Happy new year!

Bonsoir à toutes et à tous.

Quelques commentaires, comme promis, sur mon périple londonien du Jour de l'An (il y avait 12 ans que je n'avais pas traversé la Manche!):

1- Caméras. Mais oui, aussitôt arrivé, me voilà revenu... à Saint-Quentin et au débat sur la vidéo-surveillance. Obsession? Non, observation: à Londres, les caméras sont partout! A l'origine, c'était pour se préserver des attentats de l'IRA. Manifestement, ce pays où est née la démocratie moderne n'est pas gêné par ce système et n'y voit pas une atteinte aux libertés.

2- Big Ben. C'est leur Tour Eiffel. J'étais devant l'horloge quand minuit a sonné. Vivre les premières secondes de l'année ici, quelle émotion! Le rapport avec la politique? Le Parlement anglais est le plus beau bâtiment de la capitale, la cathédrale du parlementarisme. A côté, notre Palais Bourbon fait pâle figure. Et quelle audace de rabaisser architecturalement l'abbaye de Westminster et le palais de Buckingham, la religion et la royauté! Faire du temps notre maître à tous en dressant une immense horloge, c'est un coup de génie de la démocrarie anglaise: le temps de la politique, le temps des affaires, voilà ce qui compte, et non plus l'éternité, comme nous le laissent croire les flèches des cathédrales.

3- Westminster, le quartier des ministères, qui a un petit côté new-yorkais, avenues étroites et hautes bâtisses. Tout a été reconstruit après guerre, ce qui nous rappelle que cette ville a été bombardée durement, que ce peuple a résisté au nazisme, pendant qu'un autre peuple, par delà la Manche, collaborait avec l'occupant. Rien que pour ça, je me sens anglais. N'oublions pas aussi que l'anglophobie a été, il n'y a pas si longtemps, une forme de racisme hexagonal, remplacée depuis par hélas d'autres formes de racisme.

4- Policemen. Nous étions plus d'un demi-million dans le centre de Londres à minuit, le 31 décembre. Le maintien de l'ordre n'est alors pas facile à gérer. J'ai observé la police britannique: quelle merveille de stratégie! Nos CRS déguisés en guerriers ne sont vraiment pas à la hauteur de ce genre de situation (on me dit que plus de 1000 voitures ont brûlé en France, + 30% par rapport à l'an dernier, bravo la police, bravo Sarkozy!). Ici, les bobbies sont nombreux, dispersés dans la foule, habillés en fluo comme nos éboueurs, parfois montés sur des chevaux. Ca ne paie pas de mine, mais quelle efficacité!

5- Je suis autant anglophile qu'américanophile, parce que j'aime ces grandes démocraties, et je déteste la dictature, même et surtout lorsqu'elle se réclame de la gauche. Et puis, un pays qui a inventé le parlementarisme, un empire, les services secrets, la franc-maçonnerie et le whisky ne peut être qu'aimable! Ceci dit, tout amour a ses limites. Quand je traverse la fête foraine dans Hyde Park, je comprends très vite qu'elle n'a rien à voir avec le public de notre fête foraine des Tuileries à Paris. A Londres, pas de prolo, pas de populo, mais des classes moyennes ou supérieures. L'Angleterre est une magnifique démocratie qui n'a pas rompu avec la société de classes et ses discriminations. En France, le mélange social est beaucoup plus puissant. L'égalité, la laïcité, nous savons ce que ça veut dire; les Anglais beaucoup moins. Voilà aussi pourquoi j'aime mon pays.


Happy new year!