Une faute politique.
Si Ségolène Royal faisait appel aux tribunaux après la publication de l'ouvrage accusant le PS de fraude généralisée, ce serait une grave faute politique. Elle a ce matin évoqué cette menace en renvoyant à une déclaration "solennelle" mardi prochain, ce qui est en soi inacceptable : on fait ou on ne fait pas, mais on n'installe pas ce suspense insupportable. En appeler à la Justice, ce serait la fin du Parti socialiste. Je veux dire par là que le "vivre ensemble" deviendrait impossible. Nous ne serions plus des camarades mais de simples citoyens qui font régler leurs litiges par des juges.
Imaginez un peu qu'à Saint-Quentin, mécontent de la liste municipale et de l'alliance avec l'extrême gauche, toutes les deux rejetées par un vote très majoritaire de la section socialiste, j'ai porté l'affaire devant les tribunaux, pour non respect du résultat d'une consultation tout à fait démocratique. Je n'y ai même pas songé, ç'aurait été absurde quoique légitime. Quand un choix est validé par nos instances, il faut le respecter. D'ailleurs comment faire autrement ?
Pourquoi Ségolène s'entête-t-elle ? Je comprends son dépit, je me mets à la place de ceux qui se sentent lésés. Mais nos instances nationales, toute tendance confondue, ont tranché, on ne va pas revenir là-dessus. Et ce ne sont pas deux journalistes qui doivent nous faire changer d'avis. Damien Le-Than, de L'Aisne Nouvelle, m'a contacté pour savoir ce que je pensais de tout ça, en vue d'un article qui va paraître je crois demain. C'est très simple : en 14 ans de parti, à Paris puis à Saint-Quentin, je n'ai jamais vu de triche. Je ne vois même pas comment on peut frauder puisqu'au moment du vote et du dépouillement on se surveille les uns les autres pour qu'aucune tentation ne s'exerce !
Mais je veux bien croire qu'il existe ici ou là des tricheurs, pas plus que dans n'importe quelle autre organisation humaine. Si nous les trouvons, avec des preuves suffisantes, il faut impitoyablement les sanctionner, c'est à dire les exclure du PS. Quand on est socialiste, on ne triche pas. Je crois au lien entre socialisme et morale. Morale publique j'entends, car pour ce qui est de la morale privée, en vertu du principe de laïcité, chacun en fait ce qu'il veut. Un socialiste n'a pas le droit d'être malhonnête ni de mentir. Ségolène demande que des têtes tombent, elle a raison. Mais le ménage doit se faire à domicile, pas dans un palais de justice. Il est encore temps qu'elle revienne sur ses propos d'aujourd'hui, qu'elle ne mette pas sa menace à exécution.
Bonne journée.
Imaginez un peu qu'à Saint-Quentin, mécontent de la liste municipale et de l'alliance avec l'extrême gauche, toutes les deux rejetées par un vote très majoritaire de la section socialiste, j'ai porté l'affaire devant les tribunaux, pour non respect du résultat d'une consultation tout à fait démocratique. Je n'y ai même pas songé, ç'aurait été absurde quoique légitime. Quand un choix est validé par nos instances, il faut le respecter. D'ailleurs comment faire autrement ?
Pourquoi Ségolène s'entête-t-elle ? Je comprends son dépit, je me mets à la place de ceux qui se sentent lésés. Mais nos instances nationales, toute tendance confondue, ont tranché, on ne va pas revenir là-dessus. Et ce ne sont pas deux journalistes qui doivent nous faire changer d'avis. Damien Le-Than, de L'Aisne Nouvelle, m'a contacté pour savoir ce que je pensais de tout ça, en vue d'un article qui va paraître je crois demain. C'est très simple : en 14 ans de parti, à Paris puis à Saint-Quentin, je n'ai jamais vu de triche. Je ne vois même pas comment on peut frauder puisqu'au moment du vote et du dépouillement on se surveille les uns les autres pour qu'aucune tentation ne s'exerce !
Mais je veux bien croire qu'il existe ici ou là des tricheurs, pas plus que dans n'importe quelle autre organisation humaine. Si nous les trouvons, avec des preuves suffisantes, il faut impitoyablement les sanctionner, c'est à dire les exclure du PS. Quand on est socialiste, on ne triche pas. Je crois au lien entre socialisme et morale. Morale publique j'entends, car pour ce qui est de la morale privée, en vertu du principe de laïcité, chacun en fait ce qu'il veut. Un socialiste n'a pas le droit d'être malhonnête ni de mentir. Ségolène demande que des têtes tombent, elle a raison. Mais le ménage doit se faire à domicile, pas dans un palais de justice. Il est encore temps qu'elle revienne sur ses propos d'aujourd'hui, qu'elle ne mette pas sa menace à exécution.
Bonne journée.
18 Comments:
Quand marie taloche et flanbi changent de partenaires, c'est de la morale privée; où est la laîcité ?
Pour faire le ménage au PS, les électeurs sont les meilleurs techniciens de surface, même ceux qui s'abstiennent ou votent nul. Car voter nul n'est sûrement pas voter ps, quoique.
By Anonyme, at 5:36 PM
Ca ne veut rien dire. Vous m'avez l'air débile.
By Emmanuel Mousset, at 5:48 PM
"En appeler à la justice [impliquerait que] le 'vivre ensemble' deviendrait impossible.", dis-tu.
Contre-exemple : une femme se fait tabasser par son mari. Doit-elle éviter de saisir la justice pour préserver leur "vivre ensemble" ?
Dans le cas d'une procédure judiciare, c'est le mari qui est viré et la femme qui garde les gosses, avec un autre mari si ça lui chante (tu saisis le parallèle ?).
Un parti n'est pas un "état dans l'état", ni une secte, ni une zone de non-droit. La loi française s'y applique comme dans n'importe quelle association de collectionneurs de portes-clés.
Cela dit, je ne sais pas si saisir la justice serait une bonne idée... mais tes arguments ne sont pas convaincants.
By Thierry, at 7:25 PM
Autre chose :
"Je ne vois même pas comment on peut frauder puisqu'au moment du vote et du dépouillement on se surveille les uns les autres"
Alors je vais t'apprendre, en tant que Secrétaire de section, comment ça fonctionne réellement :
Un Secrétaire peut se retrouver seul, les soirs des votes, pendant plusieurs heures, devant son urne. Et ses "opposants" internes peuvent aussi être absents au moment du dépouillement final.
Alors cessons la sainte-nitoucherie : les scrutateurs existent dans nos textes, certes. Mais ils sont parfois démobilisés dans le monde réel... Sans parler des "fautes de frappe" possible après le dépouillement !
By Thierry, at 7:42 PM
"Quand un choix est validé par les instances, il faut les respecter"
Les iraniens doivent-ils aussi respecter le choix de leurs instances ?
Toutes proportions gardées, bien sûr !
Simple contre-exemple pour montrer que ton affirmation est discutable.
By Claudine, at 7:45 PM
Thierry,
On ne peut pas comparer la vie d'un couple et la vie d'un parti. Le jour où nous règlerons nos contentieux devant la justice (ce qui n'est jamais arrivé jusqu'à maintenant), ce jour-là le PS sera mort. Tu connais notre société, tu sais comment est la nature humaine : les procès vont succéder aux procès, pour un oui pour un non, ce sera vraiment la fin. Maintenant, Ségolène fera comme elle voudra, je donne simplement mon point de vue.
By Emmanuel Mousset, at 9:00 PM
Thierry (réponse au second commentaire),
Ai-je dit que notre Parti était parfait ? Quand on voit ce qui s'est passé à St Quentin, le non respect des votes, le lent pourrissement de la situation, la réponse est non. Ce que tu dénonces, je le dénonce aussi. Mais faire intervanir la justice là-dedans ne changera rien. Ce qu'il faut, et là je crois qu'on peut être d'accord, c'est nous rénover et nous démocratiser, casser la culture d'appareil.
By Emmanuel Mousset, at 9:04 PM
Claudine,
Tu comprends toi-même que ta comparaison est déplacée. Le PS est certes imparfait, ce n'est quand même pas une dictature ! Ce que je crains, c'est qu'en contestant des décisions validées par tous (y compris les ségolénistes), nous sombrions dans un gros bordel sous les regards rigolards de la droite.
By Emmanuel Mousset, at 9:09 PM
Il est vrai que le livre est écrit par des journalistes d'Europe 1 (Elkabach) et LCI (TF1), si mes renseignements sont exacts.
J'y vois une volonté de nuisance anti-PS, au moment où un "espoir à gauche" donne un nouveau "désir d'avenir" aux socialistes (ouarf ouarf).
Si le livre était sorti plus tôt, en plein psychodrame interne, ça aurait été plus simple, car le PS n'aurait rien eu à perdre.
Peut-être même aurions-nous eu l'occasion de gagner 9 mois dans le processus de rénovation...
By Thierry, at 9:39 PM
Ce bouquin, c'est le truc médiatique du moment. Dans trois jours, on sera passé à autre chose. Et pendant ce temps-là Sarkozy rigole.
By Emmanuel Mousset, at 10:13 PM
Ton fatalisme fait froid dans le dos; si vous fraudez entre vous, pourquoi pas dans les vrais scrutins.
By Anonyme, at 11:03 PM
EM
Complètement d'accord avec ton analyse.
La démagogie et le populisme de Ségolène Royal n'ont pas de limites.
En peu de temps elle vient de faire 2 énormes bourdes:
-la première sur la taxe carbone qui est la mesure de principe la plus intelligente que l'on est prise depuis 50 ans avec la CSG d'ailleurs. Rocard(qui n'est pas spécialement celui dont je me sens le plus proche)est au moins le seul socialiste capable de sortir 3 idées nouvelles à chaque interview. On attend la même production intellectuelle de ceux qui prétendent aujourd'hui conduire le PS.
-La seconde en parlant d'un éventuel procès sur les "fraudes "au PS alors même qu'elle a accepté le résultat du vote tel qu'établi par les instances du PS, que le livre en question n'apporte aucune preuve et qu'il dit même que des fraudes auraient eu lieu dans les 2 camps. C'est tout dire!
By Anonyme, at 1:10 AM
Les foucades de Ségolène, c'est pas bien grave, ça sera oublié dans une semaine, je ne crois pas une seconde qu'elle va aller en justice, elle comprendra vite toute seule que c'est une connerie. Pour la taxe carbone là c'était plus grave qu'une faute : une erreur et sûrement dictée par de l'emballement populiste. Ce que je vois de plus inquiétant en ce moment c'est le lâchage de Martine Aubry par une partie de ses soutiens à Reims. Il faut lire ce que dit Emmanuelli par exemple dans Libé d'avant hier : haro sur le non cumul des mandats, haro sur les primaires, l'immobilisme des pratiques anciennes (la cooptation généralisée par les caciques) de société secrète érigé en modèle. C'est aussi ce qu'on commence à entendre chez pas mal de nos grands notables régionaux, c'est sans doute le point de vue qu'ils vont faire prévaloir pour les régionales.
By Claude, at 5:56 PM
Emmanuelli, combien de divisions dans le Parti ? Non, je crois que nous allons inéluctablement avec Aubry vers la rénovation et que les régionales en seront une étape.
Le PS devant fonctionner pour certains camarades sur le modèle d'une société secrète ? Idée à développer, comme disent les profs en marge des copies.
By Emmanuel Mousset, at 6:18 PM
Pour le secret je te jure que je n'invente rien. Emmanuelli fait l'éloge du scrutin interne qui l'avait opposé à Jospin pour la candidature à la présidentielle et il dit que c'était un scrutin secret (l'optimum selon lui par opposition à l'idée de primaire qu'il débine).
By Claude, at 8:46 PM
Certains camarades font en effet l'éloge du secret en politique, ce qui me surprend toujours et me semble contradictoire puisque la politique, par définition, est une activité publique. Je crains qu'il n'y ait ici un mésusage du secret : autant celui-ci a un sens dans une pratique symbolique telle que la philosophique maçonnique, autant il n'a aucun sens en politique (hormis un sens négatif, machiavélique). Le sujet mériterait d'en faire un billet.
By Emmanuel Mousset, at 9:59 AM
Hors la sphère de la vie privée le secret c'est toujours le terreau des mafias, des petits arrangements entre amis, de la roublardise en politique, des mensonges officiels.
Si le secret dans la franc-maçonnerie se limitait à la sphère philosophique et symbolique ça serait respectable, le problème c'est que trop souvent ça s'est étendu aussi à la sphère sociale.
L'Aisne est très certainement un des départements où il est incontournable d'examiner cet arrière scène si on veut réfléchir à la sociologie comme à l'histoire de sa classe politique.
By Claude, at 11:10 AM
Ce qui expliquerait aussi, si ta thèse est pertinente, que Xavier Bertrand jouit d'une certaine impunité politique à St Quentin, où on laisse la gauche faire n'importe quoi.
By Emmanuel Mousset, at 12:19 PM
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