Mort en direct.
Bonjour à toutes et à tous.
Vous avez sans doute appris comme moi cette incroyable nouvelle: en Angleterre, une émission de télé-réalité va filmer les derniers jours d'une ancienne vedette, un peu leur Loana, atteinte d'un cancer généralisé. C'est choquant, scandaleux même. On se dit spontanément que la télé-réalité va ici trop loin. Elle était bête, elle devient criminelle. Et tout ça pour le fric, bien entendu! La fiction avait anticipé la terrible réalité puisqu'en 1980 le film de Bertrand Tavernier, "La mort en direct", racontait la même histoire.
Voilà de quoi nous dégoûter de la société moderne, de quoi liguer tous les moralistes du monde et tous les révolutionnaires du monde dans un même rejet du spectacle indécent et de son exploitation pécuniaire. Pourtant, je ne me joindrais pas à cette ligue, parce que je crois qu'on peut voir les choses autrement (l'Angleterre d'ailleurs est divisée sur le sujet). Pour trois raisons:
1- La société moderne se caractérise par le refoulement de la mort. Jadis, roi ou paysan, il était fréquent et naturel de mourir en public, entouré des siens et des voisins. Montrer la mort dans toute sa crudité à tout un peuple, si quelque chose est révolutionnaire, si quelque chose inspire une réflexion morale, c'est bien ça. Ne nous laissons donc pas aller à nos réactions et sentiments immédiats: il y a aussi de la vertu, une leçon de vie dans le spectacle de la mort, patience, courage, sagesse.
2- Personne n'a obligé la vedette de ce Death Show à participer. C'est son choix, sa liberté, peut-être sa dernière liberté, peut-être même sa rédemption, ne pas mourir dans l'anonymat d'une chambre d'hôpital, oubliée de tous, mais partir comme on a voulu vivre, en pleine lumière, sous les sunlights. Etre une vedette jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Après tout, si mon médecin m'annonçait la fatale échéance, je serais bien capable, moi aussi, de tenir ce blog jusqu'à mon dernier souffle. Pour moi, ce serait une ultime raison d'être, et pour vous, une lecture autrement plus passionnante que mes petites histoires politiques.
3- Mais l'argent, le fric, la marchandisation de la mort!? Calmons-nous: cette émission de télé-réalité permettra de financer la recherche contre le cancer et de pouvoir aux besoins des deux enfants de la vedette. Si l'on doit condamner tout ce qui a la couleur de l'argent, on va non seulement condamner toute notre société, mais aussi toute l'histoire de l'humanité. Condamner l'exploitation, oui, c'est la raison d'être de la gauche. Mais condamner l'argent, non!
Voilà donc pourquoi l'émission par qui le scandale arrive chez nos amis anglais soulève en moi l'indulgence et la compréhension. Mais j'ai peut-être tort...
Bonne matinée.
Vous avez sans doute appris comme moi cette incroyable nouvelle: en Angleterre, une émission de télé-réalité va filmer les derniers jours d'une ancienne vedette, un peu leur Loana, atteinte d'un cancer généralisé. C'est choquant, scandaleux même. On se dit spontanément que la télé-réalité va ici trop loin. Elle était bête, elle devient criminelle. Et tout ça pour le fric, bien entendu! La fiction avait anticipé la terrible réalité puisqu'en 1980 le film de Bertrand Tavernier, "La mort en direct", racontait la même histoire.
Voilà de quoi nous dégoûter de la société moderne, de quoi liguer tous les moralistes du monde et tous les révolutionnaires du monde dans un même rejet du spectacle indécent et de son exploitation pécuniaire. Pourtant, je ne me joindrais pas à cette ligue, parce que je crois qu'on peut voir les choses autrement (l'Angleterre d'ailleurs est divisée sur le sujet). Pour trois raisons:
1- La société moderne se caractérise par le refoulement de la mort. Jadis, roi ou paysan, il était fréquent et naturel de mourir en public, entouré des siens et des voisins. Montrer la mort dans toute sa crudité à tout un peuple, si quelque chose est révolutionnaire, si quelque chose inspire une réflexion morale, c'est bien ça. Ne nous laissons donc pas aller à nos réactions et sentiments immédiats: il y a aussi de la vertu, une leçon de vie dans le spectacle de la mort, patience, courage, sagesse.
2- Personne n'a obligé la vedette de ce Death Show à participer. C'est son choix, sa liberté, peut-être sa dernière liberté, peut-être même sa rédemption, ne pas mourir dans l'anonymat d'une chambre d'hôpital, oubliée de tous, mais partir comme on a voulu vivre, en pleine lumière, sous les sunlights. Etre une vedette jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Après tout, si mon médecin m'annonçait la fatale échéance, je serais bien capable, moi aussi, de tenir ce blog jusqu'à mon dernier souffle. Pour moi, ce serait une ultime raison d'être, et pour vous, une lecture autrement plus passionnante que mes petites histoires politiques.
3- Mais l'argent, le fric, la marchandisation de la mort!? Calmons-nous: cette émission de télé-réalité permettra de financer la recherche contre le cancer et de pouvoir aux besoins des deux enfants de la vedette. Si l'on doit condamner tout ce qui a la couleur de l'argent, on va non seulement condamner toute notre société, mais aussi toute l'histoire de l'humanité. Condamner l'exploitation, oui, c'est la raison d'être de la gauche. Mais condamner l'argent, non!
Voilà donc pourquoi l'émission par qui le scandale arrive chez nos amis anglais soulève en moi l'indulgence et la compréhension. Mais j'ai peut-être tort...
Bonne matinée.
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