L'Aisne avec DSK

19 juin 2010

200 et 35.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai connu une époque où un congrès du PCF était un événement national qui faisait la une des journaux. C'est fini. C'est dommage mais c'est ainsi. Ce 35ème congrès a été précédé d'un événement tout autant inaperçu et qui n'était pourtant pas rien : 200 personnalités, élus, députés, intellectuels, vétérans du Parti l'ont quitté, à quelques jours du rendez-vous de ce week-end. Dans la division ou dans le rassemblement, le PCF laisse indifférent. C'est inquiétant pour toute la gauche : un partenaire en difficulté, c'est l'union qui en pâtit.

Ce qui est surprenant, c'est que ces dernières années le Parti communiste ne s'en est pas trop mal tiré électoralement. Sa stratégie du Front de Gauche lui a permis de repasser au-dessus de la barre des 5% alors qu'il flirtait avec les 1%. Il a pu sauver nombre de ses élus. Pourquoi alors ces départs massifs et lourdement symboliques ? On ne voit pas très bien où ils vont aller, ce qu'ils vont faire. C'est à ce genre de découragement muet, d'impuissance sans nom, de désespoir larvé qu'on mesure la gravité d'une crise à l'intérieur d'une formation politique.

Ce 35ème congrès, ce n'est pas rien non plus : Marie-George Buffet s'en va, après une dizaine d'années à la tête du PC. Que retenir d'elle ? Je crois qu'elle a été, en termes d'image, très marquée par son passage dans le gouvernement Jospin. Il est certain que ce Parti, initialement révolutionnaire, ternit sa réputation quand il se compromet avec des réformistes. Mais comment faire autrement ?

En tout cas, le courant orthodoxe, tel qu'on le retrouve par exemple à Saint-Quentin, ne pourra qu'être renforcé à l'issue de ce congrès, même s'il demeure minoritaire. Les rénovateurs qui sont partis lui laissent en quelque sorte la place de la contestation. Savez-vous que ces orthodoxes, gremetziens en tête, se méfient comme de la peste de Mélenchon, qu'ils considèrent comme un "social-démocrate" ?

Pierre Laurent sera le prochain leader du PCF. Je souhaite qu'il maintienne son Parti à gauche, qu'il ne favorise aucun rapprochement avec l'extrême gauche ni stratégie illusoire à la gauche de la gauche.


Bonne soirée.

8 Comments:

  • Emmanuel, je trouve que tu devrais essayer de te guérir de cette obsession pour les questions tactiques d'alliances qui ne sont vraiment d'actualité que dans les périodes pré-électorales et au demeurant semées de trompes l'oeil.
    Tu étais hier soir à une réunion publique, à Saint-Quentin, sur les retraites où tu ne dis pas un mot, et pas un mot non plus sur ton blog. Ça me troue, ça m'inquiète !

    By Anonymous Claude, at 11:26 PM  

  • Claude,

    En politique, on ne parle que si on est écouté, et pas pour se faire plaisir. A Saint-Quentin, la parole depuis deux ans appartient à d'autres, qui ne raisonnent qu'en termes de rapport de force. A Guise, c'est sans doute différent.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:13 AM  

  • A Guise, c'est vrai nous avons réussi ce petit miracle d'une section qui n'est inféodée ni aux courants, ni au système notabiliaire, c'est bien fragile cette liberté et ces précieux. Tu ne devrais pas t'inhiber pour les motifs que tu dis, j'ai quand même été écouté hier même si ce que j'ai dit n'était pas dans le ton des conformismes ambiants.
    Et puis franchement renoncer à se faire plaisir, même en politique, c'est une pente bien néfaste. Autant alors aller se coucher directement dans le cercueil et attendre les coups de marteau qui scelleront la chose.

    By Anonymous Claude, at 12:53 AM  

  • Je vais chercher mes plaisirs ailleurs. Je crois que la politique doit être guidée par le principe d'utilité.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:14 AM  

  • Bien sûr mais il faut aussi savoir joindre l'utile à l'agréable. Si les autres sentent que tu n'as pas de plaisir dans le débat d'idées et la passion pour la chose publique, tu ne seras jamais entendu.

    By Anonymous Claude, at 10:41 AM  

  • Tu devrais réfléchir à cette histoire qu'a raconté Helmut Schmidt : Brejnev, durant une journée de négociations, était capable d'écluser 4 ou 5 litres de vodka. Il allait chercher ses plaisirs ailleurs que dans ce qu'il faisait, au fond la politique l'emmerdait. Ne flippe pas, je ne te vois pas en satrape brejnevien, c'est juste pour mettre le doigt sur les limites du dualisme.

    By Anonymous Claude, at 10:58 AM  

  • Claude,

    Qui peut dire de moi que je ne prends pas plaisir au débat d'idée et n'ai pas la passion de la chose publique ? Non seulement j'ai ce plaisir et cette passion, mais j'organise de nombreuses activités pour la transmettre aux autres. Le problème n'est donc pas là où tu crois le voir.

    Quant à ceux que la politique emmerde, type Brejnev, c'est parce qu'ils n'aiment au fond qu'une chose : le pouvoir. Et s'ils pouvaient se dispenser de faire de la politique pour y parvenir, ils s'en satisferaient. Les exemples sont nombreux, sans avoir besoin d'aller chercher si loin. Je ne suis pas comme ça.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:03 PM  

  • Je commente ce que tu dis (ou ne dis pas), pas ce que tu es

    By Anonymous Claude, at 4:17 PM  

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