Un débat budgétaire.
Bonjour à toutes et à tous.
Je n'ai pas pu assister hier soir à la totalité du conseil municipal de Saint-Quentin, devant animer le Ciné Philo portant sur... la politique et le Pouvoir (avec la projection du film de Sorrentino, "Il Divo", je vous en reparlerai). J'ai suivi les débats autour du premier point, les orientations du budget 2009, le plus important, avec sans doute l'agence postale municipale de Saint-Martin.
Le sénateur-maire Pierre André a commencé par un exposé de 30 minutes divisé en trois parties: le rappel des différents échelons territoriaux et leurs responsabilités, les grands travaux en cours dans la ville, l'état des finances. Pour le premier point, il a été confirmé l'organisation d'une grande consultation des Saint-Quentinois sur les choix municipaux, dans l'esprit de la "démocratie participative". Pour le deuxième point, l'extension du centre ville au Quai Gayant reste la mesure-phare, "dont on parlera encore pendant dix ans". Pour le troisième point, le maire a soutenu que la pression fiscale n'augmenterait pas en 2009.
L'opposition, d'une seule voix, a tenté une critique de ce budget. D'abord d'un point de vue général, Jean-Pierre Lançon a fait plusieurs remarques: les dotations de l'Etat ne sont pas à la hauteur des besoins, la fiscalité locale en réalité augmente, la rénovation du Quai Gayant obère d'autres investissements. Puis Michel Aurigny est revenu sur la fiscalité en soutenant, avec forces démonstrations mathématiques, que la pression fiscale était en hausse, qu'il fallait la réduire et augmenter les salaires des employés de la Ville.
A Jean-Pierre Lançon, la réponse de Pierre André est toujours la même, presque en boucle, qu'on a déjà entendu et qu'on entendra encore: la situation fiscale était pire sous la municipalité de gauche, les augmentations viennent du Conseil général et du Conseil régional, la population par ses votes soutient la politique municipale, les syndicats d'employés municipaux sont satisfaits. A Michel Aurigny, c'est un procès en incompétence qui est établi par le sénateur-maire, lui reprochant de ne pas "savoir calculer" (ce qui est osé concernant un agrégé de mathématiques!) et concluant l'échange sur une question mystérieuse laissée sans réponse: "Connaissez-vous les bases physiques?"
Je connais la fiscalité sur les personnes physiques, je connais les bases physiques dans le domaine scientifique, sinon je ne vois pas. Drôle de conseil municipal tout de même, à l'image de cette dernière question! Pire qu'un dialogue de sourds, pas de dialogue, pas de véritable débat. L'opposition s'efforce pourtant à une certaine modération, soulignant qu'elle ne conteste pas tout, qu'elle fait des remarques, qu'elle demande des précisions, mais le maire n'en a cure: il la renvoie systématiquement à son image "radicale", contestataire.
Il ressort de tout ça, du moins tel que je le perçois, quelque chose d'amer, qui ne correspond pas à l'idée que je me fais de la démocratie. On a le sentiment que l'opposition ne sert à rien sinon à témoigner de ses désaccords, on a l'impression que la majorité reste enfermée dans ses certitudes, le maire terminant, visiblement excédé, un débat dans lequel, c'est flagrant, il n'estime pas ses interlocuteurs à la hauteur.
Je crois, quant à moi, que les divergences les plus fortes peuvent s'exprimer dans une estime réciproque, et même un respect de l'autre. Je vais jusqu'à penser que l'opposition peut bonifier la majorité, que la majorité peut entraîner l'opposition, que c'est ce jeu entre les deux qui rend utile, efficace, performant le système politique municipal. Sinon à quoi bon?
J'observais hier les journalistes: qu'ont-ils retenu de tout ça? Qu'en diront-ils dans la presse de ce matin? Car un conseil municipal est surtout une scène en direction de la population. Les deux vraies questions politiques de ce débat d'orientations budgétaires étaient les suivantes: oui ou non, la pression fiscale augmente-t-elle à Saint-Quentin? Au delà des modes de calcul très vite techniques et donc compliqués, il faut répondre. Oui ou non, l'opération du Quai Gayant est-elle une bonne chose, sachant que l'argent pouvait servir ailleurs? Mais où, à quoi?
Bonne matinée.
Je n'ai pas pu assister hier soir à la totalité du conseil municipal de Saint-Quentin, devant animer le Ciné Philo portant sur... la politique et le Pouvoir (avec la projection du film de Sorrentino, "Il Divo", je vous en reparlerai). J'ai suivi les débats autour du premier point, les orientations du budget 2009, le plus important, avec sans doute l'agence postale municipale de Saint-Martin.
Le sénateur-maire Pierre André a commencé par un exposé de 30 minutes divisé en trois parties: le rappel des différents échelons territoriaux et leurs responsabilités, les grands travaux en cours dans la ville, l'état des finances. Pour le premier point, il a été confirmé l'organisation d'une grande consultation des Saint-Quentinois sur les choix municipaux, dans l'esprit de la "démocratie participative". Pour le deuxième point, l'extension du centre ville au Quai Gayant reste la mesure-phare, "dont on parlera encore pendant dix ans". Pour le troisième point, le maire a soutenu que la pression fiscale n'augmenterait pas en 2009.
L'opposition, d'une seule voix, a tenté une critique de ce budget. D'abord d'un point de vue général, Jean-Pierre Lançon a fait plusieurs remarques: les dotations de l'Etat ne sont pas à la hauteur des besoins, la fiscalité locale en réalité augmente, la rénovation du Quai Gayant obère d'autres investissements. Puis Michel Aurigny est revenu sur la fiscalité en soutenant, avec forces démonstrations mathématiques, que la pression fiscale était en hausse, qu'il fallait la réduire et augmenter les salaires des employés de la Ville.
A Jean-Pierre Lançon, la réponse de Pierre André est toujours la même, presque en boucle, qu'on a déjà entendu et qu'on entendra encore: la situation fiscale était pire sous la municipalité de gauche, les augmentations viennent du Conseil général et du Conseil régional, la population par ses votes soutient la politique municipale, les syndicats d'employés municipaux sont satisfaits. A Michel Aurigny, c'est un procès en incompétence qui est établi par le sénateur-maire, lui reprochant de ne pas "savoir calculer" (ce qui est osé concernant un agrégé de mathématiques!) et concluant l'échange sur une question mystérieuse laissée sans réponse: "Connaissez-vous les bases physiques?"
Je connais la fiscalité sur les personnes physiques, je connais les bases physiques dans le domaine scientifique, sinon je ne vois pas. Drôle de conseil municipal tout de même, à l'image de cette dernière question! Pire qu'un dialogue de sourds, pas de dialogue, pas de véritable débat. L'opposition s'efforce pourtant à une certaine modération, soulignant qu'elle ne conteste pas tout, qu'elle fait des remarques, qu'elle demande des précisions, mais le maire n'en a cure: il la renvoie systématiquement à son image "radicale", contestataire.
Il ressort de tout ça, du moins tel que je le perçois, quelque chose d'amer, qui ne correspond pas à l'idée que je me fais de la démocratie. On a le sentiment que l'opposition ne sert à rien sinon à témoigner de ses désaccords, on a l'impression que la majorité reste enfermée dans ses certitudes, le maire terminant, visiblement excédé, un débat dans lequel, c'est flagrant, il n'estime pas ses interlocuteurs à la hauteur.
Je crois, quant à moi, que les divergences les plus fortes peuvent s'exprimer dans une estime réciproque, et même un respect de l'autre. Je vais jusqu'à penser que l'opposition peut bonifier la majorité, que la majorité peut entraîner l'opposition, que c'est ce jeu entre les deux qui rend utile, efficace, performant le système politique municipal. Sinon à quoi bon?
J'observais hier les journalistes: qu'ont-ils retenu de tout ça? Qu'en diront-ils dans la presse de ce matin? Car un conseil municipal est surtout une scène en direction de la population. Les deux vraies questions politiques de ce débat d'orientations budgétaires étaient les suivantes: oui ou non, la pression fiscale augmente-t-elle à Saint-Quentin? Au delà des modes de calcul très vite techniques et donc compliqués, il faut répondre. Oui ou non, l'opération du Quai Gayant est-elle une bonne chose, sachant que l'argent pouvait servir ailleurs? Mais où, à quoi?
Bonne matinée.
13 Comments:
Il m'a semblé à moi que les choses étaient tres claires.
By grandourscharmant, at 1:59 PM
Effectivement, les choses sont claires : les taxes communales augmentent.
By Anonyme, at 2:45 PM
A l'ours:
Les choses vous sont très claires parce que vous êtes très intelligent, je présume. Moi, je ne le suis que moyennement, et ignare dans certains domaines. Bref, je suis un citoyen ordinaire.
Mais puisque tout vous semble très clair, pourquoi ne dites-vous rien de cette clarté?
By Emmanuel Mousset, at 2:49 PM
A l'anonyme:
C'est ce que je crois comprendre aussi. J'en reparlerai dans un prochain billet.
By Emmanuel Mousset, at 2:50 PM
Qui êtes vous grandourscharmant ?
Etes-vous un élu ?
By Anonyme, at 3:08 PM
L'élu de Dieu ou du Diable?
By Emmanuel Mousset, at 3:13 PM
vil flatteur,
je pense que les 2 ont raison,
le maire et le conseil municipal d'opposition.
L'un évoque une moyenne qui est la somme de cas particuliers,
l'autre évoque un cas particulier et spécifique.
Les calculs peuvent etre tout à fait exact,
c'est l'interprétation de ces calculs qui suscite questionnement.
By grandourscharmant, at 4:40 PM
Et je donnerai meme raison à l'anonyme,
les taxes augmentent pour ceux qui en paient
alors que pour ceux qui n'en paient pas, ce n'est pas le cas.
Mais apres tout,
n'est ce pas cela la solidarité,
que ceux qui en ont les moyens paient plus que ceux qui n'ont pas de moyens.
La gauche aurait elle des difficultés avec la mise en pratique des idées qu'elle défend ?
By grandourscharmant, at 4:43 PM
De là où vous étiez, peut-être n'avez vous pas bien entendu ?
By Anonyme, at 7:25 PM
De là où j'étais, j'ai trop bien entendu les contradictions et la confusion des échanges. En haut, on entend mieux qu'en bas.
By Emmanuel Mousset, at 10:57 PM
A l'ours:
Tout le monde a raison, les impôts augmentent pour ceux qui en paient et baissent pour ceux qui n'en paient pas. Vous êtes entre Ponce Pilate et Monsieur de La Palice.
By Emmanuel Mousset, at 10:59 PM
La question était pour l'ours
By Anonyme, at 11:59 PM
Je ne crois pas que l'ours était dans le public. Nous ne sommes jamais très nombreux. Il serait venu me saluer, tout de même!
By Emmanuel Mousset, at 9:32 PM
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