L'Aisne avec DSK

17 août 2010

Une offensive idéologique.

Bonjour à toutes et à tous.


La charge d'Estrosi contre les maires a fait réagir jusque dans les rangs de l'UMP. Normal : le maire de Nice, probablement cornaqué par l'ancien maire de Neuilly, venant donner des leçons en matière de sécurité, ça ne peut pas passer auprès d'élus qui n'administrent pas des communes riches et sans problème d'ordre public. Cette nouvelle polémique rappelle ce qu'est le sarkozysme et sa redoutable efficacité idéologique, qui repose sur quatre éléments :

1- L'homme providentiel : les Français aiment bien voir arriver un type qui prétend pouvoir régler leurs difficultés et les sortir de la merde, Napoléon, Boulanger, Pétain, de Gaulle, c'est une détestable tradition nationale, l'idée absolument fausse du recours, du sauveur, du génie solitaire, du grand homme. Du coup, les corps intermédiaires, la société civile sont négligés et même dénoncés.

2- La faute aux élites : Sarkozy, imbu de sa propre performance, conteste tout ce qui n'est pas lui. Magistrature, enseignants-chercheurs, intellectuels, hauts fonctionnaires, collectivités territoriales, aujourd'hui les maires, tous incapables ! Y compris le Premier ministre, réduit au rôle de "collaborateur". Ce rejet des élites de toute sorte produit un effet catastrophique dans l'opinion publique, qui finit par ne plus faire confiance à personne.

3- La stigmatisation de la "racaille" : après la mise en cause de la France d'en haut (les élites), Sarkozy s'en prend à la France d'en bas (les exclus, voir mon billet d'hier). La culpabilisation des minorités privilégiées par l'intelligence et les responsabilités fait chorus avec celle des minorités socialement défavorisées.

4- L'appel au peuple : France qui se lève tôt, simples citoyens, honnêtes gens, braves travailleurs, voilà la fiction que Sarkozy a mis en place pour s'en faire l'avantageux défenseur. On appelle ça plus communément du populisme, qui repose sur ce postulat : le peuple (du moins tel qu'on l'imagine) ne saurait avoir tort et Sarkozy se charge de lui donner raison en lui prêtant les opinions qui sont les siennes. Et le tour est joué.

Ce dispositif idéologique, ne nous y trompons pas, a des effets sur l'électorat : flatter le peuple, dénoncer sa lie, attaquer les élites (sauf celles de l'argent), se présenter comme la seule solution, qui ne s'y laisserait pas prendre, quand on connaît l'histoire de France ? Il faut que la gauche à son tour, loin d'en rester à des ripostes ponctuelles, invente son propre dispositif idéologique. Car la politique sans idéologie, c'est de la bulle de savon.


Bonne journée.