L'Aisne avec DSK

19 février 2009

Le rêve brisé.

Bonjour à toutes et à tous.

Nicolas Sarkozy a parlé, une deuxième fois hier, après son émission télévisée il y a une semaine, avant son intervention sur RFO ce soir. Ca fait beaucoup. En vérité, il patine sévère. Et des dizaines de milliers d'enseignants-chercheurs dans la rue cet après-midi, ça n'arrange rien pour lui. Peu à peu, on le sent bien, la société échappe à la droite. Nous sommes dans le contrecoup de la crise financière mondiale. C'est elle qui a cassé le rêve de Sarkozy, que Villepin, qui le connaît bien, a très justement résumé: implanter en France le modèle anglo-saxon. Voilà le sarkozysme, et pas je ne sais quel bonapartisme.

Sa prestation d'hier était l'ultime tentative de convaincre. Sarkozy croit trop en lui pour ne pas se laisser aller à cette force du désespoir, à ce pitoyable projet de "refonder" un système, le capitalisme, qui s'effondre de toute part (je parle du capitalisme, de sa logique, de son idéologie, pas de l'économie de marché). J'ai deux reproches à faire à notre président:

1- Pas un mot sur la Guadeloupe. Voilà un président prolixe, bavard, enragé à nous persuader, sûr de son bon droit, mais qui ne dit rien d'une situation explosive, au bord de l'insurrection, sur un territoire français livré à la violence, où un syndicaliste a été tué. Rien, pas un mot. C'est pour ce soir? Réservé aux Antillais et à la chaîne RFO? Comme si ce pays d'outre mer était aussi d'outre France! Non, ce qui se passe là-bas nous concerne tous. C'est un problème national, pas insulaire. En fait, le président a peur, comme il a eu peur devant la révolte en Grèce. Sauf que cette fois, c'est la France, et que la peur s'est transformée en panique.

2- Après la rencontre tant attendue avec les syndicats, il y a eu quelques propositions de nature sociales, oui, c'est un début. Mais ce n'est pas à la hauteur de la crise. Il faut des mesures fondamentales. Je ne demande pas au président de se déjuger. Il a été mandaté pour cinq ans par le peuple sur des orientations précises, qu'il fasse. Mais rien ne lui interdit des modifications, des réorientations. Après tout, la gauche a eu la sagesse de le faire en 1983, sans se renier, sans mettre un terme à ses objectifs d'émancipation sociale. La droite a le choix. Qu'elle cherche du côté de son "paquet fiscal", elle trouvera: retaxer les gros héritages, assouplir le "bouclier fiscal". Elle peut aussi modérer sa doctrine de suppression massive de l'emploi public. Ce n'est pas renoncer à soi que s'adapter à une situation nouvelle.

Un homme qui a peur se replie sur lui-même. Nicolas Zarkozy s'enferme dans ses contradictions. Il nous explique maintenant, ne s'étonnant même pas du paradoxe, que c'est le "modèle social français", qu'il était chargé de liquider, qui a protégé les Français de la crise. J'ignore complètement comment il va se sortir de là. Lui non plus, probablement. Il faut l'y aider. Un seul moyen pour ça: préparer méthodiquement la grève du 19 mars, montrer que rien ne s'arrête, que la détermination est forte.


Bonne fin d'après-midi.