La place du pauvre.
Je veux vous parler ce soir de la place que j'occupe au conseil municipal. C'est un espace très restreint d'où l'on ne voit presque rien. Généralement, il y a peu de monde, seulement quelques citoyens. C'est bien dommage. De toute façon, on ne peut pas être très nombreux. Et ce n'est pas normal: un conseil municipal devrait pouvoir être ouvert à un plus large public. C'est la loi de la démocratie, même locale: le contrôle du peuple.
J'ai ma place, sur un banc, à l'extrême gauche, face à la presse. Quand je me penche un peu, je vois les élus d'opposition. C'est la place du pauvre, le banc des galériens (ceux qui rament et qui n'aperçoivent pas la terre ferme!). J'exagère bien sûr, mais c'est pour vous faire comprendre ce que je ressens. Ça fait dix ans que je m'installe là, pas assidûment, mais souvent. J'en ai vu passer, des conseils municipaux! Je me souviens de l'époque Lançon-Mennesson, tout au début, puis de l'époque Grzegzulka-Cabanes. Aujourd'hui, c'est Lançon-Aurigny. Et demain? Peu importe, j'ai l'impression d'être blasé, tant que c'est la droite qui est là, à présider.
Drôle de place, tout de même! On est très haut, on domine tout alors qu'en réalité, quand on est là, on ne domine rien. Lundi soir, j'étais entre la LCR et le MRC. Avant, je siégeais souvent au côté de Grzeziczak. Maintenant, il a rejoint la fosse, il est en bas, tout content, tout beau. C'était mon compagnon d'infortune. C'est fini. Mais je n'aimerais pas être à sa place. J'ai ma dignité, mon orgueil. Plutôt être tué par les miens (c'est ce qui s'est passé) que rejoindre la droite! A ceux d'en bas, je leur laisse leur vanité, qu'ils acceptent donc mon orgueil.
A Saint-Quentin, la place du public a été aménagée dans un balcon. Au théâtre (mais un conseil municipal n'est-il pas une pièce qui se joue devant vous?), le plus haut balcon, celui du peuple, est appelé le Paradis (Rappelez-vous du film de Marcel Carné, "Les Enfants du Paradis"). Mais c'est un tort: en politique, c'est le lieu de l'Enfer, comme on emploie ce mot pour évoquer les livres cachés d'une bibliothèque. Sauf qu'ici ce sont les individus qui sont mis à l'index. Y a-t-il d'ailleurs un Paradis pour les militants politiques?
Mais je ne veux pas avoir l'air de me plaindre ni de m'apitoyer. A une certaine hauteur, dans une forme de constance, on est saisi par un sentiment d'éternité, une sorte de détachement. Dans le christianisme, la place du pauvre est la première, la plus digne. La pauvreté est alors le dépouillement, la nudité, qui est la marque de la vérité, quand elle sort de son puits. A quelques-uns d'en bas dont je vois la grande misère, je suis fier de ma simple pauvreté.
Bonne nuit.
J'ai ma place, sur un banc, à l'extrême gauche, face à la presse. Quand je me penche un peu, je vois les élus d'opposition. C'est la place du pauvre, le banc des galériens (ceux qui rament et qui n'aperçoivent pas la terre ferme!). J'exagère bien sûr, mais c'est pour vous faire comprendre ce que je ressens. Ça fait dix ans que je m'installe là, pas assidûment, mais souvent. J'en ai vu passer, des conseils municipaux! Je me souviens de l'époque Lançon-Mennesson, tout au début, puis de l'époque Grzegzulka-Cabanes. Aujourd'hui, c'est Lançon-Aurigny. Et demain? Peu importe, j'ai l'impression d'être blasé, tant que c'est la droite qui est là, à présider.
Drôle de place, tout de même! On est très haut, on domine tout alors qu'en réalité, quand on est là, on ne domine rien. Lundi soir, j'étais entre la LCR et le MRC. Avant, je siégeais souvent au côté de Grzeziczak. Maintenant, il a rejoint la fosse, il est en bas, tout content, tout beau. C'était mon compagnon d'infortune. C'est fini. Mais je n'aimerais pas être à sa place. J'ai ma dignité, mon orgueil. Plutôt être tué par les miens (c'est ce qui s'est passé) que rejoindre la droite! A ceux d'en bas, je leur laisse leur vanité, qu'ils acceptent donc mon orgueil.
A Saint-Quentin, la place du public a été aménagée dans un balcon. Au théâtre (mais un conseil municipal n'est-il pas une pièce qui se joue devant vous?), le plus haut balcon, celui du peuple, est appelé le Paradis (Rappelez-vous du film de Marcel Carné, "Les Enfants du Paradis"). Mais c'est un tort: en politique, c'est le lieu de l'Enfer, comme on emploie ce mot pour évoquer les livres cachés d'une bibliothèque. Sauf qu'ici ce sont les individus qui sont mis à l'index. Y a-t-il d'ailleurs un Paradis pour les militants politiques?
Mais je ne veux pas avoir l'air de me plaindre ni de m'apitoyer. A une certaine hauteur, dans une forme de constance, on est saisi par un sentiment d'éternité, une sorte de détachement. Dans le christianisme, la place du pauvre est la première, la plus digne. La pauvreté est alors le dépouillement, la nudité, qui est la marque de la vérité, quand elle sort de son puits. A quelques-uns d'en bas dont je vois la grande misère, je suis fier de ma simple pauvreté.
Bonne nuit.
4 Comments:
Et philosophe avec ça ? ;-)
By jpbb, at 11:51 PM
Non, simplement observateur.
By Emmanuel Mousset, at 9:35 AM
C'est plutot du "psychologie magazine".
By Anonyme, at 2:30 PM
Je me demande parfois, pour le regretter, si la psychologie n'a pas plus d'importance en politique que tout le reste. Peut-être même que la politique est une variante de la psychologie, une manière de gérer les rapports entre les individus dans le but de les dominer.
Je le regrette parce que je pense que la psychologie ne devrait pas avoir sa place en politique. La morale oui, l'économie bien sûr, mais pas la psychologie.
Et puis j'ai une autre raison dans ma réticence pour la psychologie: je ne suis pas du tout, mais vraiment pas du tout psychologue! Mes adversaires m'attribuent beaucoup de défauts imaginaires, mais je suis surpris de constater qu'ils me font rarement ce reproche. Manque de psychologie de leur part?
By Emmanuel Mousset, at 3:13 PM
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