L'Aisne avec DSK

24 août 2010

En vrille.

La politique de stigmatisation des Roms décidée par Nicolas Sarkozy est en train de partir en vrille, à l'image du débat sur l'identité nationale lancé il y a six mois par Eric Besson, mais en plus dramatique. Une partie de la droite, le Pape, l'ONU, la presse internationale s'indignent, ce qui est tout à fait inhabituel. L'électorat lui-même n'est pas convaincu, bien persuadé qu'entre l'affaire Woerth-Bettencourt et la réforme des retraites, l'offensive contre les Roms n'est qu'un maladroit et pitoyable contre-feu.

François Fillon, silencieux jusqu'à présent, s'est senti obligé d'organiser aujourd'hui une réunion à Matignon sur le sujet. La fille adoptive de Jacques Chirac, dans France-Soir, compare les Roms à des rats. Jusqu'où va-t-on ainsi aller dans la montée aux extrêmes ? Heureusement, Jean-Pierre Raffarin a tenu des propos sensés en dénonçant la "dérive droitière" de l'UMP (c'est Xavier Bertrand, visiblement débordé par les événements, qui va être content !).

Qu'est-ce qui n'a pas marché dans la stratégie de Sarkozy ? D'abord cette naïveté qui consiste à croire que ce qui a fonctionné une fois, deux fois, trois fois va constamment fonctionner ; non, la politique est plus compliquée, plus incertaine que ça. Les Français ne sont pas dupes : Sarkozy s'est payé de mots, depuis plusieurs années, en matière de sécurité, et les résultats ne sont pas à la hauteur des promesses et des attentes.

Et puis, viser les Roms n'a pas le même impact que dénoncer l'immigration maghrébine. Celle-ci est l'objet d'une xénophobie hélas ancienne et répandue ; ceux-là, malgré une tradition d'hostilité envers les "voleurs de poules", ne suscitent pas une récrimination massive et profonde. Les gitans, romanichels, bohémiens et manouches font aussi partie d'un folklore positif dont tout le monde comprend, hormis des incidents qui ne sont pas l'exclusivité de cette communauté, qu'il ne pose pas de problème majeur en France, d'autant qu'ils sont très minoritaires. Enfin, la mémoire nationale, qui n'est pas aussi oublieuse qu'on le prétend, se souvient que les victimes du génocide nazi ont aussi été les tziganes.

Nicolas Sarkozy, dans cette triste affaire qui ne profitera qu'au Front National, a commis une bien mauvaise action, qui se retourne finalement contre lui. Comme quoi, même en politique, il existe une forme de justice.


Bonne fin d'après-midi.

1 Comments:

  • A voir :

    http://anevert.blogspot.com/2010/08/liberte-de-tony-gatlif-un-film-pour.html

    By Blogger Ane-Vert, at 1:06 PM  

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