L'enfer des voisins ?
Bonjour à toutes et à tous.
C'est aujourd'hui la Fête des Voisins. Drôle de fête, quand même ! Le voisinage, est-ce qu'on a besoin de le fêter ? Ça se vit ou pas, mais on pourrait penser que ça ne se célèbre pas. Pourquoi pas, dans la même logique, une Fête des Amis, une Fête des Collègues de Travail, une Fête des Amants et des Maîtresses ? J'ai l'impression que moins le lien social existe, plus on en parle.
Et puis, le voisinage n'est pas nécessairement une valeur positive. Autrefois, dans les campagnes, il sévissait une véritable dictature du voisin, celui qui observait vos faits et gestes derrière ses persiennes, celui qui colportait des rumeurs sur votre compte. Avoir l'oeil sur le voisin, se comparer à lui, ce n'est pas bien. Du voisin, je ne sais rien. Seul un mur, paradoxalement, nous rapproche. Ce n'est pas assez pour que j'en fasse un ami. Le voisin est une menace perpétuelle pour notre intimité et notre liberté. Si l'enfer c'est les autres, pensait Sartre, c'est sûrement les voisins.
La société moderne a réussi à nous libérer de la tyrannie du voisinage, qui est à l'urbain ce que la glèbe est au paysan. Nous sommes autonomes, émancipés, nous n'avons plus besoin du voisin comme la femme n'est plus sous la dépendance du mari. Vive le progrès ! Avec la voiture, le téléphone et maintenant l'internet, je ne suis plus soumis à mon prochain, au type d'à côté, je peux entrer en relation avec mon lointain, je peux choisir mes interlocuteurs et non plus subir celui que le pur hasard a conduit à aménager près de chez moi. Et si la Fête des Voisins était profondément réactionnaire ?
Mes voisins d'à côté, je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas, personne ne s'en plaint, ni eux ni moi. Bonjour-bonsoir et tout le monde est content. Essayez de sympathiser, vous verrez les problèmes arriver. L'une des sources du cocufiage, c'est tout de même l'existence d'une voisine ou d'un voisin ! Mon voisin d'en face, je le connais parce qu'on partage certains centres d'intérêts. Sinon à quoi bon ?
J'ai reçu dans mon courrier, signés Colette Blériot et Pierre André, une petite brochure sur la Fête des Voisins à Saint-Quentin, dont je vous livre un extrait :
"Quelques mots aimables, un sourire ou simplement un signe de tête peuvent contribuer à créer un climat agréable (...) des actions concrètes fondées sur l'entraide dans la vie quotidienne comme, par exemple, aider un voisin âgé à porter ses courses, prêter des outils à un voisin qui emménage, ramasser le courrier d'un voisin parti en vacances, etc ..."
C'est bien, mais il est surprenant et révélateur que des comportements normaux, naturels, logiques ont cessé dans notre société de l'être, puisque c'est au politique, aux élus, d'en rappeler l'utilité et même la nécessité. On décrie beaucoup la politique et ses serviteurs, mais voyez un peu ce qu'ils sont désormais obligés de faire ! Dans mon enfance, ma grand-mère allait faire régulièrement des courses pour une voisine alitée, en échange de quoi la dame nous laissait une bonne bouteille ou du fromage. Mon grand-père, pour faciliter la communication, avait même installé un support en bois sur le mur séparant nos deux jardins, où l'on voyait apparaître de temps en temps des victuailles. Tout cela n'avait pas besoin d'être dit, montré, conseillé, célébré, cela existait, passait même inaperçu, semblait banal. Trente ans après, ça me revient, à cause de la Fête des Voisins.
A Saint-Quentin, tous les quartiers vont être ce soir en fête, célébrant le genre voisin, comme l'Internationale chantait "le genre humain". Sauf mon quartier, le centre ville. Depuis des années, la Municipalité tente des activités ce soir-là, mais ça ne prend manifestement pas. Et si je proposais à Pierre André et à Colette Blériot, pour l'an prochain, un café philo géant place de l'Hôtel de Ville, où chacun viendrait expliquer pourquoi et comment il peut très bien se passer de ses voisins ? Ça pourrait être un échange intéressant et un moment de très grande convivialité ...
Bon après-midi,
et bien le bonjour
à votre voisin.
C'est aujourd'hui la Fête des Voisins. Drôle de fête, quand même ! Le voisinage, est-ce qu'on a besoin de le fêter ? Ça se vit ou pas, mais on pourrait penser que ça ne se célèbre pas. Pourquoi pas, dans la même logique, une Fête des Amis, une Fête des Collègues de Travail, une Fête des Amants et des Maîtresses ? J'ai l'impression que moins le lien social existe, plus on en parle.
Et puis, le voisinage n'est pas nécessairement une valeur positive. Autrefois, dans les campagnes, il sévissait une véritable dictature du voisin, celui qui observait vos faits et gestes derrière ses persiennes, celui qui colportait des rumeurs sur votre compte. Avoir l'oeil sur le voisin, se comparer à lui, ce n'est pas bien. Du voisin, je ne sais rien. Seul un mur, paradoxalement, nous rapproche. Ce n'est pas assez pour que j'en fasse un ami. Le voisin est une menace perpétuelle pour notre intimité et notre liberté. Si l'enfer c'est les autres, pensait Sartre, c'est sûrement les voisins.
La société moderne a réussi à nous libérer de la tyrannie du voisinage, qui est à l'urbain ce que la glèbe est au paysan. Nous sommes autonomes, émancipés, nous n'avons plus besoin du voisin comme la femme n'est plus sous la dépendance du mari. Vive le progrès ! Avec la voiture, le téléphone et maintenant l'internet, je ne suis plus soumis à mon prochain, au type d'à côté, je peux entrer en relation avec mon lointain, je peux choisir mes interlocuteurs et non plus subir celui que le pur hasard a conduit à aménager près de chez moi. Et si la Fête des Voisins était profondément réactionnaire ?
Mes voisins d'à côté, je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas, personne ne s'en plaint, ni eux ni moi. Bonjour-bonsoir et tout le monde est content. Essayez de sympathiser, vous verrez les problèmes arriver. L'une des sources du cocufiage, c'est tout de même l'existence d'une voisine ou d'un voisin ! Mon voisin d'en face, je le connais parce qu'on partage certains centres d'intérêts. Sinon à quoi bon ?
J'ai reçu dans mon courrier, signés Colette Blériot et Pierre André, une petite brochure sur la Fête des Voisins à Saint-Quentin, dont je vous livre un extrait :
"Quelques mots aimables, un sourire ou simplement un signe de tête peuvent contribuer à créer un climat agréable (...) des actions concrètes fondées sur l'entraide dans la vie quotidienne comme, par exemple, aider un voisin âgé à porter ses courses, prêter des outils à un voisin qui emménage, ramasser le courrier d'un voisin parti en vacances, etc ..."
C'est bien, mais il est surprenant et révélateur que des comportements normaux, naturels, logiques ont cessé dans notre société de l'être, puisque c'est au politique, aux élus, d'en rappeler l'utilité et même la nécessité. On décrie beaucoup la politique et ses serviteurs, mais voyez un peu ce qu'ils sont désormais obligés de faire ! Dans mon enfance, ma grand-mère allait faire régulièrement des courses pour une voisine alitée, en échange de quoi la dame nous laissait une bonne bouteille ou du fromage. Mon grand-père, pour faciliter la communication, avait même installé un support en bois sur le mur séparant nos deux jardins, où l'on voyait apparaître de temps en temps des victuailles. Tout cela n'avait pas besoin d'être dit, montré, conseillé, célébré, cela existait, passait même inaperçu, semblait banal. Trente ans après, ça me revient, à cause de la Fête des Voisins.
A Saint-Quentin, tous les quartiers vont être ce soir en fête, célébrant le genre voisin, comme l'Internationale chantait "le genre humain". Sauf mon quartier, le centre ville. Depuis des années, la Municipalité tente des activités ce soir-là, mais ça ne prend manifestement pas. Et si je proposais à Pierre André et à Colette Blériot, pour l'an prochain, un café philo géant place de l'Hôtel de Ville, où chacun viendrait expliquer pourquoi et comment il peut très bien se passer de ses voisins ? Ça pourrait être un échange intéressant et un moment de très grande convivialité ...
Bon après-midi,
et bien le bonjour
à votre voisin.
21 Comments:
Sur tf1, il y a même un sujet qui s'appelle "La guerre des voisins" c'est dans l'emission Sans Aucun doute le Vendredi soir.
By Arthur Nouaillat, at 3:05 PM
et cette semaine: c'est un diner presque parfait spécial voisin.
je suis curieux de savoir quel voisin vous êtes.
car vous me paraissez austère, remplié sur vous même...
By Anonyme, at 6:52 PM
Oui je suis austère (c'est pour moi une qualité, et même une vertu, je déteste la frime, le bling-bling).
Non je ne suis pas replié sur moi-même, je passe pas mal de mon temps à rencontrer des tas de gens, dans ma vie politique et associative.
By Emmanuel Mousset, at 11:38 PM
plus précisément à les croiser,
pas à les rencontrer.
By grandourscharmant, at 11:39 PM
J'ai des infos sur l'ours :
il a 28 ans et c'est un pornographe.
Sources sures !
By Anonyme, at 11:45 PM
Sources : son facebook ! =)
il y a son age et des photos de pornographie ..
By Anonyme, at 11:47 PM
Au passage, l'ours sur facebook a 24 pages d'amis qui ne sont que des filles (evidemment)
By Anonyme, at 11:59 PM
Et il habite à Lille !
Source : Facebook
By Anonyme, at 11:59 PM
Seulement 24 pages,
vous etes sur d'avoir bien compté ?
En outre, il n'était pas besoin d'aller sur facebook pour savoir que je traitais de sujets obscènes.
Par contre, les photos de pornographie m'inquiète quelque peu,
il me semble que cela n'est pas en accord avec la charte du site.
Mais ce n'est pas ce qui me semble grave, ce qui m'inquiète,
c'est la pudibonderie de notre jeune syndicaliste lycéen
qui considère comme pornographie le fait d'avoir commenter la photo d'un sein féminin nue.
Drole d'époque, où les gamins se mettent à jouer les peres lapudeur.
By grandourscharmant, at 9:22 AM
cela me semble quelque peu tenir de la délation,
Dénonciation intéressée, méprisable, inspirée par la vengeance, la jalousie ou la cupidité.
Et etre bien loin du débat d'idée.
Avec une jeunesse pareil Emmanuel,
vous aurait bien du mal à contester que votre camp n'est pas celui de l'ordre moral et du politiquement correct.
Les parents de mai 68 ont mis au monde des petits puritains.
By grandourscharmant, at 9:31 AM
Laissons chacun mener la vie qu'il a envie de mener (pourvu qu'elle ne transgresse pas les lois en vigueur) et revenons à des commentaires politiques, dans l'esprit de ce blog.
By Emmanuel Mousset, at 9:43 AM
Emmanuel d'une certaine façon,
il s'agissait de commentaires politiques et moraux.
Il y a une tentation dans la société pour faire passer la morale avant le droit.
Ce qui est amoral devrait etre illégal et donc les lois jugés amoral n'ont pas à etre respecté.
Le téléchargement illégal me semble parfaitement illustrer mon propos,
on considère qu'il est morale donc la loi n'a pas à etre respecté.
Par contre,
quand la loi autorise ce que la morale interdirait,
on oublie la morale et on se cache derrière la loi.
Je ne suis pas sur qu'arbitrer continuellement entre loi et morale
soit tres sain
car si la loi est collective,
la morale est avant tout individuelle.
By grandourscharmant, at 10:26 AM
D'accord avec vous, sauf sur le téléchargement illégal : je ne le considère pas comme moral, mais pas non plus immoral. Je ne crois pas qu'on puisse l'assimiler à un vol ("piratage" est d'ailleurs un terme excessif). C'est plutôt une nouvelle pratique liée à la diffusion de l'internet et de sa culture de la gratuité.
By Emmanuel Mousset, at 1:39 PM
Et j'imagine que si demain je fais faire un virement bancaire de votre compte au mien via internet,
vous ne considérerez pas qu'il s'agit d'un vol.
Ce sera une nouvelle pratique qui me permettra de prendre les droits que vous avez sur cet argent pour les faire mien.
Vous n'arrivez pas à appréhender l'abstraction et vous assimilez les droits au support.
By grandourscharmant, at 2:38 PM
Comparaison fallacieuse : reproduire une oeuvre sur internet n'est pas comme prendre de l'argent sur un compte.
By Emmanuel Mousset, at 4:53 PM
ce n'est qu'une question de fichier
et de ce qu'on en fait.
Ce qui vous pose probleme,
c'est que cette réalité virtuelle a une incidence incontestable dans le réel.
Alors que pour un fichier audio ou vidéo, comme il ne vous semble pas qu'il y ait d'incidences réelles,
c'est forcément différent.
C'est vrai,
les vérités que vous ignorez ne vous dérange pas.
By grandourscharmant, at 9:12 PM
Ce n'est pas une question de fichier mais d'objet : l'oeuvre artistique n'est pas comparable à l'argent. Je peux reproduire la première, pas le second.
By Emmanuel Mousset, at 10:37 AM
C'est bien ce que je dis,
vous etes incapable de dépasser l'objet.
Or la question posé n'a rien à voir avec le support.
Un fichier sonore qu'il soit gravé sur un dvd, un cd ou juste numérique,
c'est toujours un fichier sonore.
Il ne peut pas et ne doit pas etre résumé à son support.
By grandourscharmant, at 11:48 AM
Où voulez-vous en venir avec vos ronds de jambe ?
By Emmanuel Mousset, at 10:48 PM
Je ne suis pas Ronaldo,
je ne pratique pas le passement de jambes.
By grandourscharmant, at 11:37 PM
Alors c'est le pied ...
By Emmanuel Mousset, at 2:19 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home