L'Aisne avec DSK

17 juillet 2010

Génération chamallow.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai écouté cette semaine, dans la matinale de France-Inter, le nouveau patron du PCF, Pierre Laurent. Déception ! Le débit est monotone, le contenu est répétitif, le vocabulaire est très formaté, on ne voit pas les arêtes, on ne sent pas les lignes de fuite. Quand c'est fini, c'est comme si ça n'avait jamais commencé car on ne se souvient de rien. Comment le parti de Maurice Thorez et de Jacques Duclos, des leaders hauts en couleur, des personnages charismatiques, de fins lettrés maniant excellemment le français, a-t-il pu en arriver là, se donner un tel "chef" ?

J'en viendrais presque à regretter Georges Marchais. Avec lui au moins, la direction avait de la gueule, à tous les sens du terme. A l'époque, le parti de la classe ouvrière formait des dirigeants à coup de serpe et de voyage en URSS. Le bagage idéologique était aussi lourd qu'un sac de permissionnaire, mais on ne s'ennuyait pas. Qu'est-ce que je m'emmerde en écoutant Pierre Laurent ... presque autant qu'en écoutant Xavier Bertrand, c'est vous dire !

Le problème de notre temps, c'est qu'il engendre des hommes politiques rabotés, lissés, transparents, une génération chamallow, rose pâle ou blanc terne, molle et sucrée. A tous les niveaux de la politique, du local au national, nous pouvons le constater, nous avons affaire de plus en plus à des bonshommes en pâte à modeler ou des femmes guimauve. C'est la société qui veut ça, l'influence des médias et l'effondrement de l'idéologie. Aujourd'hui, qui pose les problèmes politiques en termes idéologiques ? Très peu. Mélenchon fait partie des exceptions. Pas étonnant que son parti mange la laine sur le dos du PCF, et ça ne pourra que s'aggraver avec l'affable et grisonnant Laurent.

Qui ose appeler un chat un chat ? A Saint-Quentin, je suis sûrement un des rares, peut-être le seul, à mettre en perspective historique et idéologique la vie interne de la gauche locale, en éclairant tel choix politique par l'héritage poperéniste persistant, en rappelant qu'un lambertiste est un lambertiste et que ça mérite au moins réflexion avant de s'allier avec lui. A mes dépens d'ailleurs puisque tout le monde s'en fout, le questionnement idéologique est mal vu, l'important est de bien s'entendre personnellement et pour le reste basta ! Je suis sans doute à côté de la plaque, mais moi aussi je m'en fous, parce que cette plaque-là je l'aime bien, de grandes choses s'y sont inscrites, et croyez-moi ce n'était pas du chamallow.


Bonne soirée.

10 Comments:

  • ah! que c'est dur d'être incompris des cons qui nous entourent; n'est ce pas Narcisse?

    By Anonymous Anonyme, at 8:43 AM  

  • Je repère au moins trois erreurs dans votre bref commentaire :

    1- Mon billet ne porte pas sur la connerie, qui est un phénomène universel et permanent, mais sur l'avachissement du langage contemporain et la désaffection actuelle envers l'idéologie.

    2- Par définition, un con est quelqu'un qui ne comprend pas ou qui fait semblant. Nous n'avons donc pas à nous faire comprendre par lui, ni en tirer un quelconque dépit.

    3- Je ne vois pas le rapport entre la connerie ambiante et le narcissisme.

    Plus généralement, je regrette que votre commentaire situe le problème à un niveau personnel et psychologique, alors que j'ai essayé d'en faire une analyse politique, qu'il ne tient qu'à vous de contester, mais si possible en des termes politiques.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:40 AM  

  • Et nous, on regrette que tu ais essayé une analyse politique et que tu ais échoué.

    Enfin, regret est un bien grand mot.

    L'époque est aux types qui échouent tout le temps et qui veulent faire la leçon.

    By Anonymous Anonyme, at 5:32 PM  

  • Comment s'étonner, avec une pensée aussi primitive que celle consistant à dire "qu'un lambertiste est un lambertiste", que vous soyez seul.
    Effectivement, vous avez raison, tout le monde s'en fout et vous aussi d'ailleurs.
    Mais ce n'est pas ainsi que l'on fait de la politique.

    By Anonymous Anonyme, at 7:34 PM  

  • 1- Que signifie ce "nous" de majesté que vous employez ? Est-ce le signe de votre incapacité à vous exprimer à titre personnel ?

    2- Le problème n'est pas d'échouer mais de savoir pourquoi on échoue. J'ai échoué non pas parce que j'avais tort mais au contraire parce que j'avais raison. La suite l'a amplement démontré et l'avenir le confirmera. Et l'échec personnel est peu de choses en politique : c'est l'échec collectif qui est terrible. De ce point de vue, nous sommes hélas gâtés.

    3- Il faut clarifier votre hésitation sur l'emploi du mot regret. Grand mot ou petit, peu importe. Mais sachez que je regrette autant que vous.

    4- L'époque est aux winners, pas aux loosers.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:40 PM  

  • A 7.34 :

    On fait de la politique en disant ce qu'on croit être la vérité et pas en se réfugiant dans l'hypocrisie ou la manipulation. A moins que vous et moi n'ayons pas la même conception de l'action politique, ce qui n'est pas totalement exclu.

    Ne croyez pas non plus que la désignation du lambertisme soit une attitude "primitive". Combien s'en préoccupe réellement ? Pour ceux qui veulent satisfaire une revanche purement personnelle, toutes les alliances sont bonnes à prendre, lambertistes ou pas.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:44 PM  

  • "A l'époque, le parti de la classe ouvrière formait des dirigeants à coup de serpe et de voyage en URSS. Le bagage idéologique était aussi lourd qu'un sac de permissionnaire, mais on ne s'ennuyait pas. "

    Désolé de vous dire ça mais franchement, dans ce que vous dites, il n'y a que des clichés.
    Dans les années 60/70, si les communistes ont su émerger, ce n'est pas pour rien. Ils avaient un vrai programme, de vraies propositions, qu'ils ont eu tendance à perdre au fil du temps, notamment avec la mondialisation. Et bien au contraire, il y avait une vraie idéologie qui est celle de gauche, le marxisme. Et le PS devrez s'inspirer de cette idéologie et reprendre une partie de l'ex programme du PC d'antan. Cela ferait du bien au PS de revenir à ses fondements qui découlent du PC, qui se compose maintenant d'une ex-partie de la SFIO d'autrefois.
    Après aujourd'hui, il y a aussi l'intervention malsainne du Parti de Gauche qui pose un sérieux problème. Le PC se fait véritablement bouffer par ce parti qui balance des bons moments avec des valeurs à la mode, l'écologie notamment mais qui n'a rien derrière cet écran de fumée. Il est intéressant de se demander aujourd'hui où se trouve le Parti Socialiste dans l'échiquier moderne de la vie politique.

    By Blogger Arthur Nouaillat, at 9:23 PM  

  • Sur le PCF nous sommes d'accord. Sur le PS non. Je crois au contraire que mon parti doit opérer ce qu'il n'a jamais su ou voulu faire : un véritable tournant social-démocrate, comme dans bien d'autres pays. Nous n'allons pas assumer le communisme au moment où sa défaite est historique !

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:45 PM  

  • Et pourtant dans toute l'Europe,
    le PSF passe pour un parti marxiste-léniniste.

    Vous me direz ce que pensent les européens, pour eux,
    Sarkozy est à la limite d'etre socialiste, meme si certains le qualifie aussi de communiste.

    By Anonymous Anonyme, at 8:46 PM  

  • Les socialistes européens marxistes-léninistes, je n'y aurais pas pensé. La droite devient vraiment folle !

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:56 PM  

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