Un temps de Toussaint.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est marrant : le jour de la Toussaint, il fait généralement un temps de Toussaint, comme un fait exprès ! Chez vous je ne sais pas, mais à Saint-Quentin c'était vent et pluie toute la journée. On a seulement échappé au gros froid. J'aime ce temps de cimetière. Il fait réfléchir beaucoup plus que le grand soleil. Sous le ciel bleu, on est un peu idiot. On réfléchit d'autant mieux quand on est, comme moi cet après-midi, dans les draps à cause de la maladie (une simple grippe, ne vous inquiétez pas). La politique, il faudrait y songer au fond d'un lit un jour gris de Toussaint : ça changerait énormément la perception qu'on en a.

Mes camarades rénovateurs se sont réunis hier soir à Crouy, je n'en étais pas. Que s'est-il passé, qu'ont-ils décidé ? Je n'en sais rien. Peu importe, la vie suit son cours. La rénovation est la fatalité du Parti socialiste. Il y aura des pleurs, des grincements de dents mais elle passera, quoi qu'il advienne. Alors pourquoi se préoccuper ? Laissons faire le cours inéluctable des événements, bien au chaud dans son lit ...

Je ne fais pas que dormir et transpirer, j'écoute aussi la radio. J'annonçais il y a quelques jours dans un billet que "la mère des batailles" avait commencé. Je ne croyais pas si bien dire. Raffarin et 24 sénateurs UMP (dont Antoine Lefèvre de l'Aisne) révèlent qu'ils ne voteront pas en l'état la loi sur la réforme territoriale. Ils ont compris : on leur coupe la taxe professionnelle sans dire précisément par quoi elle sera remplacée. Ils ne veulent pas de ça. C'est bien, ils font leur boulot de parlementaires. Copé à l'Assemblée essaie lui aussi de cultiver son indépendance à l'égard de l'Elysée. Le temps des "godillots", c'est fini.

Xavier Bertrand, dans son style inimitable, a laissé entendre qu'il ne se passait rien de grave, que c'était normal, que tout allait s'arranger. Ça me fait penser à ce sketch de Dany Boon sur un dépressif faussement joyeux : "Je viens bien, tout va bien !" Ça pourrait être la devise de Xavier Bertrand. Des parlementaires de droite s'élèvent publiquement contre une grande réforme du quinquennat, mais "tout va bien". Tiens, ça aussi, c'est marrant.

Je me demande si, au fond d'un lit un jour de Toussaint, tout ne prend pas une teinte dérisoire. On pense à la mort, on se rappelle qu'on va mourir, que ça peut nous tomber dessus demain, ce soir, à l'instant où j'écris. Alors tout bascule, plus rien n'a d'importance que la vie.


Bonne soirée.