Anti St Valentin.

Vendredi 13 aujourd'hui, Saint Valentin demain: 48 heures dédiées à la superstition? Car l'amour en est peut-être une, mais bienfaisante. Malheur à celle ou celui qui n'y croient pas! C'est pourquoi je me range parmi les anti Saint Valentin, de plus en plus nombreux, si l'on jette un coup d'oeil sur le Net. Non pas que je dénonce une opération commerciale. Vive le commerce, tant mieux si les affaires marchent! Cette critique superficielle et stupide (n'importe quelle fête est "commerciale", et c'est très bien comme ça) n'est pas mienne. Ce que je conteste, c'est le culte de Cupidon et ce qu'il implique socialement (en privé, chacun fait et croit ce qu'il veut).

Il y a 30 ans, personne ne fêtait Saint Valentin. C'était du dernier ringard. On n'en parlait pas, on ne faisait pas attention à cette journée. Quelques couples se prêtaient peut-être à cette fête, mais dans la stricte intimité. Aujourd'hui, c'est devenu un phénomène social, dont on fait tout un ramdam quinze jours à l'avance. Le grand soir, les restaurants sont pleins, jeunes couples, vieux couples, riches couples, pauvres couples, couples mariés, couples pacsés, couples concubinés, couples illégitimes, ...

Qu'est-ce qui me dérange là-dedans? Rien du tout! J'observe, je m'interroge, je souris un peu. Et je m'inquiète. Pourquoi? Parce que les sociétés démocratiques modernes ont pour caractéristique leur puissant conformisme. La différence n'est pas très bien portée, chacun aspire plutôt à être comme les autres, comme tout le monde. Saint Valentin, c'est moins la célébration de l'amour (qui peut être amour de la famille, de la liberté, de Dieu... ) que du couple. Valentin, ce n'est tout de même pas Eros!

Ce qui me gêne, c'est ce que mon collègue prof de philo, Vincent Cespédès, appelle "l'encouplement généralisé". Comme si la vie de couple était la norme amoureuse et sociale! Imaginez-vous Roméo et Juliette fêtant la Saint Valentin au troquet du coin? Demain, je n'aimerais pas être célibataire. Les dindons de la farce, ce sont eux. Si c'est pas de la discrimination, ça!

La gauche, depuis toujours, a non seulement été une contestation économique et sociale, mais aussi morale. Dès le XIXème siècle, elle a voulu émanciper les moeurs. Il faut poursuivre dans cette voie. A bas Saint Valentin!


Bonne soirée.