L'Aisne avec DSK

22 mai 2010

Histoire de dogme.

Bonjour à toutes et à tous.


La politique française a le chic pour lancer de faux débats, qu'on appelle pudiquement "polémiques". DSK, de passage à Paris, est l'invité d'une grande émission télévisée. Ses fonctions au FMI l'obligent à un devoir de réserve : il ne se prononce pas sur la politique intérieure française. Sauf qu'à une question générale sur les retraites, il donne un point de vue général : le départ à 60 ans n'est pas un "dogme", parce que la vie est plus longue, parce que certains arrivent à cette date sans retraite complète (l'entrée dans la vie active, donc la durée de cotisation, commence plus tard), parce que d'autres se sentent la force et l'envie de continuer au-delà leur activité professionnelle.

Ce sont des remarques de bon sens, que tout un chacun, de bonne foi, peut partager. Comment d'ailleurs un homme de gauche, laïque, serait-il soumis à un quelconque dogme, même profane ? Et puis, quand on est un social-démocrate comme Strauss-Kahn, on fonctionne au compromis, que Ségolène appelait autrement : le donnant-donnant. Rien là-dedans qui ne soit nouveau ni choquant, sauf pour Mélenchon et l'extrême gauche, mais c'est chez eux normal. La droite, elle, se félicite de ces propos : logique, elle a compris que DSK était son pire ennemi, elle cherche donc à le compromettre, le décrédibiliser aux yeux de la gauche. Et ce n'est pas fini ...

Tout ça est-il contradictoire avec le projet socialiste sur les retraites, comme le croient certains journaux ? Aucunement. D'un côté vous avez un homme qui donne un avis personnel sur un point très précis, de l'autre vous avez tout un programme général. Les deux ne peuvent pas être en opposition puisqu'ils sont incomparables. Défendre le départ légal à la retraite à partir de 60 ans est une protection, une garantie, un droit. Ça ne signifie pas que l'évolution de la société ne conduira pas à un prolongement de l'activité, volontaire et individualisé.

Le PS comme DSK estiment que le débat sur les retraites ne doit pas tourner autour des 60 ans, que le problème est ailleurs, qu'il faut aller vers un système à la carte, indexé sur la pénibilité, les uns partant avant 60 ans parce qu'ils le méritent, les autres partant après parce qu'ils le désirent. Évidemment, en réfléchissant ainsi, on sort du dogme, on entre dans la pensée rationnelle, argumentée, prospective. C'est ce à quoi nous invitent le PS et DSK. Au grand dam de la droite.


Bonne journée ensoleillée.