L'Aisne avec DSK

24 août 2010

Envie, désir et besoin.

Bonjour à toutes et à tous.


Cinq jours coupé du monde, ça fait du bien. Je vous le conseille vivement. Je ne vous cache pas que la première journée a été pénible. Mais c'est comme tout, on s'y fait, et plus vite qu'on ne le croit. Donc me revoilà, au coeur de l'actualité et avec une petite pile de lectures sur ma table. La une de Libération d'hier pourrait me faire plaisir : "Une envie de gauche", assortie d'un sondage prometteur pour le PS. Et bien non, je ne suis pas satisfait, je suis même inquiet. Ne croyez pas que c'est ma retraite de cinq jours qui m'ait rendu grognon.

D'abord, une "envie" est un sentiment passager et superficiel, qu'on ne réalise pas nécessairement. Nous avons tous envie d'un tas de choses qui nous passent par la tête, qu'on ne cherche pas vraiment à avoir et qu'on oublie très vite. En 1981, ce n'est pas une "envie de gauche" qui a porté Mitterrand au pouvoir mais un désir de gauche, profond et ancien, après 25 ans de gouvernement de droite. En 1988, le même Mitterrand n'a pas été réélu par "envie" mais par un besoin de gauche, pour mettre un terme à la politique thatchérienne de Chirac, Balladur et Pasqua.

Ensuite, quand je lis que 55% des Français souhaitent voir la gauche gagner la prochaine présidentielle mais que 57% pensent qu'elle ne ferait pas mieux que la droite, je suis partagé entre le haussement d'épaules ou la franche rigolade. Changer pour changer sans être convaincu du bien fondé de ce changement, c'est idiot et inquiétant. Après ce que l'on sait de la politique Sarkozy, qu'une majorité de Français ne soit pas persuadée des mérites et de la supériorité de la gauche a de quoi préoccuper le socialiste que je suis.

Où est donc le problème ? Dans le projet et le candidat. Notre ligne politique est en cours d'élaboration mais n'est pas encore complètement claire aux yeux des Français. Sur la sécurité, nous avons cet été considérablement évolué, et dans le bon sens, mais il reste beaucoup à faire. C'est ce que souligne ce matin avec raison Julien Dray dans Le Parisien. Le candidat à la présidentielle, nous ne l'avons pas pour l'instant. Le sondage de Libé confirme que DSK est de loin le meilleur pour l'emporter. Mais si la politique consistait à sélectionner les meilleurs, cela se saurait depuis longtemps. Hélas, ce sont les circonstances qui commandent, y compris pour précipiter dans la défaite. Là aussi, wait and see. Finalement, je me demande si je ne vais pas recommencer une retraite de cinq jours en dehors du monde ...


Bonne journée.