Les primaires Doliprane.
Bonjour à toutes et à tous.
Je connais un médecin qui, pour un mal de tête, de gorge ou de ventre, vous préconise le même remède, des cachets de Doliprane. J'ai l'impression que c'est ce qui est en train de se passer avec les primaires, qui sont les vedettes de rentrée au PS. Pourtant, ce système, j'y suis favorable, je l'ai défendu de nombreuses fois sur ce blog depuis deux ans. Ce sont d'ailleurs les strauss-kahniens qui sont à l'origine de la proposition, et Olivier Ferrand, qui fait actuellement circuler une pétition en sa faveur, est de ma sensibilité. Pourquoi maintenant mes réticences ?
Parce que les primaires sont présentées aujourd'hui comme la panacée, la solution essentielle à la crise que traverse le PS. Ça, je n'y crois pas. Un élément parmi d'autres oui, mais pas le seul, l'unique. Car l'essentiel n'est pas dans le mode de désignation de notre candidat à la présidentielle (même si c'est très important). Les Français se fichent pas mal de ça. En revanche, ils veulent savoir quel projet nous allons leur présenter. L'essentiel pour moi est là, pas dans les primaires.
De plus, il y a quelque chose d'extraordinaire dans cette histoire de primaires. Au départ, nous étions très peu à défendre l'idée (relisez les motions du congrès de Reims, les commentaires que j'ai pu en faire sur ce blog l'été dernier). Les fabiusiens, l'aile gauche, Hollande, les amis de Delanoë et quelques autres n'étaient guère favorables aux primaires. Aujourd'hui, je les vois tous d'accord.
A la base, ça coinçait plutôt. Je me souviens de réunions préparatoires au congrès dans l'Aisne. Quand j'annonçais les primaires comme idée rénovatrice, mes camarades étaient assez sceptiques. Ce système "à l'américaine" n'était pas très bien vu. Les militants, comme tout être humain, n'aiment pas qu'on les dépossède de leur pouvoir. Or, avec les primaires, on remet en cause le sacro-saint pouvoir de l'adhérent, on donne aux sympathisants le droit de choisir notre candidat. Et puis, certains camarades s'inquiétaient de voir des gens de droite perturber le scrutin en y participant. Qu'en est-il maintenant ? Ces doutes sont-ils levés ?
De fait, les primaires posent objectivement certains problèmes techniques, même pour ceux qui, comme moi, en acceptent le principe politique. D'abord, la nouveauté du système est en soi périlleuse. Sur le papier, c'est parfait et enthousiasmant. Mais qu'en sera-t-il dans la réalité ? Ensuite, le jeu ne vaut la peine que s'il y a des joueurs. Si les communistes, écologistes, radicaux, chevènementistes n'adhèrent pas, si les candidatures ne sont que socialistes, on retourne à la case départ, à la campagne de désignation interne de 2006. Nos partenaires ont-ils intérêt à entrer dans notre système de primaires, c'est à dire, soyons clairs, de renoncer à être présents au premier tour de l'élection présidentielle ? Je n'en suis pas certain.
Dernière objection : une campagne primaire de plusieurs mois conduira inévitablement ses candidats à s'opposer, devant le pays, sous le regard attentif de la droite. Ne prend-on pas le risque de diviser alors même qu'on voudrait rassembler ? Et puis, s'il y a huit ou dix candidats, n'irait-on pas vers le foutoir, la foire d'empoigne, l'illisibilité politique ? Ce qui fonctionne aux Etats-Unis ne garantit pas d'un bon fonctionnement en France.
Bref, allons doucement vers les primaires, mais en toute lucidité, sans évacuer les difficultés, et surtout en parlant d'autre chose, de notre projet politique. Ma modération sur le sujet est motivée par une autre raison, politique certes mais plus personnelle, une raison de strauss-kahnien. Les primaires auraient été formidables pour DSK en 2006, lui donnant toutes les chances d'être désigné candidat à la présidentielle. Mais aujourd'hui, je le vois mal renoncer à la direction du FMI pour entrer en France dans un débat interne de plusieurs mois avec un radical de gauche, un écolo, un chevènementiste et quelques camarades socialistes, d'autant plus que l'issue en serait incertaine. La seule chance de Strauss, c'est un PS qui ne parviendrait pas à régler ses contentieux et qui ferait appel, à l'ancienne, par une désignation classique, au sauveur du FMI. Mais il est bon aussi, de temps en temps, de fredonner l'Internationale : "Il n'y a de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun". Ni DSK ?
Bonne journée,
avec ou sans Doliprane.
Je connais un médecin qui, pour un mal de tête, de gorge ou de ventre, vous préconise le même remède, des cachets de Doliprane. J'ai l'impression que c'est ce qui est en train de se passer avec les primaires, qui sont les vedettes de rentrée au PS. Pourtant, ce système, j'y suis favorable, je l'ai défendu de nombreuses fois sur ce blog depuis deux ans. Ce sont d'ailleurs les strauss-kahniens qui sont à l'origine de la proposition, et Olivier Ferrand, qui fait actuellement circuler une pétition en sa faveur, est de ma sensibilité. Pourquoi maintenant mes réticences ?
Parce que les primaires sont présentées aujourd'hui comme la panacée, la solution essentielle à la crise que traverse le PS. Ça, je n'y crois pas. Un élément parmi d'autres oui, mais pas le seul, l'unique. Car l'essentiel n'est pas dans le mode de désignation de notre candidat à la présidentielle (même si c'est très important). Les Français se fichent pas mal de ça. En revanche, ils veulent savoir quel projet nous allons leur présenter. L'essentiel pour moi est là, pas dans les primaires.
De plus, il y a quelque chose d'extraordinaire dans cette histoire de primaires. Au départ, nous étions très peu à défendre l'idée (relisez les motions du congrès de Reims, les commentaires que j'ai pu en faire sur ce blog l'été dernier). Les fabiusiens, l'aile gauche, Hollande, les amis de Delanoë et quelques autres n'étaient guère favorables aux primaires. Aujourd'hui, je les vois tous d'accord.
A la base, ça coinçait plutôt. Je me souviens de réunions préparatoires au congrès dans l'Aisne. Quand j'annonçais les primaires comme idée rénovatrice, mes camarades étaient assez sceptiques. Ce système "à l'américaine" n'était pas très bien vu. Les militants, comme tout être humain, n'aiment pas qu'on les dépossède de leur pouvoir. Or, avec les primaires, on remet en cause le sacro-saint pouvoir de l'adhérent, on donne aux sympathisants le droit de choisir notre candidat. Et puis, certains camarades s'inquiétaient de voir des gens de droite perturber le scrutin en y participant. Qu'en est-il maintenant ? Ces doutes sont-ils levés ?
De fait, les primaires posent objectivement certains problèmes techniques, même pour ceux qui, comme moi, en acceptent le principe politique. D'abord, la nouveauté du système est en soi périlleuse. Sur le papier, c'est parfait et enthousiasmant. Mais qu'en sera-t-il dans la réalité ? Ensuite, le jeu ne vaut la peine que s'il y a des joueurs. Si les communistes, écologistes, radicaux, chevènementistes n'adhèrent pas, si les candidatures ne sont que socialistes, on retourne à la case départ, à la campagne de désignation interne de 2006. Nos partenaires ont-ils intérêt à entrer dans notre système de primaires, c'est à dire, soyons clairs, de renoncer à être présents au premier tour de l'élection présidentielle ? Je n'en suis pas certain.
Dernière objection : une campagne primaire de plusieurs mois conduira inévitablement ses candidats à s'opposer, devant le pays, sous le regard attentif de la droite. Ne prend-on pas le risque de diviser alors même qu'on voudrait rassembler ? Et puis, s'il y a huit ou dix candidats, n'irait-on pas vers le foutoir, la foire d'empoigne, l'illisibilité politique ? Ce qui fonctionne aux Etats-Unis ne garantit pas d'un bon fonctionnement en France.
Bref, allons doucement vers les primaires, mais en toute lucidité, sans évacuer les difficultés, et surtout en parlant d'autre chose, de notre projet politique. Ma modération sur le sujet est motivée par une autre raison, politique certes mais plus personnelle, une raison de strauss-kahnien. Les primaires auraient été formidables pour DSK en 2006, lui donnant toutes les chances d'être désigné candidat à la présidentielle. Mais aujourd'hui, je le vois mal renoncer à la direction du FMI pour entrer en France dans un débat interne de plusieurs mois avec un radical de gauche, un écolo, un chevènementiste et quelques camarades socialistes, d'autant plus que l'issue en serait incertaine. La seule chance de Strauss, c'est un PS qui ne parviendrait pas à régler ses contentieux et qui ferait appel, à l'ancienne, par une désignation classique, au sauveur du FMI. Mais il est bon aussi, de temps en temps, de fredonner l'Internationale : "Il n'y a de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun". Ni DSK ?
Bonne journée,
avec ou sans Doliprane.
3 Comments:
Le billard à quinze mille bande, c'est terrible!!
On en arrive à des raisonnements dans lesquels il vaut mieux que la foire d'empoigne continue au parti!!
By Lightbulb, at 11:19 AM
Pour DSK,
rien n'aurait changé.
Il est populaire à gauche, un peu
à droite surtout.
La disparition de son courant le démontre,
sa popularité n'était pas suffisante à gauche pour que son courant survive à son départ.
On est loin de Claude François ou Mike Brandt, meme apres leur départ, les fans sont toujours là.
Les primaires en Europe,
c'est une idée de la gauche italienne qui a fait long feu.
Gauche italienne, vraiment mal en point et qui se rassure en regardant la gauche française.
C'est cruel,
mais quand on va mal,
voir des gens qui vont plus mal que vous,
ça peut faire du bien.
Les primaires, c'est une fausse bonne idée et une connerie monumentale.
A quoi doivent-elles servir à lutter contre le peu d'implication des militants et à contourner les magouilles d'appareils.
La direction du parti voudrait trouver le moyen pour que ce soit les citoyens qui fassent le boulot à leur place et le ménage qui est nécessaire parce qu'elle n'en a pas le courage.
Elle oublie juste que l'époque n'est plus au catenaccio politique,
mais à l'audace et au talent.
La question des primaires interroge sur le role et l'utilité du parti.
Et vous avez mis le doigt sur le probleme que posent les primaires,
il faut avoir des partenaires qui acceptent d'y participer.
Et j'ai l'impression que c'est trop tard,
les partenaires refuseront de participer
ou ne participeront que s'ils sont sur de gagner.
Une fois de plus, le PS a un coup de retard.
On ne danse pas encore sur son cadavre, mais on cherche à trouver comment on pourra le dépecer pièce par pièce.
Vous allez devoir payer le prix de l'hégémonie,
le ps va devoir réduire son périmètre comme l'ont fait tout ses partenaires.
Il fallait aller au bout de la démarche, les tuer et occuper leur espace politique,
mais ne surtout pas les laisser survivre.
Aujourd'hui, vos partenaires sont pour la plupart à un niveau critique en dessous duquel ils disparaissent.
Ils n'ont plus rien à perdre et tout à gagner,
le prix des ralliements sera exorbitant.
By grandourscharmant, at 2:24 PM
http://programmes.france2.fr/les-chemins-de-la-foi/index.php?page=article&numsite=42&id_article=45&id_rubrique=43
Comme tu ne regardes pas la TV, pour parfaire ta culture, regarde en particulier :
[Présence protestante
Leipzig 1989 : des Églises contre le mur
Documentaire. Réalisé par Alexandre Fronty et Simone Hoffmann. Produit par
Zoulou Compagnie.
Alexandre Fronty et Simone Hoffmann met en lumière le rôle méconnu de Christian Führer, à l’époque pasteur de l’Église Saint-Nicolas à Leipzig. C’est dans son église qu’a germé le mouvement de contestation qui a entraîné l’effondrement du régime communiste. Creuset de la révolte comme l’était Gdansk à l’époque de Solidarnosc, Saint-Nicolas est rapidement devenu le lieu de rassemblement de tous les opposants à la dictature. De quelques dizaines rassemblés autour de Christian Führer chaque lundi pour les "prières de la paix", les jeunes révolutionnaires sont devenus des milliers. Seul lieu où l’on pouvait encore parler librement, Saint-Nicolas était le point de départ de toutes les grandes manifestations partant vers le Ring, le boulevard circulaire de Leipzig. Ils étaient 90 000 le 9 octobre 1989, 210 000 une semaine plus tard, relayés par d’autres rassemblements de plus en plus importants à Berlin. Le 9 novembre, le Mur s’effondrait ! Quel a été le rôle exact de Christian Führer et de son Eglise ? Pourquoi malgré le danger, autant de jeunes se sont-ils engagés dans ces mouvements ? Pourquoi la police politique, la Stasi, n’a-t-elle pas réprimé sauvagement la contestation ? A toutes ces questions, ce documentaire tente de répondre en donnant la parole à tous ceux qui ont vécu ces journées de révolte au cours de l’année 1989. ]
(Il faut cliquer sur "vidéos intégrales" en haut à gauche)
By jpbb, at 3:47 PM
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