L'Aisne avec DSK

16 août 2010

L'artillerie lourde.

Bonjour à toutes et à tous.


La différence entre la politique et la guerre, c'est que la politique est une guerre qui ne cesse jamais. Sur la sécurité, la droite continue donc à canarder. En vraie stratège, elle a choisi de décharger l'Etat de toute responsabilité et de s'en prendre aux maires. Ainsi plus personne ne pourra reprocher à Sarkozy son mauvais bilan : ce n'est plus de sa faute à lui mais aux autres. Au mépris bien sûr d'un principe de notre République : l'ordre et la sécurité ne sont pas du ressort des collectivités locales mais de l'Etat.

Et pour faire bonne mesure, il fallait s'en prendre aussi à une nouvelle catégorie de la population : après les gens du voyage, les immigrés et les drogués, c'est au tour des pauvres, ces salauds de pauvres qui utilisent l'allocation de rentrée scolaire pour se payer des écrans plasma ! La droite sait ce qu'elle caresse : la partie la plus basse de la nature humaine, toujours prompte à s'attaquer à plus faible que soi et à s'écraser devant les puissants. Eux, en revanche, personne ne viendra leur demander des comptes sur l'argent qu'ils perçoivent.

Sarkozy, en chef de guerre, renoue avec ce qui l'a porté jusqu'à l'Elysée : dénoncer la "racaille" pour rassurer les braves gens, le bon peuple, et s'attirer ses suffrages. C'est une méthode vieille comme la droite, qui jadis s'appuyait sur la paysannerie pour contrer le prolétariat. Aujourd'hui, elle joue les classes populaires et moyennes contre les déclassés, marginaux et exclus, ce que Marx appelait le lumpenproletariat. Rappelons-nous que les premières mesures du président Sarkozy ont porté contre les vagabonds et les prostituées.

L'artillerie lourde vise nommément, pour la première fois depuis le discours de Grenoble, Martine Aubry, accusée de renoncer à la lutte contre l'insécurité en n'installant pas de caméras de vidéo-surveillance dans sa ville de Lille. Son adjoint à la sécurité a rapidement rectifié : Lille dispose de 4 000 caméras, et ce n'est pas à la droite qu'elle les doit puisque que la gauche est à la tête de la municipalité depuis plusieurs décennies. La vérité, c'est que le Parti socialiste n'a jamais été hostile par principe à la vidéo-surveillance, que de nombreuses municipalités socialistes y ont recours, que ce choix est dicté par les situations locales et ne saurait se suffire à lui-même.

Finalement, il n'y a plus dans notre pays que deux hommes qui croient en la lutte des classes : Badiou et Sarkozy, le premier en tant que théoricien, le second comme activiste. Il est temps que le Parti socialiste s'y mette aussi, en regroupant les démunis, les classes populaires et la petite bourgeoisie, contre ceux dont la droite ne nous parle jamais et dont elle est pourtant, et pour cause, le fondé de pouvoir.




Bonne journée.