Le cauchemar des socialistes.

Connaissez-vous Hugues Turpin? Pas moi, vous non plus, avant janvier dernier, où ce candidat de la gauche radicale, soutenu par le PG, le PCF et le NPA, est passé d'un poil (18,77%) devant le candidat du PS (17,91%), lors d'une élection cantonale partielle, à Douarnenez. Hugues Turpin devrait être, si nous sommes lucides, le cauchemar des socialistes, le 2002 de l'extrême gauche.

Pas au niveau national, pas pour une présidentielle, pas partout en France. Mais méfions-nous des élections locales et des élections européennes. Mélenchon ne réussit pas trop mal sa petite affaire, il a 4 000 bonshommes avec lui. Rien à voir avec l'aventure chevènementiste du MRC. Le PS certes est en voie de rétablissement, ça va mieux mais ce n'est pas encore ça, et il faut veiller aux possibles rechutes.

Et puis, il y a Besancenot et son NPA, lancé le week-end dernier: popularité, bons sondages, surface médiatique. La faucille et le marteau, c'est fini. Son logo, c'est désormais un haut-parleur, qui en dit plus sur l'identité du nouveau parti qu'un long discours: crier, gueuler, plus fort que tout le monde, se faire entendre, voilà qui colle bien à la société contemporaine, comme cette mode qui a aussi atteint Saint-Quentin, se retrouver quelque part et crier.

Anne-Sophie Mercier, dans Charlie Hebdo de cette semaine, rattache le NPA à la "vieille tradition de l'anarcho-syndicalisme". C'est tout à fait ça, et c'est paradoxal: Besancenot va puiser dans la plus ancienne strate de gauche, la couche antédiluvienne, pour en faire jaillir quelque chose de complètement nouveau, totalement contemporain. Chapeau.

Mais attention le PS! A Saint-Quentin, la gauche radicale occupe un bel espace. Dans deux ans, pour les cantonales, elle peut tenter le coup, comme à Douardenez. Au canton centre, elle présente Olivier Tournay, qui est un peu notre Besancenot local: jeune, bonne tête, radical mais pas fanatique, parlant bien, conseiller municipal remarqué pour ses interventions, le canton centre, c'est pour lui. D'autant que la cellule de quartier du PCF a été récemment réactivée, qu'elle est dynamique et médiatique (depuis 10 ans que le lis chaque jour la presse locale, je n'ai jamais vu les communistes aussi présents).

Au canton nord, il faudra bien laisser la place à l'extrême gauche: la gauche antilibérale saura trouver cet arrangement-là. Son candidat: il n'y a pas à hésiter, ce sera Michel Aurigny, du Parti Ouvrier Indépendant. Il habite dans le canton, c'est un enseignant et syndicaliste de longue date et bien connu, il a aidé pas mal de gens. Tournay au centre, Aurigny au nord, ce sera en 2011 (c'est à dire demain), le ticket de la gauche anticapitaliste, qui obtiendra peut-être le soutien du MRC. Un ticket gagnant? Ca, c'est une autre histoire. Mais un ticket menaçant pour le PS, c'est certain.

Côté socialiste, nous aurons quels alliés? Les Verts et le PRG? Nous savons qu'ils ne pèsent pas lourds, hélas, sur la ville. Il y aura des candidats MoDem (Stéphane Monnoyer n'attend que ça), c'est sûr. Ce seront les capteurs du centre gauche au premier tour, les rabatteurs de voix de la droite au second tour. Plus quelques écolos indépendants (c'est à dire téléguidés) genre Daniel Wargnier, pour là aussi bordurer la gauche, l'empêcher de sortir de son lit, la laisser faire sagement son score incompressible, pourvu qu'elle ne gagne pas.

J'exagère? Je fabule? Je vois tout en noir (ou plutôt en rouge vif)? Peut-être, peut-être. Mais mieux vaut prévenir que guérir, pour ne pas avoir à dire: je ne savais pas... Le cauchemar d'Hugues Turpin est en moi.


Bon après-midi.