Sage comme une image?
Je vous avais laissés, dans ma lecture du "Chouchou", l'excellent ouvrage consacré à Xavier Bertrand, à la page 63. C'était avant les vacances. Depuis, j'ai terminé l'ouvrage de Jakerbyszyn et Pleynet. Je confirme, c'est du bon, achetez-le, faites-le acheter, offrez-le, ça vaut mille distributions de tracts que personne ne lit et qui nous font cailler sur le marché!
J'ai retenu cette date du 24 janvier 2006, qui ne vous dira rien, j'en suis sûr. Et pourtant, un collaborateur de Bertrand affirme que celui-ci est né politiquement ce jour-là (pp. 74-75). Qu'est-ce qui s'est passé? Un article de Libé intitulé "Xavier Bertrand, l'homme invisible de la Santé". Qui dit quoi? Que le ministre ne fout rien, qu'il est le moins médiatique du gouvernement, qu'aucune réforme n'est attachée à son nom. Il y a trois ans! Qui s'en souvient?
Aujourd'hui, l'image s'est inversée: l'homme passe pour très actif, hyper-médiatique, grand réformateur. Je ne sais où est la vérité, mais il semblerait que Bertrand, effondré quelques heures par cet article, se soit juré de le faire mentir. Regardez aujourd'hui avec quelle insistance, à la limite du ridicule, le ministre nous explique qu'il dort très peu et qu'il travaille beaucoup. Et si cela venait de cette blessure d'il y a trois ans?
Pour le reste, l'image que cultive Xavier Bertrand n'est qu'une image: le bon gars sympa qui vient de province et qui n'a pas fait les écoles, c'est du vent, du flan. Le bonhomme n'est pas très sympa et a une spécialité: se faire des ennemis parmi ses amis. Pour ceux qui pensent qu'un destin politique se mesure au nombre des inimitiés qu'on crée autour de soi, Bertrand est promis à un bel avenir et à un très haut poste.
Ouvert au dialogue? Oui, sûrement, quand on n'a rien à lui dire et qu'on l'écoute sagement. Sinon, pas du tout. C'est François Chérèque qui le dit le mieux, d'autant que ce syndicaliste réformiste n'est pas porté aux excès de langage. Écoutez un peu (p. 195):
"Il n'y a aucune négociation avec Xavier Bertrand! La négociation, c'est quand deux interlocuteurs créent un compromis sur lequel ils s'engagent. Il n'y a pas de compromis avec Xavier Bertrand car il n'y a jamais de réponse à nos questions".
Le leader de la CFDT appuie sa démonstration sur deux exemples: l'allongement de la cotisation retraite à 41 ans, la réforme des régimes spéciaux.
Sage comme une image, Bertrand? Oui, seulement une image. Retournez-la, c'est pas triste.
Bonne fin d'après-midi.
PS: Lisez aussi Charlie-Hebdo paru mercredi dernier, p. 5, vous apprendrez que Xavier Bertrand vient de licencier les 15 juristes de son ministère chargés de renseigner les Français sur le droit du travail.
J'ai retenu cette date du 24 janvier 2006, qui ne vous dira rien, j'en suis sûr. Et pourtant, un collaborateur de Bertrand affirme que celui-ci est né politiquement ce jour-là (pp. 74-75). Qu'est-ce qui s'est passé? Un article de Libé intitulé "Xavier Bertrand, l'homme invisible de la Santé". Qui dit quoi? Que le ministre ne fout rien, qu'il est le moins médiatique du gouvernement, qu'aucune réforme n'est attachée à son nom. Il y a trois ans! Qui s'en souvient?
Aujourd'hui, l'image s'est inversée: l'homme passe pour très actif, hyper-médiatique, grand réformateur. Je ne sais où est la vérité, mais il semblerait que Bertrand, effondré quelques heures par cet article, se soit juré de le faire mentir. Regardez aujourd'hui avec quelle insistance, à la limite du ridicule, le ministre nous explique qu'il dort très peu et qu'il travaille beaucoup. Et si cela venait de cette blessure d'il y a trois ans?
Pour le reste, l'image que cultive Xavier Bertrand n'est qu'une image: le bon gars sympa qui vient de province et qui n'a pas fait les écoles, c'est du vent, du flan. Le bonhomme n'est pas très sympa et a une spécialité: se faire des ennemis parmi ses amis. Pour ceux qui pensent qu'un destin politique se mesure au nombre des inimitiés qu'on crée autour de soi, Bertrand est promis à un bel avenir et à un très haut poste.
Ouvert au dialogue? Oui, sûrement, quand on n'a rien à lui dire et qu'on l'écoute sagement. Sinon, pas du tout. C'est François Chérèque qui le dit le mieux, d'autant que ce syndicaliste réformiste n'est pas porté aux excès de langage. Écoutez un peu (p. 195):
"Il n'y a aucune négociation avec Xavier Bertrand! La négociation, c'est quand deux interlocuteurs créent un compromis sur lequel ils s'engagent. Il n'y a pas de compromis avec Xavier Bertrand car il n'y a jamais de réponse à nos questions".
Le leader de la CFDT appuie sa démonstration sur deux exemples: l'allongement de la cotisation retraite à 41 ans, la réforme des régimes spéciaux.
Sage comme une image, Bertrand? Oui, seulement une image. Retournez-la, c'est pas triste.
Bonne fin d'après-midi.
PS: Lisez aussi Charlie-Hebdo paru mercredi dernier, p. 5, vous apprendrez que Xavier Bertrand vient de licencier les 15 juristes de son ministère chargés de renseigner les Français sur le droit du travail.
13 Comments:
Et vous croyez sincérement à tout cela ?
Votre candeur est parfois agaçante, d'autre fois rafraichissante.
Sur FC, vous devriez aussi évoquer ce qu'il a pu dire sur votre 1er secrétaire du temps où elle était au ministere du travail.
Et à moins qu'il ne s'agisse que de positions de principes, je crois avoir vu que les responsables syndicaux se plaignait du ministre actuel de la santé regrettant le précédant et sa capacité de dialogue.
sinon sur la naissance politique en 2006....
apres 2a de députation
1a de secrétariat d'état
et 6 mois au ministère
ce serait un article de libé qui aurait fait que...
S'il avait été si invisible que cela, libé n'aurait meme pas fait d'article sur lui
surtout pour expliquer quoi
qu'un ministre doit exister médiatiquement, faire des réformes à son nom.
Puisque vous reprenez ces propos, c'est donc que vous les cautionnez.
Accusez moi d'etre pro XB si vous voulez mais soyez bien plus critique.
A vous lire, XB n'existerez qu'à cause de cette article de libé.
Croyez moi ou pas,
mais déjà avant il était ainsi, quand il passait à peine dans les médias locaux.
Ce qui a changé, c'est son exposition pas forcément ce qu'il est.
By grandourscharmant, at 7:07 PM
Je n'ai fait qu'évoquer une hypothèse qui me semblait intéressante, inhabituelle, iconoclaste.
By Emmanuel Mousset, at 8:48 PM
"Se faire des ennemis parmi ses amis. Pour ceux qui pensent qu'un destin politique se mesure au nombre des inimitiés qu'on crée autour de soi, Bertrand est promis à un bel avenir et à un très haut poste."
Et oui, n'est pas XB qui veut :)
Certains ont une capacité énorme a se faire des ennemis, mais de là à avoir un autre talent que celui-là...
By Anonyme, at 9:19 PM
C'est votre droit d'apprécier Xavier Bertrand, de trouver formidable sa capacité à se faire des ennemis. Mais moi, je ne vois pas la politique comme ça. Et c'est aussi mon droit.
By Emmanuel Mousset, at 10:05 PM
et quel est cette capacité à se faire des ennemis ?
occuper des postes que d'autres voudraient avoir
By grandourscharmant, at 11:12 PM
Non, l'explication est insuffisante. D'autres, avec la même ambition, se font ou se sont faits moins d'ennemis. Croyez-moi, il y a chez Bertrand quelque chose de déplaisant (qui n'enlève rien à sa valeur et à ses qualités). Quoi? La volonté d'écraser les autres quand ils ne sont pas comme lui ou quand ils s'opposent à lui. Mais c'est précisément cette rage qui le perdra, vous verrez.
By Emmanuel Mousset, at 11:43 PM
c'est souvent ce par quoi on peche qui nous fait périr.
la politique est un monde dur,
comme l'a dit Zemmour la semaine derniere,
il n'y a qu'en France quelque soit le domaine
qu'on croit qu'on peut réussir en faisant moins que les autres,
là où les autres font la guerre.
sinon il y a ce que dit Philippe Lucas aussi,
déjà, en faisant le maximum, on est pas forcément sur de réussir
alors si on ne le fait pas...
By grandourscharmant, at 12:12 AM
Faire le maximum, ce n'est pas nécessairement faire la guerre (Israël) ou faire preuve d'ambition cynique (Bertrand). Ne peut-on pas envisager la politique autrement sans se faire critiquer?
By Emmanuel Mousset, at 11:35 AM
qu'y a-t-il de mal à etre critiqué ?
vous meme ne critiquez vous pas les autres et leur façon de faire,
pourquoi les autres n'auraient pas le droit de faire de meme ?
Il faut choisir,
soit c'est permis pour tous,
soit c'est interdit pour tous.
Mais, ça ne peut pas etre acceptable quand c'est certain et inacceptable pour d'autres.
Si bien sur, on veut etre équitable,
si on n'a pas le soucis de l'équité, alors tout est permis.
By grandourscharmant, at 3:17 PM
Vous avez entièrement raison, bien sûr qu'il est permis de me critiquer et que je n'ai pas à vous le reprocher. Mettez mon erreur de jugement sur le compte de la fatigue. Je ne suis pas encore totalement remis de mes trois journées londoniennes.
By Emmanuel Mousset, at 4:02 PM
Je ne suis pas tout à fait d'accord,
vous avez vous aussi le droit de me reprocher mes critiques.
Il me semble que c'est un prix tout à fait raisonnable à payer pour avoir le privilege de vous critiquer.
Celui qui critique doit accepter que les autres usent de ce droit.
Par contre, quand les critiques sont pertinentes,
on doit se faire un devoir de les accepter et de ne pas les contester par formalisme
et si les critiques ne sont pas pertinentes, on doit aussi se faire le devoir de ne pas les formuler.
Principes plutot simple à appliquer en théorie mais parfois bien plus difficile à mettre en pratique.
By grandourscharmant, at 4:51 PM
Non,non Je n'apprécie pas XB. Je partage aussi votre constat.
Je soulignais juste que certains (vous par exemple) ont une capacité phénoménale a se faire des ennemis sans pour autant gravir 4 à 4 les échelons de la réussite. Syndrôme de la tête à claques ?
By Anonyme, at 5:50 PM
1- On ne se fait pas des ennemis par hasard, pour rien, sans raison. Je connais plein de gens qui ont plein d'amis et aucun ennemi. Quand vous les voyez, vous avez compris. Je n'aimerais pas être à leur place.
2- Ma différence avec Xavier Bertrand, c'est que je ne compte nullement "gravir 4 à 4 les échelons de la réussite". Ni même une marche après une marche. Je fais de la politique pour des idées, des convictions, et pour que mon Parti gagne les élections, particulièrement à Saint-Quentin.
Si je voulais "réussir", je ferais comme tous ceux qui veulent "réussir" en politique: je me ferais plein d'amis bien placés, je dirais oui à tout le monde et surtout aux puissants. Vous devez sûrement en connaître qui sont comme ça et qui réussissent très bien (parce qu'ils sont comme ça). Moi, ça ne m'intéresse pas.
Réfléchissez un peu: j'ai 15 ans de Parti, je n'ai jamais été élu nulle part, je n'ai été candidat qu'une seule fois (aux cantonales, dans un canton à droite depuis 50 ans!). Ce n'est vraiment pas le profil de l'ambitieux!
By Emmanuel Mousset, at 6:54 PM
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