Les limites du centre.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis d'aussi près ce qui se dit ce week-end à La Grande Motte que le week-end dernier à La Rochelle. Sauf qu'il n'est pas facile de suivre les centristes "démocrates" dans leur cheminement et leur volonté. Souhaitent-ils oui ou non faire alliance avec la gauche ? Pour le moment, ce n'est pas clair. C'est pourtant la seule question politiquement intéressante. Je vois quatre limites :

1- Lors de son université d'été, Bayrou a parlé de contact, partage, ouverture, débat, ... C'est très gentil, mais on ne fait pas de politique avec des mots doux. Contact, partage, ouverture, débat, je pratique ça tous les jours, mais ça ne fait ni une stratégie, ni une politique. La première limite du centre, c'est l'incertitude quant à ses alliances.

2- Quand on est contre la droite, on se tourne vers la gauche, du moins quand on souhaite que la droite perde. C'est mathématique. Et à gauche, le parti qui peut espérer l'emporter, c'est le PS. C'est donc vers lui qu'il faut se tourner. Qu'en dit Bayrou ? A propos de notre université et du discours de Martine Aubry, il a parlé d' "incroyable régression", c'est à dire, aux mots près, le jugement sans nuance qu'a porté Xavier Bertrand. Comment voulez-vous qu'on puisse se rapprocher et s'entendre dans de telles conditions ?

3- Et puis, il y a le choix électoral des centristes. Faire de la politique, c'est choisir, c'est au moment du choix qu'on juge un homme ou une formation, qu'on sait ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent, où ils vont (c'est pourquoi beaucoup ne choisissent pas, par crainte, par manque de courage). L'an dernier, aux municipales, j'ai dû faire un choix. Certains m'ont dit : ça ne doit pas être facile pour toi, tu dois hésiter à voter pour la liste socialo-trotskiste qui t'a viré ? Je leur ai répondu que c'était très simple pour moi, que je n'avais aucune hésitation : je suis de gauche, je vote pour la liste de gauche, quelle qu'elle soit, y compris si sa ligne politique, c'était le cas, ne me convient pas. Et j'ajoutais en direction de mes interlocuteurs : si tu es de gauche, il faut faire de même, il faut voter pour la seule liste de gauche en présence.

Pourquoi cette digression ? Parce que j'ai le même raisonnement à propos de Bayrou : pour qui vote-t-il, pour qui appelle-t-il à voter, quand ce n'est plus lui qui est en lice ? Et là, je m'interroge, ou plutôt je crains de ne pas m'interroger : en 2007, Bayrou n'a pas appelé à voter pour Royal au deuxième tour des présidentielles . Que fera-t-il au second tour des régionales ? Mystère. En politique, je n'aime pas trop les mystères.

4- La dernière limite du MoDem est idéologique. A la Grande Motte, voilà ce qu'a dit un militant sous les applaudissements : "Je veux bien que les socialistes viennent au MoDem mais je n'irai pas avec les communistes". La limite ici, c'est la vieille tradition anticommuniste encore vivace chez les centristes et qui fait barrage à une alliance avec la gauche. Je ne suis bien sûr pas communiste, je critique le communisme mais j'accepte que nos camarades du PCF soient nos partenaires à part entière, parce qu'ils sont les représentants d'une culture ouvrière éminemment respectable et féconde pour l'ensemble de la gauche.

Certes, Saint-Quentin représente une exception, puisque les communistes y sont grémetziens. Mais tout est exceptionnel dans la vie politique saint-quentinoise : les socialistes n'y sont pas sociaux-démocrates, l'extrême gauche est dominée par les lambertistes, les écolos sont conduits par Boutreux, le MoDem est animé par un ancien MPF, le leader du MRC devient le représentant de DLR, le FN fait de bons scores sans militants ni chef visibles, Pierre André admire Fidel Castro et Xavier Bertrand veut devenir président de la République ! Voilà en tout cas un écosystème assez intéressant ...

Pour en revenir à Bayrou, j'attends son discours de demain pour qu'il éclaire ma lanterne.


Bonne soirée.