L'Aisne avec DSK

15 février 2011

Caviar, pinard et couscous.

Bonjour à toutes et à tous.


Alors, vous prendrez quoi ? Caviar, pinard ou couscous ? Je veux bien sûr revenir aujourd'hui sur les attaques de la droite contre DSK (voir billet d'hier) et la réponse de Jean-Christophe Cambadélis ce matin sur France-Inter. Pour défendre l'ancien maire de Sarcelles et méditerranéen de coeur, il a parlé de "gauche couscous". Camba, que je connais depuis mon passage dans la section parisienne du XIXème (là non plus, on ne peut pas confondre avec le XVIème ou le VIIème arrondissement), a toujours le mot juste et la métaphore vive.

Ces attaques de la droite ne me surprennent pas. C'est la terrible loi de la politique : il faut viser le plus dangereux. Pas de surprises mais une inquiétude : qu'elles aient un impact à gauche, au sein d'une certain gauche. C'est d'ailleurs la stratégie escomptée par la droite : contourner DSK sur sa gauche pour le discréditer aux yeux de son propre camp. Clarifions la situation ; il existe trois gauches dont j'aimerais vous parler :

1- La gauche caviar. C'est un mythe, une invention, une facilité de langage. Grands patrons, haute bourgeoisie, hommes d'affaires, héritiers ou parvenus ne se retrouvent pas à gauche mais massivement à droite. Voilà la vérité. Que des gens aisés, en très petit nombre, rejoignent la gauche, c'est un fait et je m'en réjouis : plus nous serons nombreux, mieux ça vaudra. En 1789, des aristocrates ont rallié le peuple. Mais à aucun moment ce fait nous conduit à soutenir qu'il existe une "gauche caviar", expression contradictoire, ineptie sociologique, absurdité politique, pur fantasme.

2- La gauche pinard. Cambadélis a ses formules, j'ai les miennes. Il a toujours existé, historiquement, une gauche ouvriériste, protestataire, populiste, parfois cocardière, au pire à la limite de l'antisémitisme, aujourd'hui quasiment disparue, mais dont certains thèmes demeurent présents dans l'opinion de gauche : la haine du bourgeois, la volonté de tout faire péter, la hantise d'une "trahison" de son propre camp. C'est cette gauche-là que la droite aimerait voir s'opposer à DSK.

3- La gauche couscous. Celle de Camba, de Strauss et de moi ! Une gauche universaliste, cosmopolite, multiculturelle, qui rêve à l'émancipation de l'humanité plus qu'à la guerre sociale, qui ne prend pas en compte les origines mais qui ne voit que des hommes et des citoyens. Cette gauche rejette la démagogie et l'hypocrisie (c'est pourquoi elle se veut réaliste bien que rêveuse). DSK touche une très forte rémunération, et alors ? Qui propose que le directeur du FMI vive comme un moine ou soit payé comme un prof de philo ? Pas moi et personne. Arrêtons donc ce cinéma ...


Bonne journée,
et couscous au dîner.

7 Comments:

  • il y a surtout une gauche qui refuse l'économie capitaliste et une gauche qui s'accommode de ce systeme en affirmant qu il n y a pas d'alternative.
    il y a une fracture profonde à gauche depuis les années 80.
    Dsk ne va pas proposer la fin de se qui pourrie le monde et qui est purement capitaliste et libéral: la fixation des prix par les marchés et la spéculation.
    le partie socialiste va devoir changer de nom dans les prochaines années, c est devenu un parti social démocrate , son idéologie n'est plus la mise en place du socialisme.
    ce n est pas un question de plats mais de régime.

    By Anonymous Anonyme, at 11:20 PM  

  • Souvenir d'une réunion de section à Guise où un "camarade" avait fait une sortie à connotations franchement raciste sur Malek Boutih et où un de nos grands notables, qui animait le débat avait botté en touche en disant "ah oui il ferait mieux de se taire celui là" (il parlait de Malek).
    C'est sur ce fonds crapoteux que spécule cette droite qui pue de la gueule à qui on pourrait rappeler que quand on donne la légion d'honneur à quelqu'un dont le métier est d'organiser l'évasion fiscale des plus riches on n'a pas tellement de qualifications pour dire qui sont les bons français.Tout cela rappelle furieusement Pétain et on devrait conseiller à ces gens là d'aller relire le préambule de notre constitution où il n'y a pas de bons et de mauvais français.
    Pourquoi pas une plainte au Conseil Constitutionnel d'ailleurs, ça devrait être son boulot de rappeler les fondamentaux dans le débat constitutionnel. Et "caviar", "pinard" et "couscous", c'est d'ailleurs du même tonneau

    By Anonymous Claude, at 11:53 PM  

  • Quand même, le couscous, c'est meilleur !

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:55 PM  

  • J'aime mieux le cassoulet !

    By Anonymous papi2, at 11:02 AM  

  • Va pour un bon couscous bien que dans ce genre je préfère souvent la cuisine marocaine et ses tagines, ou la soupe aux choux quand, la veille, j'ai fait une potée gargantuesque. Tu devrais quand même rayer le mot "pinard" de ton vocabulaire, c'est un mot affreux, ça renvoie à un temps révolu, quand le Languedoc produisait du "gros rouge" qui n'était buvable que coupé avec du vin d'Algérie. Ce mot c'est un blasphème à la civilisation du vin qui réjouit tellement le coeur de l'homme que les moines appelaient souvent "le paradis", le coin de terre où ils cultivaient leurs vignes.
    Ce qui nous manque le plus c'est une gauche rabelaisienne et thélèmite qui sache sonner les choches aux fâcheux.

    By Blogger Ane-Vert, at 1:40 PM  

  • La "gauche caviar" me semble une invention de ceux qui mangent le caviar à la louche et qui reluquent de travers ceux qui prétendent leur en piquer ne serait-ce qu'une petite cuillère. Je parle du vrai caviar parce que, si j'en crois les émissions du genre de celle qui passe ce soir sur FR3, il se vend sous le nom de "caviar" beaucoup d'erzats.
    Dans ton effort, louable car ça nous change des courants, de typologiser la gauche par ses pratiques de table il ne faudrait pas oublier qu'un repas c'est aussi de la convivialité. La question d'avec qui on se régale est aussi importante que celle de ce dont on se régale. Et là parfois on a des surprises. Par exemple ça ne me gêne pas qu'un politique soit un peu "pompette" de temps en temps, mais quand je m'aperçois qu'il trinque jusqu'à plus soif très régulièrement avec ceux qu'il a brocardés pour se faire élire. Comment dire ? Le respect fout le camp.

    By Anonymous Claude, at 7:01 PM  

  • Pour rebondir sur ce que dit l'âne de sonner les cloches aux fâcheux il me semble que l'indignation outragée et surjouée d'Ayrault et de Benoît Hamon n'est pas forcèment très efficace. Se foutre de la gueule des fâcheux de façon moins empesée me semblerait plus pertinent...

    By Anonymous Claude, at 7:12 PM  

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