Reviens, Voltaire...
Bonsoir à toutes et à tous.
Le hasard a voulu que je lise pendant les vacances le dernier livre de Philippe Val, "Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous", paru chez Grasset, et que se déclenche simultanément l'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Le bouquin de Val, auquel j'adhère entièrement, décrit cet "islamo-fascisme" qui me fait m'éloigner des défenseurs de la "cause palestinienne", quoique étant un fervent partisan de la reconnaissance de ce peuple (c'est pourquoi je condamne ce que font en ce moment les Israéliens à Gaza).
Philippe Val nous rappelle que tout a commencé dans les années 70 avec Khomeyni, soutenu par de nombreux (et prestigieux) intellectuels français. Sauf que l'ayatollah a vite pris en otages 52 américains et lancé une fatwa contre un intellectuel, Salman Rushdie. C'était fait, l'islamisme intégriste était lancé. A ce propos, Val refuse, à juste raison, la distinction entre un Islam "modéré" et un Islam radical. La pertinence, c'est de repérer un Islam spirituel, qui a le droit d'exister, et un Islam politique, que nous avons le devoir de combattre parce qu'il veut soumettre la République à ses propres lois.
Qu'est-ce qui fait qu'une partie de la gauche, dont le MRAP et la LDH, n'ose pas s'en prendre à l'Islam liberticide? Val répond par la persistance d'un anticolonialisme qui a mal tourné. L'Arabe, aux yeux d'une certaine gauche, est l'éternelle victime. Il s'est substitué au prolétaire exploité. Et qui sont alors les exploiteurs? Israël, nouvelle figure du colonialisme honni. C'est ce que Val appelle "l'alter-souverainisme", alliance de l'extrême gauche et du PCF, volonté de faire du nationalisme arabe et palestinien, contre le mondialisme occidentalo-américain, la nouvelle force révolutionnaire.
Ce "romantisme morbide" remonte à loin. Philippe Val rappelle opportunément les liens entre arabes et nazis, évidemment contre les juifs, dans les années 30. De la collusion entre les rouges et les bruns dans le journal L'Idiot International (années 80) jusqu'à la conférence de Durban (où islamistes et gauchistes font du sionisme un racisme), nous retrouvons une même thématique perverse: l'arabe est le persécuté, le juif est le bourreau. Mais l'extrême gauche, prompte à défendre les musulmans palestiniens, soutient-elle les musulmans kurdes, tchétchènes, bosniaques, kosovars? Eh non. Sa solidarité est à géométrie variable.
Pour finir, Val établit un lien logique entre l'affaire des caricatures de Mahomet, dans laquelle une partie de la gauche l'a lâché, et l'affaire Siné, où cette même gauche, "radicale", l'a pris violemment à partie. Se moquer de l'arabe, c'est interdit parce qu'il symbolise le pauvre, se moquer du juif, c'est permis parce qu'il incarne le riche. Voilà comment on aboutit à de dangereux dérapages. Une lutte des classes devenue caricaturale autorise des glissements sémantiques et symboliques très périlleux. Alors qu'il serait tellement plus simple et plus sain de défendre les droits de tout homme et de tout peuple, qu'il soit arabe ou juif.
Bonne soirée.
Le hasard a voulu que je lise pendant les vacances le dernier livre de Philippe Val, "Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous", paru chez Grasset, et que se déclenche simultanément l'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Le bouquin de Val, auquel j'adhère entièrement, décrit cet "islamo-fascisme" qui me fait m'éloigner des défenseurs de la "cause palestinienne", quoique étant un fervent partisan de la reconnaissance de ce peuple (c'est pourquoi je condamne ce que font en ce moment les Israéliens à Gaza).
Philippe Val nous rappelle que tout a commencé dans les années 70 avec Khomeyni, soutenu par de nombreux (et prestigieux) intellectuels français. Sauf que l'ayatollah a vite pris en otages 52 américains et lancé une fatwa contre un intellectuel, Salman Rushdie. C'était fait, l'islamisme intégriste était lancé. A ce propos, Val refuse, à juste raison, la distinction entre un Islam "modéré" et un Islam radical. La pertinence, c'est de repérer un Islam spirituel, qui a le droit d'exister, et un Islam politique, que nous avons le devoir de combattre parce qu'il veut soumettre la République à ses propres lois.
Qu'est-ce qui fait qu'une partie de la gauche, dont le MRAP et la LDH, n'ose pas s'en prendre à l'Islam liberticide? Val répond par la persistance d'un anticolonialisme qui a mal tourné. L'Arabe, aux yeux d'une certaine gauche, est l'éternelle victime. Il s'est substitué au prolétaire exploité. Et qui sont alors les exploiteurs? Israël, nouvelle figure du colonialisme honni. C'est ce que Val appelle "l'alter-souverainisme", alliance de l'extrême gauche et du PCF, volonté de faire du nationalisme arabe et palestinien, contre le mondialisme occidentalo-américain, la nouvelle force révolutionnaire.
Ce "romantisme morbide" remonte à loin. Philippe Val rappelle opportunément les liens entre arabes et nazis, évidemment contre les juifs, dans les années 30. De la collusion entre les rouges et les bruns dans le journal L'Idiot International (années 80) jusqu'à la conférence de Durban (où islamistes et gauchistes font du sionisme un racisme), nous retrouvons une même thématique perverse: l'arabe est le persécuté, le juif est le bourreau. Mais l'extrême gauche, prompte à défendre les musulmans palestiniens, soutient-elle les musulmans kurdes, tchétchènes, bosniaques, kosovars? Eh non. Sa solidarité est à géométrie variable.
Pour finir, Val établit un lien logique entre l'affaire des caricatures de Mahomet, dans laquelle une partie de la gauche l'a lâché, et l'affaire Siné, où cette même gauche, "radicale", l'a pris violemment à partie. Se moquer de l'arabe, c'est interdit parce qu'il symbolise le pauvre, se moquer du juif, c'est permis parce qu'il incarne le riche. Voilà comment on aboutit à de dangereux dérapages. Une lutte des classes devenue caricaturale autorise des glissements sémantiques et symboliques très périlleux. Alors qu'il serait tellement plus simple et plus sain de défendre les droits de tout homme et de tout peuple, qu'il soit arabe ou juif.
Bonne soirée.
3 Comments:
Philippe Val? Vous devriez mieux choisir vos lectures. Les mots ont un sens.
http://lmsi.net/spip.php?article668
By Unknown, at 9:24 PM
Toujours aussi anti-Val, n'est-ce pas, Gaston? Comment allez-vous, depuis cet été?
By Emmanuel Mousset, at 1:11 PM
Ben, ça va pas trop mal, surtout les mercredis après la lecture de Siné Hebdo :))
By Unknown, at 11:15 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home