Un jour un jour.
Bonjour à toutes et à tous.
J'ai hésité avant de vous en parler, je n'osais pas. Il faut dire que ça ne m'arrive jamais, je suis si peu émotif. Et pourtant, j'ai failli pleurer, cette semaine. C'était mercredi, avant de rencontrer la vice-présidente (voir le billet du 23 avril, "Scène de pouvoir"), je traversais la forêt de Saint-Gobain et j'écoutais, dans ma voiture, Ferrat chantant Aragon. Je suis tombé sur "Un jour un jour", poème tiré du Fou d'Elsa, chapitre "La grotte", extrait de "Fable du navigateur et du poète".
Ce n'est pas le poème d'Aragon, ce n'est pas la chanson de Ferrat les plus connus. Mais quand je les ai écoutés, au volant de ma voiture, en forêt de Saint-Gobain, quelque chose m'a pris à l'estomac et est remonté jusqu'aux yeux. Je crois que ça s'appelle l'émotion. On a alors l'impression que plus rien n'existe que ce qu'on est en train d'entendre, que tout pourrait s'arrêter, que plus rien n'a d'importance, parce qu'on est au dessus de tout, de la médiocrité, de la vie, de soi-même.
Lisez ce poème, écoutez surtout cette chanson, je ne vous en dis pas plus, vous comprendrez. Ferrat, ah Jean Ferrat ! C'est le communiste qui donnait envie d'être et de devenir communiste ! Imaginez un peu : un chanteur populaire qui se met au service du plus grand poète français contemporain. Vous connaissez aujourd'hui un équivalent ? Et tous les deux partageaient la même foi communiste, qui chez eux, et singulièrement dans ce poème-chanson "Un jour un jour", prenait quasiment une dimension christique. Deux hommes qui offraient leur talent et leur génie au Parti communiste, et à travers lui à la classe ouvrière.
Quelle fierté on pouvait éprouver en ce temps-là d'être ouvrier et communiste, quand Ferrat et Aragon étaient les représentants et les défenseurs de votre classe et de votre cause ! Chez les socialistes, à la SFIO, il n'y avait rien de semblable, pas de ces "compagnons de route" comme on les appelait, intellectuels et artistes qui soutenaient le Parti. A droite, ils avaient Malraux, Druon qui nous a quittés il y a quelques jours ("Le chant des partisans", ça aussi, c'était quelque chose !), mais c'est tout, et ce n'étaient pas des figures populaires.
Ces années-là, d'après-guerre, les communistes avaient su donner de la grandeur, de la hauteur à la politique. Oui, eux, les stals, les prolos ! La SFIO, c'était les nécessaires combines de gouvernement. Comment voulez-vous trouver de la grandeur et de la hauteur là-dedans? Aujourd'hui, les nanas et les barbichus du NPA, je ne m'y retrouve pas non plus. C'est terrible, les communistes de ce temps-là, je crois que je les aime, alors que ce n'étaient pas des tendres. Mais je les aime à cause de Ferrat et d'Aragon, de cette chanson qui me fait frissonner, de cette strophe que je veux vous rappeler:
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Bonne matinée.
J'ai hésité avant de vous en parler, je n'osais pas. Il faut dire que ça ne m'arrive jamais, je suis si peu émotif. Et pourtant, j'ai failli pleurer, cette semaine. C'était mercredi, avant de rencontrer la vice-présidente (voir le billet du 23 avril, "Scène de pouvoir"), je traversais la forêt de Saint-Gobain et j'écoutais, dans ma voiture, Ferrat chantant Aragon. Je suis tombé sur "Un jour un jour", poème tiré du Fou d'Elsa, chapitre "La grotte", extrait de "Fable du navigateur et du poète".
Ce n'est pas le poème d'Aragon, ce n'est pas la chanson de Ferrat les plus connus. Mais quand je les ai écoutés, au volant de ma voiture, en forêt de Saint-Gobain, quelque chose m'a pris à l'estomac et est remonté jusqu'aux yeux. Je crois que ça s'appelle l'émotion. On a alors l'impression que plus rien n'existe que ce qu'on est en train d'entendre, que tout pourrait s'arrêter, que plus rien n'a d'importance, parce qu'on est au dessus de tout, de la médiocrité, de la vie, de soi-même.
Lisez ce poème, écoutez surtout cette chanson, je ne vous en dis pas plus, vous comprendrez. Ferrat, ah Jean Ferrat ! C'est le communiste qui donnait envie d'être et de devenir communiste ! Imaginez un peu : un chanteur populaire qui se met au service du plus grand poète français contemporain. Vous connaissez aujourd'hui un équivalent ? Et tous les deux partageaient la même foi communiste, qui chez eux, et singulièrement dans ce poème-chanson "Un jour un jour", prenait quasiment une dimension christique. Deux hommes qui offraient leur talent et leur génie au Parti communiste, et à travers lui à la classe ouvrière.
Quelle fierté on pouvait éprouver en ce temps-là d'être ouvrier et communiste, quand Ferrat et Aragon étaient les représentants et les défenseurs de votre classe et de votre cause ! Chez les socialistes, à la SFIO, il n'y avait rien de semblable, pas de ces "compagnons de route" comme on les appelait, intellectuels et artistes qui soutenaient le Parti. A droite, ils avaient Malraux, Druon qui nous a quittés il y a quelques jours ("Le chant des partisans", ça aussi, c'était quelque chose !), mais c'est tout, et ce n'étaient pas des figures populaires.
Ces années-là, d'après-guerre, les communistes avaient su donner de la grandeur, de la hauteur à la politique. Oui, eux, les stals, les prolos ! La SFIO, c'était les nécessaires combines de gouvernement. Comment voulez-vous trouver de la grandeur et de la hauteur là-dedans? Aujourd'hui, les nanas et les barbichus du NPA, je ne m'y retrouve pas non plus. C'est terrible, les communistes de ce temps-là, je crois que je les aime, alors que ce n'étaient pas des tendres. Mais je les aime à cause de Ferrat et d'Aragon, de cette chanson qui me fait frissonner, de cette strophe que je veux vous rappeler:
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Bonne matinée.
16 Comments:
Et c'est passé sur quelle radio ?
By Anonyme, at 12:47 PM
C'était un CD.
By Emmanuel Mousset, at 3:14 PM
C'est bien ce que je pensais, c'est tellement vieux et démodé.
By Anonyme, at 3:20 PM
Ferrat vieux et démodé,
c'était totalement moderne
puisque précurseur du modem.
By grandourscharmant, at 4:09 PM
???
By lightbulb, at 6:18 PM
Désolé, je viens de comprendre en relisant le billet.
Elle est bien bonne!!
By lightbulb, at 6:20 PM
A l'anonyme:
Il faut être vieux et démodé pour être toujours moderne.
By Emmanuel Mousset, at 7:13 PM
A lightbulb:
Je suppose que c'est la dimension "christique" qui vous semble la bien bonne. Vous faites erreur. Bayrou a tout au plus une dimension de bedeau, mais sûrement pas christique.
By Emmanuel Mousset, at 7:16 PM
Surement moins chiristique que ségo la madone!!
Bedeau, non, nous ne sommes pas des moutons.pourquoi nous affubler d'un suivisme béat?
By lightbulb, at 8:20 PM
Le suivisme étant la regle au ps,
il pense que c'est forcément pareil ailleurs.
By grandourscharmant, at 8:52 PM
"Faire de la politique, c'est suivre quelqu'un", m'a dit un jour un camarade, lucide et honnête.
By Emmanuel Mousset, at 11:48 PM
A lightbulb:
Père Bayrou et Soeur Ségo? Il paraît qu'ils ont même failli nuitamment se rencontrer ...
Un bedeau n'est pas un mouton. J'ai assimilé Bayrou à ce niveau hiérarchique, parce que l'identifier à un clerc me semblait excessif.
By Emmanuel Mousset, at 11:52 PM
Dans le patois du nord, un bedeau c'est un mouton, vous n'etes pas originaire du coin et donc pardonné de ne pas avoir compris le jeu de mot
By lightbulb, at 1:02 PM
Désolé, je parle le langage courant.
By Emmanuel Mousset, at 5:58 PM
Vous auriez pu prendre la peine de prendre quelques cours de picards avec un bon professeur.
By grandourscharmant, at 7:11 PM
Je fais tellement de choses et il y a tellement de gens qui ne font rien. Je leur laisse l'apprentissage du Picard.
By Emmanuel Mousset, at 10:52 AM
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