Ferrand et les retraites.
Bonsoir à toutes et à tous.
Comme promis hier soir, je vous parle maintenant d'Olivier Ferrand, un socialiste qui a des idées en matière de réforme des retraites (Martine Aubry a annoncé ce matin de prochaines propositions du PS). Il s'apprête à publier un rapport dont l'idée centrale est de faire payer les retraités actuels pour subvenir aux besoins des retraités futurs. Expliquons :
1- Le débat est aujourd'hui faussé. On redoute de devoir travailler plus, on s'inquiète de savoir si le système par répartition va être pérennisé. Ce sont des questions légitimes mais le vrai problème est ailleurs : à long terme, le niveau des retraites va baisser. C'est dramatique, les plus modestes vont en pâtir, mais personne n'en parle vraiment parce que ce n'est pas l'urgence, l'intérêt immédiat.
2- Autre donnée que personne n'ose vraiment évoquer et que Ferrand met à jour : le niveau de vie des retraités d'aujourd'hui est nettement supérieur à celui des actifs, quelle que soit l'échelle sociale. En caricaturant à peine, nous pourrions dire, toute chose égale par ailleurs, que les retraités sont les nouveaux privilégiés. Même s'il existe encore beaucoup trop de petites retraites, le progrès social de cette catégorie est stupéfiant ces quarante dernières années. Pour ceux qui se souviennent des années 60 (ces fameuses Trente Glorieuses que tout le monde porte au pinacle par conformisme et paresse intellectuelle, ces décennies étant socialement très contestables, Mai 68 en a donné la preuve), ils comprennent que Pierre Perret ne pourrait plus aujourd'hui chanter : "On l'appelle cuisse de mouche, fleur de banlieue, sa taille est plus mince que la retraite des vieux". Leur condition était alors terrible.
3- En toute logique, Olivier Ferrand propose d'aligner la fiscalité dérogatoire des retraités sur celle des actifs. Il suggère d'instituer une CRDS retraite provisoire, avec un point de plus sur dix ans. Pourquoi le bon vieux principe social-démocrate de la redistribution ne s'appliquerait-il pas aux retraites, les plus élevées contribuant à relever les plus modestes ? Ferrand demande aussi que chaque salarié soit informé, en début de carrière, sur le montant de sa future retraite.
4- De façon plus classique, Olivier Ferrand recommande d'allonger la durée de cotisation de 2 020 à 2 050 et d'organiser une retraite individualisée à la carte.
Ferrand, Le Guen, deux socialistes, deux sources d'inspiration pour une réforme socialiste des retraites, dont nous connaîtrons bientôt la teneur. Tant mieux.
Bonne soirée.
Comme promis hier soir, je vous parle maintenant d'Olivier Ferrand, un socialiste qui a des idées en matière de réforme des retraites (Martine Aubry a annoncé ce matin de prochaines propositions du PS). Il s'apprête à publier un rapport dont l'idée centrale est de faire payer les retraités actuels pour subvenir aux besoins des retraités futurs. Expliquons :
1- Le débat est aujourd'hui faussé. On redoute de devoir travailler plus, on s'inquiète de savoir si le système par répartition va être pérennisé. Ce sont des questions légitimes mais le vrai problème est ailleurs : à long terme, le niveau des retraites va baisser. C'est dramatique, les plus modestes vont en pâtir, mais personne n'en parle vraiment parce que ce n'est pas l'urgence, l'intérêt immédiat.
2- Autre donnée que personne n'ose vraiment évoquer et que Ferrand met à jour : le niveau de vie des retraités d'aujourd'hui est nettement supérieur à celui des actifs, quelle que soit l'échelle sociale. En caricaturant à peine, nous pourrions dire, toute chose égale par ailleurs, que les retraités sont les nouveaux privilégiés. Même s'il existe encore beaucoup trop de petites retraites, le progrès social de cette catégorie est stupéfiant ces quarante dernières années. Pour ceux qui se souviennent des années 60 (ces fameuses Trente Glorieuses que tout le monde porte au pinacle par conformisme et paresse intellectuelle, ces décennies étant socialement très contestables, Mai 68 en a donné la preuve), ils comprennent que Pierre Perret ne pourrait plus aujourd'hui chanter : "On l'appelle cuisse de mouche, fleur de banlieue, sa taille est plus mince que la retraite des vieux". Leur condition était alors terrible.
3- En toute logique, Olivier Ferrand propose d'aligner la fiscalité dérogatoire des retraités sur celle des actifs. Il suggère d'instituer une CRDS retraite provisoire, avec un point de plus sur dix ans. Pourquoi le bon vieux principe social-démocrate de la redistribution ne s'appliquerait-il pas aux retraites, les plus élevées contribuant à relever les plus modestes ? Ferrand demande aussi que chaque salarié soit informé, en début de carrière, sur le montant de sa future retraite.
4- De façon plus classique, Olivier Ferrand recommande d'allonger la durée de cotisation de 2 020 à 2 050 et d'organiser une retraite individualisée à la carte.
Ferrand, Le Guen, deux socialistes, deux sources d'inspiration pour une réforme socialiste des retraites, dont nous connaîtrons bientôt la teneur. Tant mieux.
Bonne soirée.
posted by Emmanuel Mousset at
7:13 PM
20 Comments:
1-Pour une question de justice sociale,
je propose qu'on maintienne les petites retraites et qu'on baisse plutôt les grosses.
En tout cas, les propositions de Ferrand ne me déplaisent pas.
Mais bon, en est-on encore là,
j'ai entendu que l'état n'aurait pas les moyens de payer ses fonctionnaires en fin d'année.
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grandourscharmant, at 8:51 PM
En matière de retraite, il est possible de réviser sérieusement celle de tous les présidents de la République, celle de nos minitres et des élus députés et sénateurs ......qui ont une rente à vie!! Cela ferait sérieusement des économies!!
MD
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md, at 9:47 PM
Je crains que ça ne suffise pas ...
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Emmanuel Mousset, at 10:44 PM
Finalement, je ne serai pas millionnaire ce soir, je continu la politique !
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Arthur Nouaillat, at 11:24 PM
Le programme de Ferrand me fait penser à Jonathan Swift qui, pince sans rire, proposait aux anglais du 18e, pour réduire le problème de la pauvreté en Irlande, (qui touchait surtout les enfants car les irlandais en ce temps là mourraient jeunes, donc pas de problème de retraite), de manger les enfants irlandais. Il a même écrit une manière de traité de cuisine sur ce sujet à l'usage de la gentry anglaise.
Le constat, de Ferrand, si on se contente de raisonner en moyenne, n'est pas faux mais il oublie deux données essentielles : les inégalités sont énormes chez les retraités et ceux qui n'ont ni patrimoine d'épargne ni ne sont propriétaires de leurs maisons sont des miséreux. L'autre oubli c'est que si les minima sociaux sont plus élevés pour les retraités que pour les personnes d'âge actif, c'est que la vieillesse cumule divers handicaps que Messieurs Ferrand et Mousset ne semblent pas apercevoir. A mesure que l'on avance en âge, il devient plus difficile de cultiver un jardin comme de faire des petits boulots pour mettre un peu de beurre dans les épinards.
Si le programme de Ferrand devait être appliqué sans un plafond d'exonération on serait dans un programme proprement swiftien (l'humour en moins), ma mère qui a 92 ans, qui touche le minimum vieillesse plus quelques pourboires bien qu'elle ait eu huit enfants (élevés sans machine à laver, ni frigo, ni chauffe eau autre que la cuisinière familiale), qui est locataire de son logement, cotiserait pour assurer un bon niveau de retraite à notre nouvelle "gentry". Il n'y a pas de doutes, Swift était un visionnaire !
Il y a quarante ans la psychiatrie était encore un asile et une protection pour une population fragile comme les schizophrènes, les émules de Mr Ferrand ont trouvé qu'ils coûtaient trop cher et désormais c'est le caniveau ou la prison qui sont leur tiennent de refuge thérapeutique, la prochaine étape visiblement ce seront les vieux pauvres, dans les naufrages, c'est bien connu, les riches, en moyenne, s'en tirent toujours mieux que les pauvres. A bon entendeur salut. Dans l'expression "social-démocrate" on sent bien qu'il y a toujours un mot de trop, une semaine c'est le mot démocrate, la semaine suivante c'est le mot social.
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Ane-Vert, at 11:29 PM
Bon, tu n'es pas social-démocrate. Ce sont des choses qui arrivent, ce n'est pas très grave. Mais tu es quoi alors ?
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Emmanuel Mousset, at 9:33 AM
Nous sommes en plein paradoxe: au moment où , parmi les pistes envisagées, on évoque un recul de l'âge du départ en retraite, de plus en plus de quinquas sont laissés sur le carreau!
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Lormont, at 9:39 AM
Comme souvent, hélas, tu évites les questions de fond pour te concentrer sur les questions d'étiquettes. Les êtres et les choses ne semblent exister pour toi que s'ils sont étiquetés et dûment fiché(e)s. En philosophie ce n'est pas ce qu'on appelle le nominalisme ?
Je parlais de la social-démocratie à la sauce Ferrand-Mousset-DSK, faible avec les puissants, et montrant volontiers ses muscles aux faibles.
De toute façon il en est de la social-démocratie comme du gaullisme, comme du communisme, comme du libéralisme, si on regarde l'histoire du siècle passé, c'est tout et n'importe quoi. L'avenir est à inventer, il n'est pas dans les livres de recettes, et pour l'inventer il faut regarder le présent et pas se contenter d'attendre les ordres dans la ligne Maginot.
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Ane-Vert, at 10:21 AM
C'est toi qui enfermes la social-démocratie sous une définition infâmante. Quant aux étiquettes, oui il en faut pour désigner précisément et justement les choses. Il faut même commencer par là. Par exemple savoir QUI tu es (politiquement) ?
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Emmanuel Mousset, at 10:50 AM
Lormont,
Ce paradoxe confirme que le débat sur les retraites est la plupart du temps mal posé, d'où des réponses qui passent à côté.
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Emmanuel Mousset, at 10:51 AM
Je ne brocarde pas LA social-démocratie, mais celle qui navigue à la godille : une semaine j'oublie d'être démocrate, et la semaine suivante le social, celle qui n'a d'idées sur rien et qui attend, dans sa ligne Maginot, celles qui viennent d'en haut.
La question de savoir qui je suis politiquement n'intéresse que les RG et leurs épigones. Je ne suis rien d'autre que ce que je suis capable de voir, de comprendre, d'oublier, d'aimer, d'écrire et les solidarités, les combats, les amours que je suis parfois capable de tisser au quotidien. "Je est un autre", disait Rimbaud et demain est un autre jour.
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Ane-Vert, at 12:23 PM
J'ai pensé à vous ce matin à la fête du pain, vous avez loupé quelque chose : viennoiseries et pâtisseries fines à volonté avec champagne et cidre bien sûr ! Et tout le gratin politique...
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Arthur Nouaillat, at 12:26 PM
Ane-Vert,
Je te parle politique et tu me fais de la poésie ! On ne va pas s'entendre comme ça ...
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Emmanuel Mousset, at 12:58 PM
Arthur,
J'ai l'impression que le cidre te monte à la tête. Je t'ai pourtant expliqué comme doit faire un homme politique pour boire sans vraiment boire ! En tout cas, je devine à quoi va être consacré ton prochain billet.
PS : le gratin de gauche était-il présent ?
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Emmanuel Mousset, at 1:01 PM
Non la gauche n'était pas présente. Je n'ai pas bu de cidre, juste une demie coupe de champagne, je me tiens à vos conseils pardi ! Sinon, c'était sympa, l'intendant de la mairie (celui qui est très très âgé) est venu me parler et m'a apporté son précieux soutien..
Pendant le discours de XB, j'étais au premier rang, il m'a regardé et a souri, c'était amusant car je le mitraillais de photos... Cet après-midi, vous serez là pour l'inauguration de l'expo prisme ?
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Arthur Nouaillat, at 1:05 PM
Oui tu as raison, "le gratin de gauche était-il présent ?", ça c'est de la politique, le reste n'est que poésie, alors oui, je vais continuer à m'occuper du reste.
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Ane-Vert, at 2:05 PM
Arthur,
Encore une petite faute politique ! Il ne faut jamais dire de quelqu'un qu'il est "très très âgé" mais au contraire qu'il est "toujours jeune".
Bertrand t'a souri ? Malheureux, c'est qu'il t'a tué ! C'est quand cet homme ne te sourit plus et ne te salue pas qu'on peut être rassuré. C'est mon cas.
Cet après-midi, je ne sais pas si je serai présent à Fervaques. Il y a des gens qui ont été élus pour faire ce boulot-là. Pas moi. Et puis, j'ai ma journée parisienne et sartrienne de demain à revoir.
A l'expo Prisme, ne force pas sur le kir, ça tourne la tête et ça fait mal à l'estomac.
Je constate que je n'ai pas encore terminé ton éducation politique.
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Emmanuel Mousset, at 2:08 PM
Ane-Vert,
Ne fais pas ton bougon. La présence et la représentation, c'est la moindre des choses qu'on puisse exiger d'un élu. Et si le mot "gratin" te gêne et que tu n'aimes pas, enlève-le, comme dans un plat aux pommes de terre.
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Emmanuel Mousset, at 2:13 PM
bRAVO FERRAND ! et pourquoi arrêter en si bon chemin , Par exemple redistribuer en partie les salaires des plus fortunés vers les moins chanceux...
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PAPI2, at 4:24 PM
Normalement, c'est le principe de l'impôt sur le revenu : les plus riches paient beaucoup plus, les plus pauvres recoivent en biens et services.
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Emmanuel Mousset, at 5:59 PM
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