L'Aisne avec DSK

07 juillet 2010

L'affaire et ses réactions.

Bonsoir à toutes et à tous.


Hier soir sur TF1, Eric Woerth a contre-attaqué avec deux arguments qui trahissent une faiblesse :

1- Se poser en victime, faire état de sa souffrance personnelle, plaider de sa bonne foi : ce registre sentimental ou psychologique vise manifestement à toucher l'opinion. Mais je doute qu'il parvienne à la retourner. Placer le problème sur le plan des affects, c'est mal jouer. Que Woerth soit un brave type ou un honnête homme, je suis prêt à en convenir. Mais nous discutons politique, pas état d'âme ou vertu personnelle. En la matière, la sincérité ne pèse pas grand-chose : un salaud peut être d'une grande franchise, ça n'en reste pas moins un salaud. Woerth n'est heureusement pas de cette catégorie, mais sa situation de trésorier de l'UMP et de ministre, aggravée par sa proximité avec l'une des premières fortunes de France accusée d'avoir financé illégalement la campagne présidentielle, posent inévitablement un problème politique.

2- Désigner un complot médiatico-politique rassemblant le PS et certains organes de presse, c'est également une riposte maladroite qui révèle plutôt une faiblesse : l'air de la machination est bien connu, c'est celui qu'on interprète quand les arguments font défaut. Et puis l'accusation est fausse : mediapart n'est pas un site proche du PS, son fondateur Edwy Plenel n'a jamais été très tendre avec Mitterrand et les socialistes. La vérité n'est pas du côté d'une conspiration mais de révélations qui font boule de neige et produisent un emballement médiatique. Le PS n'est pas à l'origine ni à l'initiative de tout ça.

Quand François Baroin, devant l'Assemblée Nationale, accuse les socialistes de faire "le jeu de l'extrême droite", nous retrouvons une rhétorique bien connue et fort usée qui discrédite ses utilisateurs. Le PS, dans cette affaire, ne fait que son devoir et son travail d'opposant : il s'interroge, pose des questions, demande des explications, rappelle certains principes et réclame certaines décisions. Voudrait-on qu'il se taise, qu'il approuve ce qui est en train de se passer sans broncher ? Non, nous ne serions plus en République si la gauche se conduisait ainsi. Notre ligne de critique doit être intransigeante mais respectueuse des personnes et du droit, en l'occurrence de la présomption d'innocence.

Quand Xavier Bertrand dénonce les "méthodes fascistes" de Mediapart, il ne rend pas service à son propre camp, qu'il est pourtant sensé diriger. Comment un tel excès de langage peut-il passer pour sérieux ? Celui qui s'en rend coupable se décrédibilise aux yeux de l'opinion, qui sait parfaitement que les "méthodes fascistes", ce n'est pas exactement ça. Médiapart fait son travail de journalisme indépendant et iconoclaste. Ça ne signifie pas que ce site d'informations ait nécessairement raison ni qu'on doive s'abstenir de le contester. Mais lui reprocher des "méthodes fascistes" non, ce n'est pas tenable.


Bonne soirée.

8 Comments:

  • et alors pourquoi Rocard , Dray etc... demande de ne plus en rajouter ???

    By Anonymous Anonyme, at 7:13 AM  

  • la Presse déficitaire est elle vraiment indépendante ???

    By Anonymous Anonyme, at 8:51 AM  

  • La mode est le plus mauvais des comportements en politique ..et les sondages forment des moutons et pas des électeurs dignes de ce NOM ...

    By Anonymous Anonyme, at 8:53 AM  

  • A 7.13 :

    Parce qu'il n'y a pas besoin d'en rajouter quand les questions ont été posées et que le PS a fait son travail normal d'opposant : c'est l'esprit de mon billet, si vous l'avez lu et compris.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:03 AM  

  • Il semble que mediapart n'a pas recoupé sa source.
    Avez-vous des infos sur cette éventuelle lacune ?

    By Anonymous Anonyme, at 3:03 PM  

  • Non.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:37 PM  

  • La France encore coupée en deux: les pro et les anti awoerthement!

    By Anonymous Bof..., at 6:37 PM  

  • Amusant.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:03 PM  

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