs,
vous seriez chef de file de l'opposition.
Et l'autre commentaire que je fais me terrifie,
il faut que vous lisiez un livre pour voir et comprendre comment fonctionne la ville dans laquelle vous vivez...
Je trouve tres bien qu'ainsi vous ayez pu concevoir et donc voir quel pouvait etre la réalité du terrain.
Vous assistez aux conseils municipaux régulierement depuis plus de 10a et pourtant aveuglé par les titres et les paillettes,
il vous aura échappé que l'homme fort de la ville c'était son maire...
By grandourscharmant, at 11:13 PM
Vous exagérez, j'ai toujours dit, sans aucune originalité d'ailleurs, que le patron, c'était André.
Ce livre confirme beaucoup et révèle quelquefois, mais ce n'est pas lui qui me montre la réalité toute nue.
Chef de l'opposition, il était sage de ne pas le devenir, dans les conditions que tout le monde connaît. Justement parce que je ne suis pas aveuglé par les titres et les pailletes. Et puis, pourquoi se précipiter? Chaque chose en son temps.
By Emmanuel Mousset, at 11:23 PM
tout vient à point à qui sait attendre,
mais à trop attendre,
on finit par laisser passer sa chance.
By grandourscharmant, at 1:46 AM
Dans l'attente, il n'y a ni trop, ni trop peu. Et la chance, je m'en moque. A droite, on a le tort de croire que la politique est une affaire de personnes. Je n'en crois rien. Nous sommes les produits d'une situation. Si la politique me sourit, tant mieux, sinon tant pis. Je n'ai pas besoin d'elle pour vivre. Mais peut-être qu'elle a un peu besoin de moi?
By Emmanuel Mousset, at 7:38 AM
Avec les opportunités offertes à Paris, Xavier Bertrand aurait bien tort de ne pas s'y consacrer. Etre ministre est quand même un travail à plein temps, monsieur Mousset et les journées ne sont pas extensibles !!! sauf bien sûr pour vous qui êtes un surhomme.
Xavier Bertrand est là tous les week-ends et le jour où ferez le travail qu'il fait à Saint-Quentin (même si vous pensez qu'il n'en fait pas beaucoup), vous pourrez la ramener. D'ici là ?
By Anonyme, at 5:50 PM
Au dernier anonyme:
1- Je n'ai jamais prétendu être un surhomme.
2- Je ne dis pas que Bertrand ne travaille pas, je dis qu'il travaille normalement, qu'il n'a pas à s'en vanter, que ça ne constitue pas une ligne politique, qu'il est rétribué par la République pour faire ce qu'il fait.
3- Je souligne surtout que le travail de Bertrand est plus parisien que local. Et j'ajoute qu'il n'y a aucun mal à ça.
Vous constatez, cher anonyme, que je vais "la ramener" pendant encore longtemps. Il faut bien quand même que les puissants de ce monde soient un peu taquinés, non?
By Emmanuel Mousset, at 6:48 PM
C'est bien là le probleme,
vous parlez beaucoup et vous agissez bien trop peu.
Alors que vous feriez surement mieux d'écouter,
vous apprendriez énormément de choses.
By grandourscharmant, at 8:23 PM
J'agis beaucoup, mais il est vrai pas n'importe comment ni à propos de n'importe quoi.
J'écoute beaucoup aussi, ce qui ne signifie pas que j'apprenne nécessairement beaucoup. On apprend bien et beaucoup que dans les livres.
By Emmanuel Mousset, at 10:29 PM
Que me m'écriviez vous il y a peu sur mon gout des livres,
des dictionnaires et des encyclopédies.
Espérons qu'à ce moment là,
vous étiez théatrale
et que vous espériez etre drole brillant.
Car il y a quelques mois,
relisez vos commentaires,
vous avez expliqué exactement l'inverse.
Comme quoi la constance,
il doit etre utile d'en faire preuve
et des convictions,
ça doit etre bien important d'en avoir.
Cela doit surement éviter de dire n'importe quoi.
Je prendrais votre dernier commentaire,
comme le fait que vous reconnaissiez enfin que j'ai appris bien et beaucoup dans les livres.
Je n'ai jamais douté que vous en arriveriez là,
je savais juste qu'il fallait vous laisser le temps de l'admettre.
Mais permettez moi ce commentaire,
que de temps perdu en commentaires inutiles pour finalement en arriver là.
Comme quoi, il n'est pas forcément bon d'avoir raison avant les autres.
By grandourscharmant, at 11:18 AM
Aucun de vos commentaires n'est inutile.
Je distingue les livres des dictionnaires et encyclopédies.
By Emmanuel Mousset, at 4:21 PM
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