Au boulot!
Bonsoir à toutes et à tous.
L'emploi se meurt, l'emploi est mort... C'est la désespérante complainte qu'on nous serine depuis des années. Elle n'est pas fausse: des pans entiers de l'industrie se sont effondrés, le capitalisme est un système féroce qui donne et qui reprend la vie aux entreprises, qui avale et qui rejette les salariés. Mais une vérité ne fait pas toute la réalité. Le très bon dossier de Gilles Grandpierre et Christophe Perrin sur "Les métiers qui recrutent", dans L'Union du 9 février, nous le rappelle.
Dix métiers sont promis, dans notre pays, à un bel avenir, dans les six ans qui viennent. Ils recruteront 3,6 millions de salariés. Qui sont-ils? Assistante maternelle, agent d'entretien, enseignant, cadre administratif, aide-soignant, chauffeur, employé d'administration, ouvrier qualifié, informaticien, infirmière. Pas mal, non? Et de la diversité! Mais il faudra qu'on m'explique quelque chose: pourquoi le gouvernement programme-t-il alors des dizaines de milliers de suppressions de postes dans l'Education Nationale?
Dans l'Aisne, les dix métiers qui ont recueillis le plus d'offres d'emplois ces derniers mois sont les suivants: service à la personne, aux entreprises (nettoyage, entretien), employé de libre-service, chauffeur poids lourds, maintenance industrielle, maçon et métier du BTP, magasinier, hôtellerie-restauration, animateur de centre de loisir, arboriculteur-viticulteur. L'armée n'est pas en reste: dans tout le pays, elle propose 20 000 emplois aux 17-29 ans en 2009.
Il n'y a pas de crise du travail en France. L'économie recrute, elle a même parfois du mal à recruter. Des métiers n'attirent plus: bouchers, poissonniers, boulangers. Ce sont pourtant de beaux et utiles métiers. Qu'est-ce qui se passe alors? Une crise de la société, causée par son embourgeoisement. Les activités manuelles, les travaux d'ouvriers et d'employés, les tâches de pure exécution, les conditions d'exercice difficiles ou inhabituelles, les rémunérations faibles ou médiocres, tous ces facteurs concourent à dégrader l'image de ces métiers, qui ne sont pas conformes à l'idéal bourgeois.
Quand les fils et les filles de la bourgeoisie se battront pour devenir jardinier, couvreur et électricien, au lieu d'aspirer à être avocat, ingénieur ou médecin, les choses changeront. Ils sont à la tête de la société, ils l'influencent très largement; qu'ils donnent donc l'exemple! Car c'est la logique d'une République, société libre et égalitaire, que de répartir le travail selon les désirs de chacun.
Avant on forçait, aujourd'hui on choisit, et c'est très bien ainsi. Qu'on prenne donc très au sérieux le marché du travail, comme on prend très au sérieux le marché des biens et des services. Dans les deux agit la fameuse "main invisible". C'est aux pouvoirs publics de la guider, de prendre cette "main" par la main. C'est ce qu'on appelle aussi le socialisme. Au travail!
Bonne soirée.
L'emploi se meurt, l'emploi est mort... C'est la désespérante complainte qu'on nous serine depuis des années. Elle n'est pas fausse: des pans entiers de l'industrie se sont effondrés, le capitalisme est un système féroce qui donne et qui reprend la vie aux entreprises, qui avale et qui rejette les salariés. Mais une vérité ne fait pas toute la réalité. Le très bon dossier de Gilles Grandpierre et Christophe Perrin sur "Les métiers qui recrutent", dans L'Union du 9 février, nous le rappelle.
Dix métiers sont promis, dans notre pays, à un bel avenir, dans les six ans qui viennent. Ils recruteront 3,6 millions de salariés. Qui sont-ils? Assistante maternelle, agent d'entretien, enseignant, cadre administratif, aide-soignant, chauffeur, employé d'administration, ouvrier qualifié, informaticien, infirmière. Pas mal, non? Et de la diversité! Mais il faudra qu'on m'explique quelque chose: pourquoi le gouvernement programme-t-il alors des dizaines de milliers de suppressions de postes dans l'Education Nationale?
Dans l'Aisne, les dix métiers qui ont recueillis le plus d'offres d'emplois ces derniers mois sont les suivants: service à la personne, aux entreprises (nettoyage, entretien), employé de libre-service, chauffeur poids lourds, maintenance industrielle, maçon et métier du BTP, magasinier, hôtellerie-restauration, animateur de centre de loisir, arboriculteur-viticulteur. L'armée n'est pas en reste: dans tout le pays, elle propose 20 000 emplois aux 17-29 ans en 2009.
Il n'y a pas de crise du travail en France. L'économie recrute, elle a même parfois du mal à recruter. Des métiers n'attirent plus: bouchers, poissonniers, boulangers. Ce sont pourtant de beaux et utiles métiers. Qu'est-ce qui se passe alors? Une crise de la société, causée par son embourgeoisement. Les activités manuelles, les travaux d'ouvriers et d'employés, les tâches de pure exécution, les conditions d'exercice difficiles ou inhabituelles, les rémunérations faibles ou médiocres, tous ces facteurs concourent à dégrader l'image de ces métiers, qui ne sont pas conformes à l'idéal bourgeois.
Quand les fils et les filles de la bourgeoisie se battront pour devenir jardinier, couvreur et électricien, au lieu d'aspirer à être avocat, ingénieur ou médecin, les choses changeront. Ils sont à la tête de la société, ils l'influencent très largement; qu'ils donnent donc l'exemple! Car c'est la logique d'une République, société libre et égalitaire, que de répartir le travail selon les désirs de chacun.
Avant on forçait, aujourd'hui on choisit, et c'est très bien ainsi. Qu'on prenne donc très au sérieux le marché du travail, comme on prend très au sérieux le marché des biens et des services. Dans les deux agit la fameuse "main invisible". C'est aux pouvoirs publics de la guider, de prendre cette "main" par la main. C'est ce qu'on appelle aussi le socialisme. Au travail!
Bonne soirée.
6 Comments:
Emmanuel,
Je vais essayer d'apporter un élément de réponse.
Tout d'abord, sur les métiers de service, la plupart sont en temps partiel, horaires éclatés et mal payés puisque nécéssitant qu'une formation de niveau 5.
Quant au BTP, il réclame de la main-d'oeuvre qualifié. Actuellement, sur Amiens, 2500 manoeuvres intérimaires, la plupart, sont au chomâge. le groupe NEXCITY et la FFBTP ont indiqué que le btp détruirait de l'emploi : manoeuvres et maçons N1 à N2P1 (OS2 si tu préfère).
Un animateur de CLSH gagne environ 45 euros pour des journées de 9-10 heures, un directeur, entre 65 et 72 euros pour 10-12 heures de travail (la compta, les bilans d'équipe, l'accompagnement des stagiaires...), mais là, je ne t'apprends rien.
Lorsque l'économie est fondée uniquement sur des valeurs marchandes (offre, demande, échelle sociale par rapport à la consommation - sale habitude - libéralisme transformant tout en marchandise...), les valeurs républicaines qui ont fait la force de la Gauche sont étouffées.
Comme je dis souvent "on confonds trop souvent la "valeur travail" et la "valeur du travail".
L.E.
By Anonyme, at 12:44 AM
Bien d'accord avec toi. Et maintenant, on fait quoi?
By Emmanuel Mousset, at 9:56 AM
Emmanuel,
Et bien maintenant, nous devrions penser "gauche" et reprendre notre bâton de pèlerin.
A ce titre, JPC était invité sur France 2 "on n'est pas couché". C'est en podcast sur le site du MRC et celui de France 2. Je te conseille de le regarder. Cela apporte un éclaircissement.
Mais bon, je rassure tout le monde.Le MRC est à gauche.
Maintenant, je souhaiterai poser deux questions :
1) Que pense le PS de la lutte des classe ?
2) A quand le comité de liaison de la Gauche ?
Pour te répondre, je pense qu'il faudrait que tous, à gauche, nous nous réunissions et que nous mettions tout sur la table.
D'ailleurs, comme je l'ai déjà écrit sur ce blog, les valeurs de la Gauche ont été captées par la droite, qui les a exploité pour sa communication, avant de les jeter aux oubliettes (via le RSA, le bouclier fiscal, la non prise de participation dans l'économie, la dérèglementation du code du travail et de son marché, le dépeçage des services publics -edf, réseau français de distribution électrique, la justice, l'Education Nationale,... et la République que l'UMP modèle à sa guise).
A ce titre d'ailleurs, la guéguerre Coppé - Bertrand est bien symptomatique du premier grand problème que la droite va rencontrer.
Donc, penser global et agir local.
Et pour finir, une citation de Jaurès : "le socialisme proclame que la République politique doit aussi être la République sociale". J'adore cette phrase et elle me sert de fil conducteur depuis 2002. Mais là, c'est une autre histoire... pas drôle, mais bon. It's the past.
L.E.
By Anonyme, at 12:15 PM
Laurent,
Je réponds à tes deux questions:
1- La lutte des classes est pour moi une réalité, un fait, je l'ai souvent écrit sur ce blog. En tant que social-démocrate, je ne souhaite pas l'exacerber, mais je suis bien obligé de la prendre en compte. Et je constate que la droite est celle qui pratique le plus la lutte des classes, en même temps qu'elle nie son principe.
2- Le comité de liaison de la gauche doit impérativement se réunir au niveau local, je l'ai là aussi souvent écrit. Mais tout ça ne dépend pas de moi. Hélas.
Bon dimanche.
By Emmanuel Mousset, at 1:38 PM
Laurent a raison,
JPC a été tres pertinent samedi soir,
un moment politique et démocratique vraiment intéressant.
Quant aux rivalités internes de l'ump,
nous verrons bien ce qu'il en sera.
Mais une chose est sure, cela n'atteindra jamais les sommets du triumvirat Aubry, Royal et Besancenot.
Qui n'ont pas fini de se déchirer.
By grandourscharmant, at 7:25 PM
Aubry-Royal, la réconciliation, c'est fait. Avec Besancenot, il n'en est pas question puisque c'est impossible.
By Emmanuel Mousset, at 8:08 AM
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