L'Aisne avec DSK

16 mai 2010

Gare au "care" !

Bonsoir à toutes et à tous.


En rédigeant hier un billet sur et contre la "société du soin" prônée par Martine Aubry, je ne m'attendais pas à voir aujourd'hui une autre réaction, assez similaire à la mienne, venant d'un camarade mais pas celui auquel on pouvait penser. Car ce concept de "care", issu du libéralisme compassionnel américain, aurait pu susciter la critique de l'aile gauche du Parti. Mais celle-ci existe-t-elle encore ?

Pour la première fois dans son histoire, trop peu le remarquent, le PS n'a plus de courant de gauche fortement et idéologiquement structuré. Hamon n'a jamais appartenu à cette mouvance, sa fonction actuelle de porte-parole lui interdit tout rôle protestataire. Filoche est à la tête d'un micro-groupe, Démocratie et Socialisme, trop peu influent. Emmanuelli pousse quelques coups de gueule de temps en temps, mais n'est pas à proprement parler organisé.

D'où ma surprise à la lecture du Monde de ce week-end : c'est Manuel Valls, le social-libéral, qui sonne la charge contre le "care" ! Je n'y vois d'autres explications que le souci de se différencier par rapport à la direction du Parti. C'est un vrai problème chez les socialistes : les débats de fond faussés par des positionnements de circonstance. Ceci dit, je prends les propos de Valls pour ce qu'ils sont, je les approuve et j'oublie les arrière-pensées tactiques. Voilà un extrait de sa réflexion :

"L'individu n'est ni malade ni en demande de soins. En tous cas, il n'appartient pas aux politiques d'en statuer. Non, il demande à pouvoir agir en toute liberté car partout il est empêché. Un chômeur en fin de droits, par exemple, n'est pas malade de ne pas avoir de travail, il est empêché dans sa capacité d'agir et de répondre aux besoins essentiels de sa famille. Cette distinction n'est pas superficielle, elle est primordiale car elle fonde tout le rapport démocratique que l'individu entretient avec la société."

Tout est dit. Gare au "care" !


Bonne soirée.

8 Comments:

  • Tout cela sent furieusement les coups fourés qui s'annoncent pour la désignation du ou de la candidate à la présidentielle. Et qu'est-ce qu'ils nous ressortent comme argument "idéologique" ? Le vieux machisme rad-soc SFIO : Martine et Ségolène sont dans la ligne de mire et les "bonnes femmes" sont forcèment maternantes.

    Tout ce baratin a la consistance théorique des distinguos sémantiques de Guy Mollet quand il envoyait les piou-pious en Algérie non pas pour faire la guerre, non, non, c'était pour maintenir l'ordre !
    Et il y aura des gogos pour gober ça ? C'est du même tonneau que les conseils qu'Emmanuel prodigue au jeune blogger UMP, rien que l'apprentissage des roublardises et de la tactique.

    By Blogger Ane-Vert, at 12:44 AM  

  • Et moi qui croyais qu'un âne c'était gentil ...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:16 PM  

  • C'est parceque tu fréquentes surtout des ânes bâtés. Mettre Martine Aubry dans le même sac que le "libéralisme compassionnel américain", c'est "gentil" peut-être ? Il y a des jours où l'âne se souvient qu'il est le cousin du rhino et le rhino, c'est rosse !

    By Blogger Ane-Vert, at 2:06 PM  

  • Je ne mets jamais personne dans le même sac, je remonte simplement jusqu'à l'origine d'un concept.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:18 PM  

  • Philosophie de chef de gare (gare aux cares), tes aiguillages sont sérieusement rouillés, concept mon cul : soigner, prendre soin de c'est au fondement de la vie sociale dès la simple vie animale (les singes s'épouillent entre eux, les femelles prennent soins de leurs petits, les mâles de leur femelle, les abeilles de leur reine), le glissement vers "réparer" par contre c'est sans doute proprement humain, il y faut les premiers outillages, des silex taillés pour trépaner, des aiguilles d'os pour recoudre mais ça remonte à la nuit des temps.
    Il n'y a guère que dans les sociétés de machos où cette chose est méprisée : trop occupés à pisser à tous les coins de rue pour marquer leur territoire et casse toi si t'es pas de ma bande. Mais faudra t'y faire : la femme est l'avenir de l'homme.

    By Blogger Ane-Vert, at 12:24 AM  

  • Qu'un âne prenne comme modèle la vie animale, c'est logique. Mais pas chez moi. Je ne veux pas que la société m'impose des valeurs maternantes, pas plus que des valeurs viriles. Là dessus, Zemmour dit parfois de bonnes choses. A tout prendre, je rêverais d'une société d'anges.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:45 AM  

  • Napoléon était un peu comme toi, il aimait la gloire des batailles mais négligeait les services de santé aux armées. Ce qu'il détestait par dessus tout c'est visiter les champs de bataille après la bataille. La vue du sang et des agonisants l'emmerdait, dès la bataille finie il s'éloignait à bride abattue. Et en plus il fallait que ses courtisans le plaignent : "quelle grande consommation !" s'écriait-il. "Gare au care", il aurait adoré.

    By Blogger Ane-Vert, at 11:08 AM  

  • Tu déraisonnes.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:07 PM  

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