L'Aisne avec DSK

25 juillet 2010

Panique tragique.

Bonjour à toutes et à tous.


Le drame de Duisbourg n'est pas politique mais m'inspire une réflexion politique. Les morts et blessés de la Love Parade ne sont pas les victimes d'une catastrophe naturelle ou technologique mais d'un comportement humain, la réaction paniquée d'une foule trop nombreuse à l'intérieur d'un tunnel. C'est d'autant plus tragique qu'on se dit que si chacun avait gardé son calme et avait tranquillement traversé, il ne se serait rien passé de grave, malgré la densité de population dans un endroit étroit et partiellement clos.

L'attitude d'un groupe humain est souvent terrible et inattendue. J'ai un souvenir personnel : en 1979-1980, étudiant à la fac parisienne de Vincennes, je participais à des manifs, à une époque où les autonomes constituaient la part la plus agressive d'une extrême gauche en déclin. Lors de ces rassemblements qui souvent dégénéraient en violence, il suffisait que quelques personnes seulement se mettent à courir pour que l'inquiétude se répande et que des centaines d'autres fassent de même, sans véritable raison ni objectif.

Voilà où je veux politiquement en venir : il me semble que le phénomène de la panique est constitutif de n'importe quelle agrégation d'individus, même si les conséquences en sont rarement aussi tragiques qu'à Duisbourg, même s'il n'y a pas nécessairement mort d'homme. La panique est déclenchée par trois ressorts :

1- La peur : la masse humaine a peur et fait peur, la foule est oppressante. Les rassemblements sereins et joyeux existent mais sont plutôt minoritaires. Dans tout agglutination d'individus, c'est l'inquiétude et la crainte qui prévalent.

2- L'irrationalité : les comportements d'une foule relèvent souvent de l'absurdité, sinon de la folie. Les capacités de réflexion et d'anticipation qui sont abondamment présentes en chaque individu se dissolvent au contact du groupe.

3- Le mimétisme : dans la collectivité humaine, les personnes perdent leur autonomie de volonté, de jugement et d'action, elles s'alignent les unes sur les autres, se copient aveuglément. Dans un registre plaisant, regardez le phénomène des applaudissements : deux ou trois frappent des mains, tous les autres très vite vont reprendre quasi mécaniquement.

C'est la terrible loi des êtres humains : à quelques notables exceptions nous suivons, nous nous laissons entraîner, pour le meilleur mais aussi hélas pour le pire comme ce samedi à Duisbourg.


Bon dimanche.