Marrant pas marrant.

Bonsoir à toutes et à tous.

Que serait la politique sans son comique ? Ce ne serait pas la politique ! Sans rire, je crois que rien n'est parfois plus drôle que cette activité-là. Heureusement que je ne suis pas d'un naturel expansif, sinon je pourrais éclater à bien des réunions ...

Prenez l'affaire de la Coupe de France de Foot. Quand il est question du ballon rond, l'enjeu politique prend vite des dimensions phénoménales. Ce soir, le ballon rond se joue entre les chapeaux ronds. La tradition exige la présence du président de la République. Aucun n'a dérogé à ce devoir sacré. Sauf Sarkozy, annonce hier l'Elysée, puisque l'hyper actif est au repos, au cap Nègre, dans la famille de Carla. Pourquoi pas. Même un hyper actif a le droit de ne pas l'être en permanence. Donc pas de foot. Sauf que ça fait tout un foin depuis 24 heures. Certains se demandent si Sarkozy ne recule pas devant le peuple : un stade hostile, une pluie de sifflets, ça ferait très mauvais effet, surtout en période électorale. Mais décevoir les Bretons, donner l'impression qu'on fuit, ce n'est pas bon non plus. Donc l'Elysée annonce ce soir que Sarkozy, finalement, fait ses bagages et revient sur Paris. Marrant non ?

Prenez Kouchner. C'est un homme sérieux puisqu'il est ministre. Il a aussi derrière lui bientôt un demi-siècle de vie politique. Ce n'est donc pas n'importe qui. Mais est-il capable de dire n'importe quoi ? En tout cas, le voilà qui hésite comme un gamin. Le Parisien lui demande aujourd'hui pour qui il va voter aux européennes. Il ne sait pas, il se tâte manifestement entre l'UMP et le PS. S'il votait socialiste, ce serait drôle, avouez ! Mais comme c'est quelqu'un de sérieux, il a un argument, une bonne raison : "J'attends de voir les programmes !" Cette réponse, je suis sûr que vous la connaissez, que vous l'avez déjà entendue. Elle est prononcée par tous ceux qui ne veulent pas dire pour qui ils votent, espérant bien que la prochaine fois vous ne leur reposerez plus la question. Marrant non ?

Prenez Allègre. C'est un homme important qui a cessé de l'être et qui a envie de le redevenir. En politique, pour être vraiment important, il faut être au moins ministre. Mais pas ministre des crottes de chien. Alors Allègre, dans Le Journal du Dimanche, pose ses conditions : "Si je redeviens ministre, ce sera dans un domaine précis." C'est presque une menace : on sent que si on ne lui propose pas ce qu'il souhaite, il est prêt à renoncer, à se sacrifier. C'est beau quand même le service de la France ! Et comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, Allègre annonce la couleur, et il ne fait pas dans la demi-teinte : ministre du Commerce international et de l'Industrie, à la façon du Miti japonais. Peut-être même que dans sa grande modestie, Claude Allègre pense qu'il aurait pu viser plus haut. Marrant non ?

En politique, il y a aussi ceux qui ne font pas de politique, les pas professionnels, pas élus, pas chefs de quelque chose. Parmi eux, il y a même, depuis Coluche, des humoristes. En ce moment, c'est Dieudonné. On pourrait penser qu'un spécialiste du rire devient tordant en politique. Non, c'est le contraire. Depuis qu'il s'est engagé, Dieudonné ne fait plus rire personne, à part l'extrême droite. Pourtant, il fait des efforts. Hier, il a présenté sa liste pour les européennes. Il y a de quoi se bidonner, c'est un ramassis de marginaux d'extrême gauche et d'extrême droite.

Mais c'est bizarre, on ne rit pas. Dieudonné essaie des bons mots : "L'idée de glisser ma petite quenelle dans le fond du fion du sionisme est un projet qui me reste très cher." Ou encore, parlant de la réaction de l'Elysée : "La structure a tremblé. Ça n'est qu'un début puisqu'elle va s'effondrer, à l'image des tours du 11 septembre." Là, on grimace. Et quand le colistier Alain Soral ajoute : "Le seul ennemi de cette République, c'est le sionisme, qui est là et qui nous divise depuis toujours, qui organise en fait les guerres un peu partout, dans le monde et en France", on a envie de vomir.

Même si mon ami Cohn-Bendit trouve "complètement idiot" la volonté de Sarkozy d'interdire la liste Dieudonné, moi je soutiens et j'applaudis. On ne peut pas laisser faire ça. La France s'est déjà déshonorée en 2002 en envoyant Le Pen au second tour de la présidentielle, on ne va pas recommencer. Car je crois qu'une liste Dieudonné en Île de France serait capable de faire, hélas, un bon score, ferait des ravages dans certaines banlieues, ajouterait encore plus au malaise social que vivent certains territoires. Interdiction ! c'est la sagesse qui l'exige.

Tout compte fait, je préfère en politique rire avec Sarkozy, Kouchner et Allègre qu'être sérieux avec un triste humoriste.


Bonne soirée,
amusez-vous bien,
et bon match de foot.