L'Aisne avec DSK

11 mai 2010

Nous avons un projet.

Bonsoir à toutes et à tous.


Le Parti socialiste discute en ce moment dans ses sections de son projet. Enfin ! La droite nous reprochait de n'avoir pas d'idées. En voilà, et un sacré paquet, parfois trop foisonnant. Personne ne pourra plus dire que le PS n'a pas de projet. A chacun maintenant de le lire, de se l'approprier.

La droite, et l'opinion publique, nous reprochaient aussi d'être divisés, de ne pas arriver à nous entendre. Ce n'était pas tout à fait faux. C'est désormais fini : le texte proposé à notre réflexion a été adopté à l'unanimité, toute tendance confondue. Ce n'est pas si fréquent, ça mérite d'être souligné et c'est de très bon augure.

Sur le fond, ce projet est excellent. Ce que j'attends depuis longtemps, la social-démocratisation de notre ligne politique, est ici acté. C'en est bien terminé avec la "rupture avec le capitalisme", la croyance aux "nationalisations", le recours à la "planification". Rien de nouveau évidemment, mais c'est écrit noir sur blanc, dans un projet qui parle de "social-écologie", d'individualisation des services publics, de renforcement de notre engagement européen. Tout ça n'est pas rien. Nous sommes en train d'inventer un "nouveau modèle" qui répond aux besoins d'aujourd'hui et pas aux illusions d'hier ou d'avant-hier.

La réaction de notre "gauche", passée chez Mélenchon, ne s'est pas faite attendre : allez voir ce que notre ancien camarade en dit sur son blog, dans son billet du 4 mai, et vous comprendrez. Il parle, avec sa modération coutumière, de "pitoyable foutaise". Cet anti social-démocrate est en la matière un expert. Mais pouvait-on espérer de sa part un autre jugement à l'égard d'un projet piloté par le très social-démocrate et toujours strauss-kahnien Pierre Moscovici ?

Ceci dit, ce projet n'est pas une Bible, il doit susciter parmi nous le débat, comme il se doit dans une organisation démocratique. Quand je constate que même ceux qui ne l'ont pas vraiment lu sont d'accord avec, je m'inquiète un peu. L'unanimité est une belle chose lorsqu'il s'agit de trouver des candidats qui portent au mieux nos couleurs, mais pas quand il est question d'idées. C'est pourquoi j'aurais préféré que ce texte puisse être amendé. A défaut, la discussion risque de tourner au concours d'approbations.

Pourtant, je crois qu'on ne peut pas être d'accord sur tout. Ce n'est pas tant ce qui est proposé que ce qui ne l'est pas qui me gêne. Par exemple sur les retraites : nos fondamentaux sont rappelés, des pistes sont évoquées mais aucune réforme n'est clairement exposée. Je sais que ça viendra, que notre Bureau national en discute ce soir. Mais c'est urgent : l'opinion publique nous attend là-dessus.


Bonne soirée,
bonne lecture.

6 Comments:

  • Regarde bien, tout ce texte est fondé sur le principe du plein emploi.

    C'est là que ça coince. Entre les délocalisations et la robotisation, il est impossible de garantir à tout le monde un emploi. C'est donc d'un nouveau contrat social que le peuple a besoin, qui permette à chacun de vivre, et de gagner plus lorsqu'il a la chance d'occuper un emploi. Cela porte un nom, le salaire citoyen et c'est le grand absent de ce texte.

    By Blogger jpbb, at 9:56 PM  

  • A jpbb
    Le texte parait en partie au moins répondre à votre souci par la sécurité sociale professionnelle et également une assurance chômage étendue qui ne laisse personne sans droits.

    A EM
    Je m'étonnais justement de ce que le texte ne citait à aucun moment la social-démocratie sauf pour dire ceci:"Par le passé la gauche de gouvernement.....n'a pas suffisamment engagé le changement profond de modéle de société qui était nécessaire. En Europe, la social-démocratie a parfois cédé du terrain à l'idéologie de ses adversaires"
    Est ce que vous ne feriez pas une lecture un peu optimiste?

    By Anonymous Anonyme, at 11:01 PM  

  • 1- Le texte n'a pas besoin de citer la social-démocratie puisqu'il est entièrement social-démocrate ! Je vous mets au défi de trouver une seule proposition qui ne le soit pas, qui remette fondamentalement en question l'économie de marché.

    2- La seule restriction que vous citez, d'ailleurs très prudente et modérée, est l'exception qui confirme la règle. Si ce texte critiquait sérieusement la social-démocratie, il le dirait autrement.

    3- Le mot "social-démocratie" au PS est encore tabou : il faut en faire sans jamais le dire. Et puis, pour se faire applaudir ou obtenir une place, c'est le petit jeu du "plus à gauche" qui l'emporte. C'est très bête mais c'est ainsi. La rénovation du Parti changera beaucoup de choses et fera évoluer les mentalités.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:31 AM  

  • 1)Le problème n'est pas l'économie de marché, qui n'a rien à voir avec la social-démocratie. On ne se situe pas sur le même plan.
    A toutes fins utiles le troc est aussi une économie de marché, idem pour le système coopératif.
    Personne ne songe sérieusement à remplacer le système de l'offre et de la demande par un autre système.

    2)En revanche le "capitalisme" en tant que système d'accumulation des richesses est fortement critiqué par ce texte. Et cela n'a rien à voir avec le marché.
    Vous constaterez que le texte parle beaucoup de "régulation", or on ne peut pas soutenir sérieusement que la social-démocratie ait fortement régulé au cours de ces 20 dernières années.

    3) Je ne pense pas que la SD soit un mot tabou depuis tant d'années.C'est une ligne politique qui a sa légimité, point final.

    By Anonymous Anonyme, at 2:20 PM  

  • 1- La social-démocratie, c'est le socialisme + le marché, ce que conteste toute une partie de la gauche, et une petite minorité au sein du PS.

    2- La social-démocratie, depuis toujours, c'est non seulement la régulation mais la redistribution. Qu'elle ait eu des faiblesses face à un capitalisme de type nouveau, le capitalisme financier mondialisé, c'est un fait et c'est ce que remarque justement notre projet. Mais ça ne condamne pas la social-démocratie.

    3- Distinguer le marché actuel (mettons le troc de côté, il n'existe plus depuis longtemps) et le capitalisme, c'est un sophisme. Vos ne ferez jamais croire à personne que ce texte est révolutionnaire, et je m'en félicite. Allez voir ce que la gauche de la gauche en pense, ça deviendra alors très clair pour vous.

    4- Là où vous avez raison, c'est quand vous soulignez que ce projet est "régulateur". Et régulateur de quoi sinon du capitalisme ? Ne faites pas dire à ce texte ce qu'il ne dit pas ; il est très bon, ne le déformez pas.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 2:32 PM  

  • J'ai fini mon billet et je viens de le publier sur le thème de la jalousie comme je l'avais annoncé !

    By Blogger Arthur Nouaillat, at 9:52 PM  

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