Bonne année, vous croyez?

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai sous les yeux L'Aisne Nouvelle parue ce matin, achetée dès mon retour de Londres, alors que j'avais plutôt en tête depuis trois jours le Evening Standard. Gros titre à la une: "Europe: il meurt intoxiqué le soir du réveillon" (pour les non Saint-Quentinois, Europe est le nom d'un quartier de la ville). A gauche de ce gros titre: "Drame familial, l'oreille du beau-frère au menu de la St-Sylvestre" (on ne sait pas si on doit rire ou hurler). Au dessus du gros titre: "Roupy, fauchée par une voiture, une femme décède sur le coup" (Roupy est un village non loin de Saint-Quentin).

A l'intérieur du journal, deux articles montrent l'agitation du réveillon, avec ses petits et ses grands drames. Chez les pompiers, il y a eu vingt sorties dans la nuit, en augmentation par rapport à l'an dernier. Aux urgences de l'hôpital, près de 70 personnes ont été présentées, après des chutes, des malaises et surtout des états d'alcoolémie avancés. C'est ça la fête? Se bourrer la gueule à en crever? Bonne et heureuse année? Vraiment, pour certains, y'a pas de quoi!

Pourquoi je vous raconte ça? Parce que c'est politique, mais oui, parce que ça concerne la vie de la cité. La première nuit de la nouvelle année est le puissant révélateur de l'état de notre société. Derrière les cotillons, confettis et turlututu chapeaux pointus, il y a une autre réalité, moins brillante, que les travailleurs de la nuit mettent à jour et que la presse dévoile. Ce qui m'embête un peu, c'est que le journal ne retienne que ça, la mort, la cruauté et le dégueuli. Alors que cette nuit-là, c'est aussi la vraie joie, l'amitié, le plaisir partagé.

On critique beaucoup la presse, et on n'a pas tort. En démocratie, il faut tout critiquer, ça fait un bon équilibre avec la dictature, où il faut tout aduler. La presse est là pour ça: montrer ce qui est laid, ce qui ne marche pas, non pas se complaire dans ce qui est beau et fonctionne très bien. Mais il y a un vice caché derrière tout ça: le pessimisme chronique, le cynisme ordinaire, la désespérance lancinante. Ne tombons pas là-dedans. Lisons les journaux, mais gardons du recul. Bref, soyons citoyens. En 2009, comme avant, comme après, c'est possible!


Bonne soirée.